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Ma vie est bizarre en ce moment. Je ne sais pas, je me remets en question, je fais des trucs complètement dingues, c'est à dire super courageux ou au contraire d'une lâcheté sans nom, à vous de voir. J'ai soudain retrouvé l'envie d'écrire. Ce qui est très étrange, c'est que je n'ai plus tant envie de me mettre dans la peau des autres, je suis passée en mode « je raconte ma vie ». En réalité, ce texte trouverait plus sa place dans un journal intime. Mais aussi bizarre que ça puisse paraître, je... j'ai envie que le monde le voit. Ou me voit, peut être. Vous pourrez compter les « peut-être » et les « je pense », il risque d'y en avoir beaucoup.

C'est une pleine période de doutes. Je ne sais plus ce que je voulais écrire. Ah si, ça y est : cas rare pour moi, j'écris sans y réfléchir 100 fois, je note tout ce qu'il me passe par la tête, on verra plus tard pour ordonner. Et puis qui saurait ordonner ses pensées ?

D'où me vient cette idée de lâcher absolument tout ce qui me passe par la tête en ce moment ? Et pourtant, je répète à qui veut l'entendre (ou pas) que si quelqu'un pouvait lire dans mes pensées, ce serait la fin du monde. De mon monde plus exactement. Je ne sais plus grand chose à vrai dire. J'entend d'une oreille ma mère discuter (plutôt ragoter) avec ses amies, les pieds dans la piscine encore trop froide pour que je passe au dessus de la flemme de plonger qui me colle à ce fichu canapé. Et je me demande si je veux vraiment de cette vie toute tracée qui me faisait autant rêver qu'elle me terrifiait. Longtemps, et peut être toujours aujourd'hui, j'ai voulu absolument obtenir cette vie bien rangée avec un mari des enfants un chien un boulot passionné et passionnant et une grande maison de campagne avec des pierres « comme ça » - imaginez-vous mes mains qui forment des bosses et des creux dans le vide. Une grande peur, pour moi, était que je n'y arrive jamais, que je ne parvienne pas à me « ranger ». Mais plus le temps passe, plus je fais des folies comme celles dont je vous parlerai tout à l'heure, moins j'ai envie de m'y cantonner. J'aimerais m'inscruster dans la valise de ma mère direction la Californie pour 5 semaines, et dire f*ck au bac. Mais bien sûr que je ne vais pas le faire, vous croyiez quoi ? Je vais finir de lâcher tous mes états d'âme là-dedans et puis rien ne va changer. Ça doit être l'influence de la musique ambiance apéro qui tourne depuis midi.

Je ne sais plus si mon air triste ou pensive est sincère ou forcé - pour qu'on me remarque ? - et si je dois vraiment publier ça alors que, au fond, ma petite life que je vous raconte depuis presque 500 mots n'est vraiment pas digne d'intérêt. Eh, arrêtez ça tout de suite, je vous entend déjà avec votre « mais non, voyons... » et patati et patata. Qui sait, peut être que c'est un énième moyen de me faire remarquer ? Ça me fait penser que j'ai enfin compris pour quoi on disait « énième ». Une histoire de suites...

Je viens de trouver une dosette de ketchup de McDo sous mes fesses. Allez savoir ce qu'elle faisait là, et pourquoi je vous raconte ça. Sûrement pour repousser ce moment où je vais lâcher la bombe qui me stresse encore, qui n'a de bombe que son caractère absolument insolite et inattendu dans ma tête. Vous avez remarqué ? J'écris mieux quand je parle de moi. Quel narcissisme. Je n'ai plus de batterie, et c'est le genre de choses minimes capables de faire retomber tout le soufflet de mon inspiration et qui pourrait pousser ce texte à ne jamais voir le jour... je ne sais pas si c'est vous qui en valez la peine ou bien moi, dans tous les cas je vais prendre une batterie portable. Trop la flemme rien que de penser à devoir me remettre à raconter ma vie et à tenter de trouver le courage de le publier.

J'ai failli me faire avoir et relire tout mon bla-bla. Surtout pas, sotte ! Tu influencerais le cours de tes pensées ! Vous savez quoi, j'ai l'impression qu'inconsciemment, mes doigts tentent de reproduire le style si unique d'Anna Gavalda en tapant à un rythme effréné sur les touches. Vous connaissez Anna Gavalda ? Elle a le talent rare de réussir à rendre intéressantes - passionnantes même - les vies tout ce qu'il y a de plus banales de ses personnages. Je ne sais absolument pas pourquoi j'y suis si sensible. C'en est devenu addictif maintenant. Ses livres sont mes bébés au même titre que mes doudous. Weird vous ne trouvez pas ? Il faut que j'arrête de m'épancher là-dessus, c'est encore moins intéressant que ma vie.

