Chapitre 7: Retrouvailles

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Dimanche 21 décembre: Pas de grasse mat' pour cette fois ! En effet, je devais me lever tôt pour attendre Manon à l'aéroport. Donc pas de grasse matinée pour mon frère non-plus, puisqu'il devait m'emmener et nous déposer chez elle. Ça ne l'enchantait pas vraiment. Il avait déjà dû faire le chauffeur la veille. Nous avons passé notre samedi chez notre mère.
Elle vivait à une centaine de kilomètres, de chez nous, ce qui faisait que l'on ne pouvait pas la voir très souvent. Au début ça avait été très difficile pour moi à accepter. Mais à la longue j'avais fini par m'y faire. Ma mère, comme mon père, n'a pas refait sa vie avec quelqu'un d'autre. Mais je pense que cela ne saurait trop tarder pour elle. Belle et jeune comme elle était, elle méritait de retrouver quelqu'un - et de bien cette fois !
J'étais fatiguée ce matin. La veille, nous étions rentrés plutôt tard avec mon frère de chez ma mère. J'aimais beaucoup passer du temps avec elle, tout comme mon frère. Notre mère a toujours été notre pilier. Depuis son départ, c'est là que nous avons commencé à perdre tout repère. Avant ça, elle ne nous laissait pas traîner n'importe où, elle regardait nos fréquentations. Ce qui n'a jamais été le cas de notre père. Nous devions donc maintenant assurer nous même nos propres limites.

8h13: "Debout ! On va arriver en retard !" criai-je à mon frère. Il dormait encore alors que nous devions être sortis pour huit heures trente. Ce garçon est vraiment impossible décidément.
- Mmmh, ronchonna-t-il.
- Allez, elle va nous attendre sinon, et ça ne se fait pas ! lui dis-je.
- Ses parents ne peuvent pas venir eux-mêmes ? marmonna-t-il.
- Non, allez, elle compte sur toi !
En effet, Manon ne vivait pas chez ses parents. Ayant un an de plus que moi, elle était à la Fac et avait son propre appartement près du campus. Ses parents n'habitaient pas très loin, mais suffisamment pour qu'elle soit obligée de vivre seule. Je la voyais surtout les dimanches, soit chez elle, soit chez moi, ou soit dans un parc qu'on aimait beaucoup fréquenter.

8h56: Nous étions à l'aéroport. Il a presque fallu que je traine mon frère par les pieds pour qu'il se lève. Mais heureusement il a fait vite et nous avons pu arriver avant neuf heures - heure de son arrivée. J'étais impatiente de la retrouver. J'avais tellement de choses à lui raconter, et elle aussi j'imagine. Deux semaines à Londres, ça a du être riche en rebondissements ! Je sautillais de partout, sous les yeux fatigués de mon frère.
- Tu t'es droguée ce matin ou bien... ? me demanda-t-il excédé.
- Absolument pas, je suis autant fatiguée que toi !
- On dirait pas, soupira-t-il.
Je n'arrêtais pas de parler pour ne rien dire, jusqu'à ce qu'il m'interrompit:
- Regarde là-bas, ce n'est pas elle ?
C'était bien elle. Aussitôt vue, je courus à toute vitesse la rejoindre. Elle me tendit les deux bras comme à un enfant et je lui sautai au cou. Manon était une belle blonde, un peu plus grande de taille que moi. Elle était tout aussi fine et elle avait un sourire qui l'empêchait toujours de garder son sérieux. Elle déconnait tout le temps. Nous étions pratiquement pareilles en termes de caractère, à l'exception qu'elle était un peu plus mature et raisonnable que moi.
J'étais tellement heureuse de la retrouver ! Elle m'avait tellement manquée. Je ne la lâchai plus.
- Mymou d'amour tu m'avais manquée ! me dit-elle à l'oreille.
- Toi aussi ma chérie, lui répondis-je émue.
Notre instant retrouvailles-de-meilleures-amies fut malheureusement interrompu par Kevin.
- Hey Manon, tu as fait bon voyage ? demanda-t-il.
- Oui, aucun problème ! lui répondit-elle en lui faisant la bise. Merci de t'être dérangé pour moi.
- T'inquiète, tu veux rentrer directement ou tu veux te prendre un café ou autre ? lui demanda-t-il.
- Rien, je rentre directement, Emmy tu restes avec moi hein ?
- Bien sûr, voyons ! lui dis-je tout sourire.
Ainsi nous quittâmes l'aéroport pour aller en direction de chez Manon.

