Chapitre 10

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Milieu de matinée, je descends dans le living et découvre mes parents dans leur petite routine matinale. Une table de petit déjeuner déjà dressée trône au milieu de la pièce, je m'y installe. Je balance mon plus beau bobard pour justifier l'état de mon téléphone. Il est passé, je sauterais presque de joie. Nous sommes ensuite partis pour le faire réparer dans l'heure qui suivait. Je crois que ma discussion de la veille avec Papa l'a mis d'humeur généreuse. Il me sourit tout le temps et n'a pas bronché plus de dix secondes quand j'ai parlé de mon portable : un record. Les vendeurs du magasin ont prix le portable et ont dit qu'il serait réparé pour lundi milieu d'après-midi. Privée de téléphone deux jours : je pense me donner la mort dans les plus brefs délais. Moi qui me cramponne toujours à lui comme à l'affût du moindre message.

Nous arrivons en classe et une dizaine de questions de la part de mes amies me tombent dessus. Un véritable interrogatoire. Pourquoi tu répondais pas aux textos ? Pourquoi tu l'as jeté comme ça, sur le sol ? Comment, toi, tu as pu tenir tout le week-end ?  Une fois le temps que le cours commence passé, je m'installe et me plonge dans le cours, je me concentre pour penser le moins possible à la soirée catastrophique de vendredi. Adam arrive peut après, il a l'air sur les nerfs. Il m'exaspère déjà.

Pas un mot. Pas un de la journée. Je ne sais pas si c'est vraiment mieux comme ça. J'ai tant envie de lui. Envie de ses lèvres, de sa peau, de ses yeux...J'ai cru pouvoir m'en passer mais il s'est immiscé dans mon cœur et y a laissé, en partant, une belle plaie qui aura du mal à cicatriser. Même si l'autoriser à récupéré cette place revient à lui laisser une chance de me détruire à nouveau de l'intérieur, je pense être prête à prendre ce risque. C'est effrayant, mais il faut qu'il revienne. J'ai besoin de lui, même si les conséquences n'en valent peut-être pas le coup. 

J'ai trop de doutes.

Le lendemain (un mardi, pour changer), la cloche sonne la récréation. Je dois lui parler mais je ne parviens pas à tomber sur lui.

Quelqu'un me tape l'épaule. Je me retourne et croise son regard, il a l'air en colère, je ne comprends vraiment plus rien.

— Pourquoi tu m'as ignoré de tout le week-end ? T'aurais au moins pu lire mes messages, j'ai essayé de m'excuser tellement de fois, et toi tu ne ma jamais laissé en placer une !

 — Quoi ? Mais de quoi tu parles ? Moi aussi j'ai le droit d'être en colère, même pendant une semaine si ça me chante ! T'as dis aux autres que tu sortais avec une fille et même tes potes ne savaient pas que c'était moi ! Je savais que je te faisais honte mais, même tes potes, quoi !

— Jamais je n'ai eu honte de toi, enfin ! Je t'ai envoyé des tonnes de messages pour m'excuser de ça et t'as même pas pris la peine de les ouvrir ! Je t'ai appelée et ai laissé des dizaines de messages sur ton répondeur ! Tu n'imagines pas à quel point je regrette ce que j'ai dit !

— C'est parce que mon téléphone est cassé ! Il est en réparation, parce que j'ai ragé et l'ai éclaté par terre. 

Suite à ce que j'ai dit, il s'est aussitôt radouci. La tension est redescendue aussi vite. 

— Je te jure, Maëlle, je m'en veux tellement. Je leur ai dit, à mes potes, quand t'es partie vendredi, que c'était toi la fille de qui je leur parle depuis tout ce temps et que je voulais vraiment que ça marche avec toi et ils se sont foutu de moi. Pas parce que je sortait avec toi, mais parce que j'ai tout gâcher parce que j'ai pas eu les couilles d'assumer que c'est avec toi que je veux être. Je veux être avec toi, parce je t'aime et rien au monde n'as plus de valeur à mes yeux que de te voir sourire. Je veux qu'on recommence à zéro, sincèrement.

— J'ai pas envie qu'on tourne encore en rond. On va faire que se voir de temps en temps après les cours, vite fait. Je veux plus de ça. Je te veux, et pas quinze minutes par jour. Je veux pas qu'on reprenne le même schéma, sinon je vais péter un câble. J'ai envie que ca marche, je suis prête a prendre ce risque mais on ne veut pas les même choses et ça me fait peur.

— Mais maintenant, on est sur la même longueur d'onde, crois-moi. La soirée de vendredi m'a fait prendre conscience de ça.

Il se rapproche un peu plus de moi. Et colle son front au mien en prenant mon visage en coupe, ses yeux comme absorbés par les miens.

Nous sommes au milieux de la cours, à 10h15, pour vous dire le monde qu'il y a. Je remarque qu'il y a ces dizaines de regards stupéfaits posés sur nous et pourtant je ne les sens même pas. Ils peuvent tous nous regarder, qu'est ce que ça change au final ?

Ses yeux dans les miens j'arrive presque a lire dans ses pensées au travers. J'adore l'effet qu'il me fait. Je sens un courant électrique traverser mon corps entier, je frissonne. Il passe ses mains dans ma nuque, et instinctivement je me pétrifie, prise au dépourvu de la situation.

— Qu'est ce que tu fous, Adam ?

— Laisse-moi une chance de te prouver que tu vaux bien plus que cette foutue réputation.

— Ne fais rien que tu ne pourrais regretter.

— Ce que je regrette, c'est de na pas l'avoir fait plus tôt.  

Fin


RANCŒURWhere stories live. Discover now