Chapitre Douze

2.2K 59 37
                                    

ISAAC

June est assise appuyée contre moi, depuis une bonne heure. Je me sens idiot de lui avoir posé cette question sur sa mère et d'avoir raconté ma vie alors qu'elle ne m'a pas demandé de le faire. Je sors de mes pensées et reporte mon attention sur elle, la fille que j'aime. 

⎯    Tout va bien, je demande.

Elle me regarde avec un petit sourire et répond d'une voix peu rassurée.

⎯    Oui, tout va pour le mieux ne t'inquiète pas.

Si justement je m'inquiète.

⎯    Est-ce que par hasard tu veux aller faire un tour sur la plage ça pourrait te changer les idées. En plus il n'est pas encore vingt trois heures, on a encore du temps devant nous.

⎯    Oui pourquoi pas c'est une bonne idée.

Je me lève et elle fait de même, sauf qu'au moment où je m'apprête à descendre du toit, elle m'arrête.

⎯    Il faut que je te dise. Je ne me suis jamais disputée avec ma mère, ni quoi que ce soit dans ce style. Elle est décédée d'une leucémie il y a deux ans, je débite.

⎯     Je suis vraiment désolé June, j'aurais dû m'en douter. Ça ne doit pas être facile ?

⎯     Elle vivait dans la douleur perpétuelle, et l'hôpital commençait à l'énerver alors oui c'est très dur. Mais sincèrement, elle méritait de ne plus souffrir à cause soit du traitement ou de sa leucémie qui s'aggravait de jour en jour.

Elle essuie une larme en souriant et s'avance vers moi pour descendre à son tour. Je lui tends la main, puis la saisit par les hanches.

⎯     C'est beau, ce que tu viens de dire, je réplique.

⎯    Merci, ça sort droit du cœur dit-elle en plongeant ses iris verts dans les miennes. On devrait y aller, avant qu'il ne soit trop tard. Je ne veux pour rien au monde manquer une balade nocturne sur la plage en compagnie du garçon qui m'observe à travers sa fenêtre.

⎯     Et moi pour rien au monde je manquerai l'opportunité de pouvoir passer du temps avec la fille qui ne sais pas tenir debout sur une planche de surf.

Sur ce, elle sourit, lève les yeux au ciel et descend du toit. Je la rejoins, puis ensemble nous marchons en direction de la plage.

⎯    On fait la course et celui qui perd fini à l'eau ? 

⎯     J'espère que tu rigoles ! On est plus des enfants ! S'exclame-t-elle.

⎯    Dit plutôt que tu as peur de perdre car tu cours pas assez vite.

Elle me tape l'épaule, m'adresse un clin d'œil et commence à courir. J'y crois pas et après c'est moi l'enfant. N'ayant pas le choix, je me lance à sa poursuite. Et bon sang, je n'arrive pas à la rattraper.

⎯     On va voir qui ne court pas vite Jones. Aller rattrape-moi, à moins que tu aies trop peur de perdre, dit-elle en criant.

⎯     Simple question, tu as fait de l'athlétisme au lycée ?

⎯     Affirmatif ! Déclare-t-elle. Pourquoi toi non ? Dommage, tu aurais dû, tu vas devoir accepter de te faire battre par une fille Jones.

Je ne réponds pas à sa provocation et part aussitôt a sa poursuite. Arrivé à bout de souffle je m'arrête mais malheureusement sans avoir réussis à la rattraper.

⎯     Dit moi Isaac, tu as bien dit que celui qui perd la course finie a l'eau ?

⎯     Je te rappelle que tu es parti avant moi. Par conséquent , on doit refaire.

⎯     Alors là dans tes rêves ! Allez à l'eau, assume que tu as perdu Jones, dit-elle d'un air moqueur.

⎯     Très bien, j'y vais.

J'ôte mon tee-shirt, et à ma surprise June ne détourne pas le regard, au contraire, ses yeux verts détaillent avec attention mon torse. Soudain, elle relève les yeux, et je peux facilement voir que ses joues sont devenues rouges.

⎯     Impressionnée par la vue ?

⎯     Je dois reconnaître que le coucher de soleil est magnifique ce soir. Allez file a l'eau où c'est moi qui t'y emmène !

⎯      D'accord c'est bon mais à une condition.

⎯     Laquelle, dis moi je suis tout ouïe ?

⎯     Tu viens avec moi.

⎯     Hors de question, je ne mets pas un pied dans l'eau.

⎯    Comme tu veux cependant, tu ne me laisses donc pas le choix, je t'ai prévenue.

Je m'approche, sourit comme un imbécile face à elle, puis avec des gestes doux je la porte sur mes épaules et cours dans l'eau. Elle se débat et proteste en jurant mais je continue. Dans l'eau je me jette en arrière pour la faire tomber de mes épaules mais celle-ci m'entraîne aussitôt avec elle dans sa chute.

Une fois remonté à la surface, nous sommes collés, ces bras sont enroulés autour de mes épaules, et les miens positionnés sur ses hanches. J'ai une seule envie l'embrasser, j'imagine mes lèvres posées sur les siennes. Cette fille est dangereusement attirante, mais ça me plaît, elle me plaît.

*   *
*

JUNE

Les bras d'Isaac sont placés sur mes hanches comme la fois où j'ai malencontreusement chuté en surf. Nous sommes tellement proches que je sens son souffle chaud sur mon cou. Je dois reconnaître que je ressens quelque chose que je n'ai jamais ressenti auparavant.

Un sentiment de sécurité parcourt l'ensemble de mon corps. Je dois faire face à l'envie irrésistible de poser mes lèvres sur les siennes et de poser mes mains sur son torse.. Merde, ressaisis toi June, tu es en train de tomber amoureuse de lui.

Au fur et à mesure, il se rapproche comme pour m'embrasser, enfin, nos visages sont désormais à moins de deux centimètres mais pour me venger, j'esquive et l'embrasse sur le front.

⎯    Malin, dit-il.

Je me contente de sourire fière de moi.

⎯     Dommage pour toi, tu viens de manquer l'occasion d'embrasser le garçon qui t'observe tel un idiot perché à cette fenêtre depuis le premier jour ici.

Il me regarde, et reprend, fière de lui.

⎯     Cependant estimes-toi heureuse, car dans la vie on a toujours le droit à une seconde chance.

Sur ce je ne réfléchis pas et pose mes lèvres sur les siennes. Je mets mes pensées en mode off, et laisse mon désir de l'embrasser prendre le dessus.

À cet instant, je suis submergée d'un sentiment étrange mais agréable. Autour de nous, le soleil continue de se coucher et disparaît bientôt, laissant derrière lui de magnifiques couleurs orange, rose.

93 Jours Pour Te PardonnerWhere stories live. Discover now