Chapitre 6: Un souffle de détente

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Vendredi 19 décembre: Me voilà au terme de cette dernière semaine de cours. Je me préparais psychologiquement à toutes les fois où j'allais entendre "à l'année prochaine" suivi d'un clin d'œil visible même depuis Jupiter. Non non, je n'avais pas perdu mon humour, je n'étais juste pas fervente des blagues redondantes.
En bref j'étais quand même vraiment heureuse d'être vendredi. C'est le meilleur jour de la semaine si l'on ne compte pas le week-end. Et je savais qu'elle s'annonçait plutôt bien car qui dit "veille des vacances de Noël" dit "goûters en classe", "petits-jeux" et autres. En gros ça ne serait pas une journée difficile.

12h16: J'avais vu juste. Notre matinée a été digne de celle d'une école maternelle.
- Ah, qu'est ce que ça me manque la maternelle ! confiai-je à Jeff dans l'élan. Nous étions dans le bus pour rentrer chez nous entre midi-et-deux. Nous habitions suffisamment près du lycée pour avoir le temps de rentrer chez nous. Et pour ça, je m'estimais vraiment heureuse.
- Et moi-donc, me répondit-il en levant les sourcils.
- Mais ça va, ce matin on a fait que des jeux donc je ne me plains pas, poursuivis-je.
- Ah bah tranquille vous. Nous non, on a encore bossé.
- Voilà pourquoi je n'ai pas fait ES, lui dis-je en riant.
- Pourtant en S ce n'est pas non plus du gâteau il me semble.
- Oui c'est sûr, c'est pour ça que nos profs nous laissent souffler des fois !
- Avec ma classe on a décidé de souffler après les cours, nous. On va aller se poser quelque part, dit-il.
- Toute ta classe, genre à trente ? lui demandai-je perplexe.
- Non pas tout le monde, t'imagines on déboule à trente dans un bar toi ? me répondit-il en riant.
- Ouais j'avoue, ce serait drôle n'empêche. Vous y allez quand ?
- À 18 heures. Et là, question tant attendue: veux-tu te joindre à nous ? s'écria-t-il avec un sourire de côté.
Il me connais bien, il sait très bien que je ne manque aucune occasion de me détendre. C'est avec joie que je lui répondis:
- Oui même si je ne finis pas à 18 heures, je pourrai essayer de vous rejoindre quelque part.

16h59: L'après-midi fut beaucoup moins agréable que le matin... Non mais sérieusement, j'ai eu l'impression qu'une minute de cours durait cinq minutes en vrai. Le temps m'a paru tellement long. Ça en devenait suicidaire. Sans compter le dernier cours: mathématiques. J'avais une vielle prof, qui n'aimait pas rire, et qui ne savait pas se servir de nos calculatrices car, je cite: "ce n'est pas comme à mon époque, nous on travaillait davantage nos neurones !". Elle devait alors vraiment tirer du génie celle-là pour savoir calculer les fonctions exponentielles de tête !
Je reçus un message de Jeff me donnant l'endroit où les rejoindre ainsi que l'heure. J'avais le temps de rentrer chez moi donc je n'attendis pas plus longtemps pour le faire.

18h26: Jeff et une petite partie de sa classe étaient sur une terrasse. Je les rejoignis donc sans plus attendre. Je les connaissais pratiquement tous: Jeff, Loïc, Sandra, Martin, Laurent, Déborah, et d'autres dont je ne vous ai sûrement pas parlé. Malgré la tombée de la nuit, le ciel était très clair, il faisait même plutôt doux, donc ça n'était pas désagréable de rester dehors.
- Viens là, je t'ai gardé une place à côté de moi, me dit Jeff.
Je m'installai donc, bien heureuse d'être à côté de lui. Et bien sur, simple coup du hasard ou non, je fus alors aussi à côté de Loïc - ce qui me déplut encore moins je l'avoue.
Nous prîmes tous une boisson, certains avec alcool, d'autres non. Pour ma part, je pense que l'on pouvait facilement deviner ce que j'avais pris - toujours fidèle à une petite bière.
- Tu ne bois jamais d'alcool ? demandai-je à Loïc, voyant qu'il avait opté pour du... Perrier.
- Si, je bois d'habitude, mais j'ai arrêté depuis quelques temps, me dit-il.
- Pourquoi ? Tu es alcoolique ? rétorquai-je en riant.
- Non non, mais j'ai promis à mes parents donc... Je fais des efforts parce que je suis un gentil garçon ! répondit-il en échangeant un regard complice avec Déborah.
Je voyais très bien le genre. Il avait dû faire pleins de conneries avec l'alcool. Et même avec cette Déborah je pense. De ce fait, il essayait de se limiter quelques temps sachant qu'il recommencerait sous peu.
- Tu devrais essayer, poursuivit-il avec un sourire narquois.
- Non merci, je suis très bien avec ma bière ! lui répondis-je avec assurance. Toi je ne te donne même pas une semaine avant que tu recommences.
- Ou pas, ça fait plus d'un mois qu'il n'a pas bu, m'assura Déborah en lui prenant sa main.
- Et ? lui demandai-je avait un air de défi. Un mois ou une semaine, il y a bien un début à tout recommencement.
- Ne me tente pas, dit Loïc en riant de plus en plus.
- Ouais ne le tente pas, répéta Déborah en riant nerveusement.
Ce que cette Déborah ne savait pas, c'est que plus elle essayait de me dissuader de le tenter, plus j'en aurais envie. J'avais l'impression que c'était sa mère, à le materner comme s'il était son petit-garçon. On voyait bien ce qu'elle voulait explicitement me faire comprendre: PAS-TOUCHE.

Amour InsouciantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant