RANCŒUR

Chapitre 3

Il n'a y pas tant de monde que ça et pourtant l'ambiance est plutôt au rendez-vous. On doit être environ une quinzaine, ceux qui ne dansent pas jouent au Beer Pong ou à d'autres jeux à boire dans le salon.

J'aperçois Adam dans le canapé. Je m'approche mais recule d'un pas aussitôt mes yeux posés sur la petite brune collée à lui. Et le pire là-dedans, c'est que je la trouve vraiment moche, cette meuf. C'est pas du tout hypocrite, elle a autant de charisme qu'un Magicarpe.

Je suis jalouse là ou je rêve ?

Je me sers une bière et bois une grande gorgée. Eden arrive derrière moi et pose sa main sur mon épaule.

— Un affond dehors pour noyer ta jalousie, ça te tente ?

— Faut pas me le dire pas deux fois.

Nous sortons sous le porche et trinquons.

— A la friendzone ? Propose mon amie.

— Oui, à la friendzone et à mon crush en chien sur un Magicarpe.

— Carrément ? Magicarpe ? Et à ta jalousie aussi.

Nos gobelets s'entrechoquent et aussitôt nous commençons à boire. Ma tête tourne un peu, sur le coup : j'aime ça. Et ça sera d'autant plus intense d'ici quelques minutes. Noyer ma jalousie sera le but de cette soirée. On est à sec et sans veste, alors on décide de retourner à l'intérieur. Je m'approche de la porte et cherche après la poignée.

— Putain Eden, t'es trop conne ! Y'a pas de poignée de dehors, on rentre comment maintenant ?

— C'est bon, ça va ! On n'a qu'à sonner, elle me double et appuie sur la sonnette.

Pas de réponse, ni maintenant ni après les trois tentatives suivantes.

—On n'a qu'à passer par derrière, me dit-elle comme si on n'était pas enfermées dehors sous 8°c en tenue de soirée.

— T'aurais pas pu dire ça avant qu'on attende cinq minutes pour rien dans le froid.

— Calme tes nerfs c'est cinq minutes en moins que tu aurais passées à regarder ton crush rouler des pelles à un Magicarpe. Allez viens, c'est par là.

— Comment tu peux être sûre que c'est par là ?

— C'est par là que je suis passée pour me taper Mr. Beaufessier il y a deux jours.

— Attends, quoi ? Mais Lou t'en fait quoi ?

— Je plaisante, Maëlle. Je l'ai vu en passant devant tantôt.

— Tu m'as fait peur, putain.

— Je sais, c'était le but, faut te détendre.

On marche sur les pavés et on arrive dans la pelouse derrière.

Je me fige d'un coup.

J'aime pas ce que je vois.

Mais alors là, pas du tout.

La langue de Magicarpe dans la bouche de Adam.

— J'aurais pas aimé non plus, aller viens on rentre.

Je croise le regard de cette fille. Adam contre le mur et les yeux clos, elle me foudroie de ses yeux marrons. Je la dévisage en retour, avec une irrépressible envie de lui faire mon plus beau doigt d'honneur.

— Connasse, j'entends souffler mon amie.

On arrive de nouveau dans le salon. J'essuie mes joues et le mascara sous mes yeux. Je retrouve le sourire quand je vois Lexie dans le canapé contre un garçon. Mon moral remonte un peu : elle, elle passe une bonne soirée au moins.

Après une partie de Beer Pong avec, Lexie et Cameron, le mec de tout à l'heure, je regarde autour de moi à la recherche de Lou. Aucun signe d'elle depuis qu'on est arrivé il y a près de trois heures.

Je fait alors un tour dans la maison. Je rentre dans la cuisine et surprends Lyam et elle, tous deux sur les nerfs.

— Lyam, t'as pas posté ça, quand même. Ça va la détruire !

— C'est la vérité non ? Il faudra bien qu'il le sache un jour.

— Et leur amitié, t'en fait quoi ? Retire ce Tweet ! Elle va le perdre mais lui aussi, il la perdra !

— Mais quelle amitié ? Il sont juste à côté en classe. Oui, ils parlent un peu mais ils sont pas amis non plus !

— Ne fait pas comme si tu n'avais pas remarqué qu'ils se cassaient ensemble tous les jours après les cours.

Les arguments volent partout dans la pièces et le ton ne cesse de monter. Je prends une grande inspiration et le peu de confiance qu'il me reste.

— C'est bon Lou, t'inquiète pas. Poste ce que tu veux Lyam j'en ai plus rien à foutre.

— Oh non, ton petit cœur est déjà tout brisé depuis que tu l'as vu avec Ruby ! Oh, pauvre chou... Se moque-t-il, ça ne pourrait pas être pire c'est ça ?

— Exactement, alors poste ce que tu veux, j'en ai rien à battre.

— Viens, on va dans le salon, dit Lou en venant vers moi, on va boire un coup.