Mon doux enfer (Kisaki x OC)

Takashi Mitsuya

Les yeux de Mitsuya rencontrent ceux d'Aoi qui soutient son regard pendant un demi seconde avant de rapidement baisser la tête. Elle n'a pas à le regarder, elle n'en a pas le droit, elle ne peut pas. Ou Kisaki la réprimanderait... Encore une fois. Et puis, pourquoi regarder d'autres garçon alors qu'elle a la chance d'avoir son Tetta à ses côtés.

"J'avais raison l'autre jour... Ce Mitsuya fait un gentil sourire à la jeune fille: Tu es bien la copine de Kisaki. 

- L'autre jour ? Kisaki regarde Mitsuya, puis Aoi: Qu'est-ce qu'il y a eu l'autre jour ?"

L'idiot ! L'abruti ! Quel.... Quel.... 

Salopard, tu m'as condamnée.

Quel débile ! Pourquoi il a dit ça, pourquoi ? Et maintenant... Et maintenant Tetta... Qu'est-ce qu'il va dire ? Aoi a été trop loin. Elle a été bien trop loin en laissant ce garçon lui adresser la parole l'autre jour près du canal. Elle aurait dû rester vigilente. Surveiller les alentours et éviter que ça ne se produise. 

Aoi est une fille, alors elle doit toujours être attentive, toujours surveiller, toujours rester aux aguets. Parce qu'en plus d'être une fille, elle est une fille vulgaire et obsène. Tetta a été clair sur ce sujet. Les hommes vont toujours venir chercher après elle. Parce qu'elle a un corps de femme et que c'est sale. Dégoûtant. 

Quelle chance elle a, Aoi, d'être aimée par son Tetta. 

C'est l'autre, celui qui lui cause des problèmes, qui la tire de sa profonde réflexion, la tête basse, le regard fixé sur ses pieds, elle écoute sans prendre part à la conversation. C'est malpoli, de s'imiscer entre deux hommes qui parlent. Ca aussi, c'est son petit ami qui lui a appris. 

Quand je parle, tu te tais Aoi. 

Oui, compris. Elle se tait. Elle se tait tout le temps. Parce qu'à chaque fois qu'elle ouvre la bouche, elle est incapable de dire autre chose que des stupidités. Même s'il ne dit rien... Le regard glacé plein de dégoût de Kisaki quand elle ose seulement ouvrir la bouche... Elle ne veut plus jamais le voir. Alors Aoi se contente d'être là, de faire ce qu'on lui dit et d'être discrète, jolie sans trop l'être et surtout, silencieuse. 

"L'autre jour, je l'ai croisée près du canal et je l'ai saluée. Il me semblait bien que c'était ta copine. Mitsuya se gratte la tête: Et elle s'est enfuie. J'ai pas trop compris. Je lui ai peut être fait peur. 

- Ah oui... Kisaki garde l'air évasif mais Aoi sait."

 Elle sait qu'il est en train de bouillir, d'enrager. Qu'il meure d'envie de se jeter sur elle et de l'étrangler, pour lui apprendre à se laisser approcher. A se laisser draguer. Et la jeune fille sent les larmes lui monter une nouvelle fois, elle est prise d'une douleur insoutenable, parce qu'elle ne peut plus pleurer. Aoi est à court de larmes, elle a tout pleuré terrée au fond de son lit, et tant mieux, parce que si elle se mettait à pleurer en plus de tout ça, Kisaki deviendrait fou. 

Pourquoi tu pleures alors que tout est de ta faute, traînée ?!

Alors c'est en silence qu'Aoi endure la douleur de larmes qui ne viennent pas, et qui ne couleront pas. Sa gorge est en feu, ses yeux la brûlent, son coeur est douloureux. Respirer devient difficile. Et pourtant, rien. Pas de larmes. Comme si elle était vide de toute émotion. Comme si elle voulait pleurer mais que son corps lui refusait le seul luxe qu'elle pouvait encore s'offrir. 

Pourtant... Sur ses joues pâles, Aoi peut les sentir, ces larmes fantomes qui tracent leur chemin sur sa peau, qui la brûlent et la déchirent. Mais elle ne dit rien. Elle se contente de rester là, tête basse, et d'écouter, de toute façon quoi qu'Aoi dise, et elle en est consciente, elle est en tort. Parce que tout ça est de SA faute à ELLE.