Tant que tu es avec moi

Chapitre VIII - Prisonniers d'un tentacule

— Un concert ? répéta Inès avec incompréhension. Pourquoi, tu joues d'un instrument de musique ?

— Elle ne te l'a pas dit ? s'étonna Lolli. C'est pourtant l'élément central de sa personnalité ! Lisa est une grande artiste, elle sait jouer du piano, de la guitare, et elle chante super bien ! Sans compter que c'est une compositrice hors pair.

— Arrête, Lolli, dit Lisa en rougissant. Je ne suis pas si douée que ça...

— Bien sûr que si, tu es très...

Lolli s'interrompit, se souvenant soudain des mots de Bastian : « tu peux lui dire que je trouve qu'elle est très douée ». Il avait dû parler de ça ! Il avait sans doute surpris Lisa en train de chanter quelque part, ce qui expliquait qu'elle ait pris peur et qu'elle le fuie à présent.

— Lolli ? dit Inès en passant sa main devant ses yeux. Ça va ? Tu t'es arrêtée au milieu de ta phrase.

— C'est plutôt une bonne chose qu'elle se taise, tu ne devrais pas essayer de la réveiller, dit Kobbey d'un ton moqueur.

Cela suffit à ramener Lolli à la réalité, qui lui jeta de nouveau un regard noir. Elle allait se faire mal aux yeux à force de faire ça en permanence avec lui !

— J'étais en train de dire que tu étais très douée, Lisa, et je vais vous le prouver, dit Lolli en se penchant pour attraper le sac de sa sœur. Il suffit de regarder ton carnet à chansons...

— N'y touche pas ! protesta sa sœur en la voyant le sortir de son sac. Arrête Lolli, c'est personnel !

— Mais tu me les montres toujours, alors pourquoi pas à eux ? dit Lolli en se mettant à feuilleter les pages. Tenez, regardez celle-là, elle est géniale !

Elle tendit le carnet à Kobbey et Inès, assis en face d'elles. L'elfe de maison l'attrapa et le referma avec un claquement sec, ne regardant même pas ce qu'il y avait à l'intérieur. Déconcertée, Lolli le vit le rendre à Lisa sans dire un mot.

— Merci, dit celle-ci d'une petite voix en remettant son carnet dans son sac.

— Qu'est-ce qui te prend ? demanda Lolli à Kobbey. Tu ne veux pas voir les chansons de ma sœur ?

— Elle ne souhaite pas nous les montrer, dit-il d'un ton sec. Tu devrais respecter ses choix, même si tu ne les comprends pas !

Lolli resta silencieuse, ne sachant pas quoi répondre à cela. Elle jeta alors un coup d'œil à sa sœur et se rendit compte qu'elle regardait l'elfe de maison avec une profonde reconnaissance. Lolli se sentit donc envahie par un sentiment de culpabilité : elle avait mis sa sœur mal à l'aise en ne respectant pas son intimité. Kobbey l'avait compris, mais pas elle. Combien de fois ce genre de situation était arrivé sans que Lolli le remarque ? Combien de choses Lisa lui avait pardonnées sans que Lolli se rende compte qu'elle l'avait blessée ?

— Je suis désolée, dit-elle en baissant les yeux d'un air coupable. Kobbey a raison, je me suis mal comportée. Je te demande pardon, Lisa.

— Ce n'est rien, balbutia sa sœur d'un air gêné. N'en parlons plus, d'accord ?

Ils finirent de manger en silence, jusqu'à ce qu'Inès leur demande ce qu'ils comptaient faire durant l'après-midi puisqu'ils n'avaient pas cours. Comme Kobbey comptait travailler, Lisa et Inès proposèrent qu'ils aillent ensemble à la bibliothèque pour s'entraider dans leurs devoirs. Même s'il préférait généralement travailler seul, l'elfe de maison accepta, espérant sans doute que Lolli l'embêterait moins si les deux autres filles étaient présentes.

Pour Lisa, l'après-midi se déroula mieux qu'elle l'avait espéré. Elle aimait beaucoup travailler avec Kobbey et Inès, même s'ils étaient très différents l'un de l'autre. L'elfe était perfectionniste, solitaire et grognon, tandis que la Serpentard était maladroite, lente, mais pleine de bonne volonté. Finalement, Lisa avait l'impression de bien trouver sa place entre eux : elle parvenait à aider Inès à réparer ses maladresses tout en avançant assez efficacement aux yeux de Kobbey. Et à côté d'eux, il y avait Lolli, qui ne touchait à ses devoirs qu'au dernier moment. Lisa avait entendu dire qu'elle avait eu une punition pour ne pas en avoir fait certains en Métamorphoses, mais sa sœur ne semblait pas y accorder beaucoup d'importance. Elle paraissait chercher tous les prétextes possibles pour ne pas faire ses devoirs, même si elle aurait pu les finir en un clin d'œil avec un peu de motivation.