11h07: J'étais rayonnante. Il faisait beau, c'était le début des vacances et j'étais avec ma meilleure amie, bref c'était parfait. Kevin nous avait laissées seules et comptait venir me chercher en fin de journée. J'étais chez elle, dans son studio. Il était trop mignon, très bien décoré. Elle adorait tout personnaliser, elle était très créative. Son studio était un vrai "cocon" de fille. J'aimais bien y être. Elle avait pris le temps de me raconter son voyage dans l'ensemble.
- Alors tu n'as pas trop souffert de mon absence ? dit-elle en riant.
- Si, j'en avais marre au bout d'un moment je te jure. J'avais trop hâte que tu reviennes ! avouai-je.
- Moi aussi j'aurais tellement aimé que tu sois avec moi à Londres. Tu aurais adoré !
- Ça c'est sur. Deux semaines en plus, ça devait être le pied total, lui répondis-je émerveillée.
- Franchement oui c'était pas mal dans l'ensemble, surtout les soirées entre étudiants, t'aurais du voir, ajouta-t-elle.
- Ouais d'après ce que tu viens de me dire, ça devait être du lourd !
- A fond ! s'exclama-t-elle. D'ailleurs, toi aussi il me semble que tu devais aller à une "grosse soirée" je sais plus quand ?
- Oui, répondis-je en riant. J'y ai été.
- Alors ? C'était bien ?
- Comment dire ? répondis-je en riant. C'était énorme ! Il y avait énormément de monde, je connaissais très peu de gens, mais je me suis bien défoncée quand même...
- Ça ne m'étonne pas de toi, dit-elle en riant.
- Et du coup ce soir là j'ai fait la connaissance d'un ami de la classe de Jeff.
- Ah oui ? Comment il s'appelle ? Il est craquant ? s'écria-t-elle en agitant les sourcils.
- Ahah, il s'appelle Loïc, et oui plus ou moins.
- Plus ou moins ? continua-t-elle toujours en agitant les sourcils.
- Bon ok, il est super mignon ! déclarai-je en riant.
- Je le savais ! Et vous avez fait quoi ?
- Bah... Rien ! A vrai dire ce soir là on ne s'est parlé que cinq minutes parce que j'étais bourrée. Après quoi je lui ai donné mon numéro.
- Outch, j'espère que tu ne lui as pas dit des conneries ma belle, dit-elle en riant.
- Je ne pense pas, parce que depuis cette soirée il a l'air de m'apprécier beaucoup ! confiai-je en agitant mes sourcils à mon tour.
- Ah ! Ça c'est une bonne nouvelle ! s'exclama-t-elle en m'ébouriffant les cheveux. Tu n'as pas une photo de lui que je le voie ?

Je lui montrai donc les quelques photos de lui que je trouvai sur Facebook. Sa photo de couverture où figurait Déborah ne lui échappa pas.
- C'est qui celle-là ? me demanda-t-elle.
- Une amie proche de lui, elle est dans sa classe.
- Ah d'accord, me dit-elle.
- Et quand je te dis proche, c'est genre limite couple quoi, précisai-je avec dépit.
- Et tu es jalouse ? me demanda-t-elle en me souriant.
- Non, mentis-je. Comment je pourrais être jalouse alors que ce gars je le connais depuis une semaine à peine ?
- C'est possible ma chérie, surtout s'il te plait.
- Oui mais c'est amical de toute façon. On a les mêmes délires et le même humour mais c'est tout, lui assurai-je.
Bon, j'avoue que j'étais un peu jalouse. Un tout petit peu. Mais il n'y avait vraiment pas de quoi. Je devais me tenir le mieux possible à ce que je m'étais dite: pas d'attache. D'autant que je le connaissais encore peu.
Nous continuâmes à discuter de cette soirée et même des jours qui ont suivi pour moi. Ça m'avait fait du bien de pouvoir lui raconter tout ça car j'en mourais d'envie.

16h31: Je rentrai chez moi. Je devais laisser Manon se reposer un peu, donc je ne partis pas trop tard. Nous avons passé le reste de la journée chez elle, devant un film, tout en mangeant de la bonne bouffe chinoise.
J'étais bien heureuse d'avoir passé ces moments tant attendus avec elle. De plus, elle m'avait apporté quelques petits souvenirs de son séjour, dont un t-shirt sublime venant de chez Dorothy Perkins. Je l'aimais tellement ma petite Manon !

20h41: Je m'étais assoupie. Ou plutôt endormie deux heures, oui. J'étais complètement perdue. J'avais l'impression d'avoir dormi dix minutes alors que non. Ce sommeil ne m'a pas du tout été réparateur tout simplement parce que j'avais l'impression que je venais de me réveiller d'une anesthésie. C'était horrible. Cela étant, je pris une bonne douche pour me rafraîchir - au péril de ma nuit. Je savais que je n'allais pas retrouver mon sommeil de sitôt.
En sortant de la douche je vis que Loïc m'avait envoyé un message: "Coucou, demain tu es libre ? Je vais acheter un cadeau de Noël pour ma mère et j'aimerais bien que tu m'aides..."

Amour InsouciantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant