Chapitre 6

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Vous savez ce que c'est que de se sentir flotter sur un nuage ? J'aime cette impression de planer, de surfer à même le ciel. Je ne dis pas ça parce que Adam a ramené des pétards, non. C'est parce que je me sens bien, très bien même, et en bonne compagnie. 

Ça fait un mois qu'on se voit en cachette. Au début, ça me plaisait bien ce genre de relation. Aujourd'hui, j'aimerais du concret. Un mois, je sais que ce n'est pas énorme, mais c'est la première fois que je me sens aussi attachée à quelqu'un. Par le passé je n'ai jamais eu de vraie attache. Juste des petits flirts, mais cette fois, je veux que ça marche. Je veux qu'on avance, parce qu'on stagne pour le moment. 

— Adam ? 

— Oui ?

— Faut qu'on parle sérieusement. 

— Tu me largues ? 

— Non ! Enfin... On ne peut pas larguer quelqu'un si on sort pas avec, si ? 

— Pour toi on ne sort pas ensemble ? 

— Bah non. On n'a jamais dit qu'on sortait ensemble. 

— Pourtant ça me semblait évident. 

— Pour moi ça l'était pas. On se voit tous les jours c'est vrai, mais toujours en cachette et ça fait un mois. J'ai l'impression que t'as peur de m'assumer devant tes potes. 

— Maëlle, c'est pas ça...

— Parce que Ruby tu l'assumais au moins. Pour toi et moi, au début, tu préférais même faire comme si tu savais pas ce que je ressentais pour toi, pour ne pas avoir besoin de faire quoi que ce soit. Ca passait mieux devant les potes de pouvoir ne rien dire parce qu'on était discret, et si ça se savait c'était plus facile de dire que j'étais juste une pote. 

— Tu sais très bien que c'est pas le cas. 

— Regarde-moi dans les yeux, et dis moi que tout ce que je viens de dire est faux, qu'il n'y a pas la moindre part de vérité là-dedans. 

Il s'approche de moi, je lis le doute qui s'exprime d'une telle flagrance dans ses yeux. 

— Tout ce que tu as dit est faux. 

— Il s'agirait d'être convaincant, Adam. 

Je tourne les talons et m'en vais. Le prochain bus est dans cinq minutes et je compte bien le prendre. Je passerais chez Eden avant de rentrer chez moi, la couleur rougeâtre de mes yeux et les larmes sur mes joues trahiraient vite ce que j'ai fumé auprès de mes parents. 

J'arrive enfin chez elle, je sonne à la porte et c'est la gouvernante qui m'ouvre. 

— Bonjour Maëlle, entre je t'en prie, les filles sont au salon du deuxième.  

Les filles ? Qui d'autre est là ? 

— Merci Olga, passez un bonne journée.

Une fois arrivée dans le salon je tombe nez-à-nez avec Janna. Une fille de notre classe, je ne la connais pas très bien. Il me semble qu'elle est en binôme avec Eden pour un travail en biologie. Eden m'aperçoit et me fait de grands yeux. 

— Maëlle ? Qu'est ce que tu viens faire ici ? Elle se met soudainement à rire, putain t'es défoncée toi, qu'est ce que t'as fumé pour avoir des yeux pareils ?

— T'avais raison. 

— Comment ça ? Que la drogue c'est chouette ? 

— Je t'avais dit que Adam m'avait foutu un râteau l'autre fois. 

— Oui et...

— C'était pas vrai, on s'est vu en cachette depuis et là on vient de se disputer parce qu'il veux pas m'assumer officiellement. 

— AH ! Je le savais ! 

— Super l'amitié.

— Non, excuse moi, Maëlle. Je suis désolée c'est sortit tout seul. Mais il reviendra en rampant, faut pas t'en faire. Est-ce que tu as eu le dernier mots dans la dispute ? 

— Euh... oui. 

— Est-ce que tu l'as laissé en placer une ? 

— Pas vraiment.

— Est ce qu'il niait les reproches que tu lui faisais ? 

— Oui, mais il n'était pas très sûr de lui. 

— Alors il reviendra en rampant, CQFD.

Plutôt septique de l'excès de certitude de Eden, je me tourne vers son binôme.

— Janna, t'en pense quoi, toi ? 

— Quand tu parles de Adam, tu parles du Adam de notre classe ? 

— Oui, pourquoi ? 

— Je croyais qu'il, sortait avec Ruby Berto. 

— Tu vois Eden, je le savais ! Il se fout de ma gueule. 

— Mais, Janna, il ne sort pas avec Ruby. Ils se sont juste pécho à la soirée chez Lyam, logique que tout le monde pense ça. Faut pas t'en faire, Maëlle.

— Et tout le monde me vois comme celle qui s'est pris un râteau monumentale dès le mois de septembre. C'est super.

— Mais non, m'assure Eden, personne ne te voit comme ça.

— Si, si tout le monde, ajoute Janna, vraiment tout le monde pense ça. Maëlle, faut juste que vous parliez, tous les deux.

— Janna à raison, me dit Eden pour me rassurer, il faut commuNIQUER et SEXpliquer. 

Eden me fera toujours rire, je sèche mes larmes tout en riant au éclats. Elle, elle sait comment me consoler. Janna aussi à laissé un rire s'échappé de sa bouche. Eden n'a pas tord, mais, là, tout de suite, je ne suis pas prête à lui adresser la parole avant un bon moment. S'il tente de venir s'expliquer, je l'écouterais peut–être, s'il m'ignore, qu'il n'aille pas s'imaginer que je ferais le premier pas. Il me connait quand même un peu, il sait que je n'ai pas ce courage. 

RANCŒUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant