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FAIS MOI CONFIANCE

« Pour gagner il faut accepter de perdre »

— Luis Fernandez

MAËLLE CAMARAParis - février 2022

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MAËLLE CAMARA
Paris - février 2022

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L'arbitre ne siffla pas la faute sur Donnarumma. Karim Benzema frappa le ballon, et dans un magnifique enroulé du pied, il marqua le but qui sonnait le début de la chute des Parisiens.

S'en suivit deux buts supplémentaires de ce formidable joueur français et la scène était jouée.

Le PSG qui avait mené 2-0, jusqu'à la 60e minutes, venait, en seulement 17 minutes, de perdre ces huitièmes de finale. Sorti de la compétition inter-clubs la plus prestigieuse du monde. Par un joueur au talent hors du commun, le numéro 9 du Real Madrid.

Et c'était la fin.

Cet effectif, si fantastique sur le papier, applaudi et acclamé par tous au début de la saison venait de perdre. Après avoir fait l'une des plus mauvaises phases de poule de l'histoire du club.

J'étais assise, les coudes posés sur le bar, un shot de je ne sais quel alcool entre les mains. Je le renversa rapidement dans ma bouche, et en enchaîna un nombre incalculable.

Depuis petite, je supportait cette équipe de la capitale. Ville dans laquelle je suis née et où j'ai grandi. J'avais rêvé la voir remporter un jour la Ligue 1.

Et grâce à l'arrivée des Qataris, le rêve de tout supporters Parisiens s'était réalisé. Et depuis, chaque année, j'ai vu de nouveaux joueurs, toujours plus célèbres signer dans ce club.

Nous avions un rêve.

En 2020, l'équipe est même allée jusqu'en finale de la Ligue des Champions. Le soir où nous avons perdu, j'ai longuement pleuré. Mais ce n'était pas seulement de la tristesse. J'étais fière de cette équipe. Je les avais vu évoluer et monter toujours plus haut.

Le Paris Saint-Germain était maintenant considéré comme un grand club européen. Le nombre de supporters avait augmenté en masse, et c'était pour le mieux.

Malheureusement, ce n'était que la partie visible du club. Toute l'organisation n'était qu'un fiasco. Les dirigeants ne parvenaient pas à se mettre d'accord, et cela se repercutais sur le terrain. Le jour où Tomas Tuchel a démissionné de son post d'entraîneur j'ai compris :

Le PSG ne reportera jamais la Ligue des Champions et ne sera jamais véritablement un grand club européen.

Cette réalité me frappa encore plus fort alors même que le joueur qui m'inspirait le plus de respect au monde signait au club. Lionel Messi avait quitté le FC Barcelone, son club formateur, et club où il avait toujours joué. Alors le Barça allait s'effondrer, mais il n'était pas le seul.

Et la saison était passée. Et nous sommes allés de désillusion en désillusion. Et est arrivé ce jour fatidique qui sonna la fin du club.

L'équipe entière ne comptait plus que sur un seul joueur. Kylian MBappe, qui allait très prochainement signer dans son club de cœur. Club qui fut le bourreau du Paris Saint-Germain.

Je m'enfilais encore un shot lorsqu'une idée totalement lunaire me traversa l'esprit. Ça m'arrivait souvent quand j'étais bourrée. Mais cette fois-ci, c'était différent. J'avais l'intime conviction qu'elle pourrait se réaliser.

Et sans vraiment prendre le temps de réfléchir plus que ça, je déposa un billet sur le bar et sorti ce celui-ci. Je traversa la rue et couru jusqu'à chez moi. J'inserais mes clés dans la porte d'entrée et l'ouvris rapidement.

Je la claqua derrière moi tout en allant chercher mon ordinateur et un bloc notes. Je l'allumais en m'asseyant sur mon canapé.

Je passa jours et nuits à rassembler toutes les informations sur le football que je trouvais.

Je commença par relire l'intégralité des règles de ce sport, jusqu'à les connaître sur le bout des doigts. Je lu ensuite analyses et avis de centaines de spécialistes du monde entier. Décortiquant ce sport jusqu'à ce que plus rien ne m'échappe.

Je passa ensuite aux joueurs. J'étudia les joueurs du club un par un. De leur année de naissance à leurs nombres d'enfants en passant par leurs lieux de formation. Une fois que je les connaissais tous, je visionna l'intégralité de leurs matchs sur les 3 dernières années.

Connaissant maintenant les joueurs de ce club comme si c'était moi qui les avaient créés, je passa aux joueurs de Ligue 1. Descendant dans l'ordre décroissant au classement du tournoi.

Puis je m'attaquais aux plus grands clubs du monde et à leurs joueurs.

J'écrivais tous ce que je trouvais et rassemblait toutes les informations dans ce cahier, qui fut un jour, un cahier vierge de toutes inscriptions.

J'indiquais tous les liens possibles entre les joueurs. Leurs capacités footballistiques, leurs talents. Leurs relations avec leurs coéquipiers actuels, leurs possibles intégration. Et enfin, leurs salaires.

Mes recherches durèrent deux mois. Deux mois durant lesquels je ne sortis presque pas de chez moi. Deux mois durant lesquels, je ne donna pas de nouvelles à mon entourage. Deux mois durant lesquels, je m'étais enfermée dans ma bulle, avec un seul objectif. Créer l'équipe qui ferait gagner la Ligue des Champions au Paris Saint-Germain. À mon club, et au club de milliers de supporters. Et qui ferait respecter ce club aux millions de fans de football à travers le monde.

J'étais résolue quand je ralluma mon téléphone et que je vis que l'OGC Nice n'était plus qu'à 3 points de prendre la première place de la Ligue 1.

Alors cette année, le PSG n'allait rien gagner. Pas même la Ligue 1.

Je relu une dernière fois l'entièreté de mon travail et l'imprima. Je numérota les pages et rangea soigneusement les 56 pages qui constituaient mon projet dans une pochette en carton rouge et la glissa dans mon sac à dos. J'imprima la lettre que j'avais rédigé à l'intention du président du club, que j'avais pris soin de la traduire intégralement en anglais et en arabe. Les trois pages imprimées, je les glissaient dans une enveloppe qui fini elle aussi dans mon sac.

Je sorti de chez moi et marcha tranquillement jusqu'au Parc des Princes, lieu où se trouvaient tous les bureaux, et par conséquent celui de l'émir Nasser al-Khelaïfi, président général du club omnisports Paris Saint-Germain.

J'étais décidée. Si personne n'avait pu réaliser mon rêve, alors j'allais le faire moi même.

Fais moi confianceWhere stories live. Discover now