Chapitre 49

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Ambre prit une profonde inspiration, fixant la porte blanche ornementée d'or

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Ambre prit une profonde inspiration, fixant la porte blanche ornementée d'or.
Le cœur battant, elle jeta un regard à son ventre, le corset cachait la petite bosse qu'elle avait découverte ce matin.

Elle avait regardé ce reflet avec dépit, soufflant, et s'était entrepris de serrer son corset suffisamment pour la cacher.
C'était discret, très discret, personne ne l'aurait vu sauf elle, quoiqu'il arrive.

Elle avait décidé de rencontrer la Reine, de lui parler officiellement. C'était il y a deux jours que cette décision avait été prise.
Elle n'était quasiment pas sortie de son appartement, d'abord parce qu'elle ne dormait plus les nuits. Ces nuits blanches avaient deux raisons très précises : d'abord parce que la chambre de Louis était accolée à la sienne et que lui se comportait comme un vampire dont le sommeil était un besoin inconnu. Mais aussi parce que dès qu'elle était dans son lit et qu'elle tentait de fermer les yeux, son cerveau était inondé de questions, de doutes et d'angoisse.
Quelle genre de mère allait-elle devenir ? C'était la question qui primait. La plus horrible si elle abandonnait délibérément son enfant pour retourner dans son siècle. Mais elle estimait aussi mal l'idée que son enfant naisse dans un siècle pareil. Et puis, et si c'était une fille ?
Et si la Révolution la tuait, pour son statut de noble ? Elle aura lieu dans plus d'un siècle, mais elle avait déjà personnellement expérimentée que les rebellions devenaient trop nombreuses.

Un jour, alors que Louis dormait, enlacé à elle comme un arapède sur un rocher, elle remarqua qu'il n'y avait aucune bague sur sa main.
Surprise, elle remarqua que désormais, à chaque fois qu'il était sûr d'être en privé, il enlevait au moins son alliance. Et parfois, c'est par l'absence de quelque chose d'un élément que l'on remarque sa présence.
Louis était marié, et Ambre avait tendance à l'oublier.

Et c'est là qu'elle avait dérivé toutes ces insomnies sur un autre sujet : Mais quel genre de personne était-elle pour voler un mari ?
Mariage arrangé ou pas, elle contribuait à faire de lambeaux de la réputation fragile de la Reine.
Et elle faisait sûrement subir le même sort à son cœur, si le Roi n'a jamais aimé sa femme, sa femme l'a aimé et peut-être l'aime-t-elle toujours.

Qu'attendait-elle de cet entretien ? Elle ne le savait pas elle-même, elle n'aurait jamais son approbation. Mais peut-être que la voir lui permettrait d'avoir des indications sur la manière dont elle allait pouvoir gérer sa vie. Du moins, c'est une utopie qu'elle espérait.

Après une nouvelle inspiration, elle jeta un regard entendu aux gardes qui ouvrirent.
L'appartement de Marie-Therese était au décorations espagnoles aux couleurs rouges et noir ornées de dorée.
Elle constata d'ailleurs que tout avait l'air de ce même pays, sur une table basse était disposée un pichet d'argent aux odeurs fumantes de chocolat chaud.

La Reine était dos à elle, cousant avec énergie.

« Vous êtes en retard. »
D'une voix froide, ses mots étaient coupants, brutal.

« Vôtre majesté, je m'excuse. »

La Reine se tourna, Ambre vit en face d'elle une femme d'une trentaine d'année, aux traits fatigués dissimulés sous une couche de maquillage blanc. Un air pincé s'affichait sur son visage, tout laissait présager une dispute.
Son ventre était proéminent, signe d'une grosses avancée, elle accoucherait dans moins d'une semaine.

« Quelle est la raison de votre venue ? Mon cher mari a t-il décidé de faire de vous ma demoiselle de compagnie ? »

Ambre avait honte. C'est ainsi que Louis procédait habituellement avec ses maîtresses une fois qu'elles lui avaient tapées dans l'œil. Madame de Montespan était jusque peu sa demoiselle de compagnie.
Son ton bien qu'énervé restait calme, la Reine ne regardait même pas directement Ambre, les yeux fixés sur sa broderie.
Ambre reconnut instantanément son accent espagnole qui écorchait le français de ses mots. C'était une de plus grande raison de son exclusion à la cour, son manque d'éducation.

« Je voulais seulement...vous parler. »

Pas de réponse.

« J'ai fait l'erreur de succomber aux charmes de sa majesté. Je suppose qu'il n'y a pas plus grande erreur que celle-ci. Un jour, je ne serais plus dans ses louanges, et je sais que ce jour viendra. »

Ambre fit une pause, elle songea à la Reine. La palatine, tenue au courant de toute l'actualité de la cour, lui avait racontée toute son histoire. Marie-Thérèse d'Autriche était une femme bercée d'illusions d'amour, elle aimait son mari, elle se montrait naïve et timide mais aussi d'une très grande gentillesse et compassion. Ses journées étaient basées sur la religion et l'aide qu'elle pouvait apporter aux plus démunis.
Jeune femme, elle avait cru épouser l'amour de sa vie, comblée de cadeaux et d'affections par celui-ci. Puis cette affection s'est dégradée, Louis ne l'aimait pas, il lui portait simplement du respect.

« Je vais accoucher, sa majesté ne m'a pas vu depuis une semaine. Et vous vous réservez tous ses soins, tous le confort qui m'es dû. Comme toutes les autres, vous me volez son attention.

- Je suis désolé. »
Ambre l'était sincèrement, elle brisait un mariage qui était fondée sur aucun amour mais elle brisait un mariage.

« Je partirais si vous me le demandez, je retournerais chez mon père et j'élèverais cet enfant loin de la cour, je romperais tout contact avec le Roi. »

A peine ses paroles sorties, Ambre les regretta, égoïstement. Elle n'était pas prête à abandonner Louis, son cœur se briserait si elle le devait. C'était une fatalité mais fatalité lointaine, comme celle de mourir. L'amour de Louis avait une fin, mais une fin qu'elle espérait arrivait dans une éternité.
Elle n'aurait pas imaginé que ce serait à elle de rompre tous contacts.

« Vous avez une semaine, le jour de mon accouchement, vous devez être partie. »

Une larme perla sur les yeux d'Ambre.
Comment allait-elle survivre sans Louis ?
Elle se sentait tellement plus puissante, tellement mieux quand il était là. Il représentait une drogue pour elle, elle ne pouvait pas s'imaginer dormir dans un lit qui ne soit pas empreint de son odeur délicieuse.
Elle ne pouvait tout simplement pas imaginer le quitter.

Mais les désirs d'une Reine sont des ordres.
Lentement, Ambre tourna les talons, le cœur lourd et le ventre noué.

Lentement, Ambre tourna les talons, le cœur lourd et le ventre noué

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