Pour me rattraper, je vais vous raconter les dingueries que j'ai faites dernièrement : déjà, j'ai sauté en parachute. Et bah vous savez quoi ? C'est pas si flippant que ça au final (sauf au moment où il ouvre la porte et que tu te demandes « qui a encore inventé ça que je le frappe » et surtout « mais qu'est-ce que je fous là ?! », bref). La veille, j'ai eu l'intelligence ou la stupidité de faire une deuxième dinguerie, qui m'a tellement stressée que je pense que c'est ce qui a complètement annihilé l'angoisse logique d'un saut en parachute par une confiance tout à fait intrigante. J'ai rédigé un message de ce type sur une note planquée au fin fond de mon téléphone (petite sœur fouineuse oblige), en ajoutant deux ou trois trucs plus perso. Et je l'ai envoyé à mon crush. Je n'aime pas ce mot, il me stresse. Je voulais me libérer de tout ce que j'avais sur le cœur, alternant entre poésie, langage de charretier et fille enamourée mélodramatique. Et le pire, c'est que j'ai eu moins de mal à l'envoyer qu'à ouvrir sa réponse. Il m'a fallu une soirée pyjama... ouep, j'adore les soirées pyjama, même déguisées en soirées révisions (hum, tu te reconnaîtras). Comment diable est-ce que j'ai trouvé le courage ? Absolument aucune idée, désolée, il ne doit pas y avoir de recette miracle... je vais vous mettre un « petit » extrait :

Tu vois, je doute énormément. Je pense que je suis enfermée dans l'image qu'on a de moi, que je me suis donné ou qu'on m'a donné. [...] ma sœur disait « attaque Capucine, allez » à chaque fois qu'on croisait un mec de notre âge. Je levais les yeux au ciel, mais elle n'avait peut être pas tord. Allez ma belle, bouge tes fesses, sors de ton trou. Ouais, elle aimerait bien sortir de son trou, mais il y a toujours cette ptn d'image. Elle aimerait bien être inscrite dans une école de cinéma plutôt que dans une prépa parisienne. Elle aimerait bien sortir en soirée plutôt que de rester scotchée à The Voice en rêvant d'avoir ne serait-ce qu'un dixième du talent de ces gens là. Elle aimerait être à l'autre bout du monde plutôt qu'affalée sur un fauteuil devant sa piscine froide et surtout vide. Et surtout elle aimerait savoir comment exprimer ses émotions autrement que dans sa tête, cachée sous sa couverture à 23h30, ou à travers des métaphores dans des poèmes que personne ne lit. La honte peut-être être, ma pire ennemie.

Ouais, j'étais inspirée. J'ai fait l'équivalent d'un chapitre entier. Il faudrait peut être aussi que je relise sa réponse absolument trop chou (ce n'est pas vraiment le bon mot mais je n'ai pas trouvé mieux) qui m'a tant stressée, mais rien que d'y penser mon cœur s'emballe.

Ma troisième dinguerie se base sur un bout de cet extrait : Elle aimerait bien être inscrite dans une école de cinéma plutôt que dans une prépa parisienne. Peut être que vous vous demandez ce que je fabrique dans mon canapé à écrire ça dans ce cas. Le problème, c'est que je me pose ce genre de questions un peu tard : pour ceux dans le même cas que moi, parcoursup est fermé, pour les autres, on a déjà payé une certaine somme pour mon inscription dans cette prépa privée qui m'empêche de dire merde à mes parents et de proposer ma candidature à une école d'audiovisuel. Ça ne m'a pas empêché de scroller sur le site d'une de ces écoles et de rêver de faire un des stages qu'ils proposent. Oui, bon, ce n'est pas tant une dinguerie puisque concrètement je n'ai rien fait, mais c'est une dinguerie dans ma tête puisque je remets tout en question, et que ça me fait peur.

Je crois qu'est venu le temps de me relire, de me retenir de supprimer des choses, de prier pour que ma sœur ne tombe pas sur ça sinon je vais entendre parler de ce fameux message pendant des mois (je ne saurais dire si c'est vraiment peine perdue ou pas...) et de vous dire que je ferai peut-être plusieurs « épisodes » de racontage de vie. J'aime bien en fait. (Il y a combien de « peut être » et de « je ne sais pas ? »). Je finirai sur ces mêmes mots que j'ai utilisés pour conclure mon message à lui (ah c'est déjà vachement mieux que crush) : il faut bien sauter un jour ou l'autre.

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