Chapitre 3 - Sombres couleurs

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Mais où était-il donc ce kimono violet brodé de fleurs de cerisier ?! Plusieurs somptueux tissus éparpillés au sol autour d'elle, Rin, propre, en kosode, les cheveux humides, fouillait dans le grand coffre renfermant sa garde-robe. Au fil des années, celle-ci avait été alimentée par les cadeaux du seigneur Sesshomaru. De quoi habiller tout un régiment de jeunes filles.

Dans son enfance, elle n'avait porté que des haillons et allait pieds nus. Si elle avait envié les belles femmes dans leurs somptueuses tenues, elle s'était pourtant contentée de ce qu'elle avait sur le dos. Manger et rester en bonne santé étaient, à l'époque, beaucoup plus importants que de beaux vêtements. Puis elle avait rencontré Sesshomaru, lequel avait anéanti Naraku aux côtés de son demi-frère et ses amis. La paix retrouvée, il s'était alors assuré qu'elle ne manque plus jamais de rien.

Tout en restant de marbre, il gâtait Rin.

Jamais elle ne lui avait demandé d'arrêter. Ces cadeaux étaient de l'initiative du daiyokaï, et s'il en avait assez, il arrêterait tout simplement. En attendant, la jeune femme recevait chacun des présents avec un réel enthousiasme. A défaut de ne pouvoir voyager avec lui, elle appréciait qu'il pense à elle. Ces kimonos et tous les accessoires qu'il lui offrait étaient des preuves tangibles qu'elle restait importante pour lui, même sans qu'elle ne soit à ses côtés.

— J'étais persuadée qu'il était là, marmonna-t-elle en creusant entre les vêtements.

Elle adorait les couleurs vives. Le jaune, l'orange et le rouge avaient sa totale approbation. Seulement, elle trouvait que des vêtements dans ces tons-là en présence de Sesshomaru ne convenaient absolument pas. Si elle devait attribuer des couleurs au seigneur en tenant compte de son apparence et de sa personnalité, elle pointerait sans hésiter des nuances douces tels le bleu et le mauve.

Pour être en harmonie avec lui, elle souhaitait donc retrouver ce kimono violet.

— Ah ! Le voilà ! s'exclama-t-elle, victorieuse.

Elle enfila rapidement le tissu, noua l'obi jaune pâle dont les motifs brodés représentaient des vagues, et attrapa un peigne. Elle s'efforça de ne pas tirer sur ses cheveux lorsqu'elle entreprit de se coiffer. Mêmes lavés, ils restaient encore emmêlés après l'entrainement du matin. Le roulé-boulé, la rivière et l'escalade dans les arbres ne leur avaient pas plu. Elle parvint tout de même à les rassembler en chignon qu'elle fixa d'une épingle couleur parme.

Pressée, elle saisit en vitesse un miroir à manche en bois de hêtre pour s'observer. Elle fit face à une femme aux traits délicats et aux yeux bruns, brillants. Sa coiffure laissait quelques mèches s'échapper, mais rien de dramatique. C'était ce qu'elle pouvait obtenir de mieux avec sa chevelure rebelle. Elle regarda ses lèvres et songea un instant à les peindre en rouge.

« Ça ferait trop » songea-t-elle .

La jeune femme tourna la tête à gauche, puis à droite, fit une grimace et se mit à sourire de toutes ses dents.

Dans sa poitrine, elle sentait son cœur battre anormalement vite. La joie de revoir le seigneur Sesshomaru était palpable ; Jaken et Ah-Un aussi, bien sûr, mais pas avec la même intensité. Depuis quelques années, un autre sentiment accompagnait l'exultation.

En pensant à celui-ci, Rin sentit son faciès virer au cramoisi.

La jolie brune se claqua brusquement les joues. Elle ne devait pas se laisser distraire.

Aujourd'hui, elle allait demander à retourner auprès du daiyokaï, comme autrefois. Elle estimait être suffisamment restée avec les Hommes.

Kagome, Sango, Miroku et Kaede lui avaient énormément appris sur le fonctionnement de la société humaine, et Kohaku s'était chargé de l'entraîner afin qu'elle soit en mesure de se défendre toute seule. Il était temps qu'elle décide d'elle-même où elle voulait sa place.

L'héritage de l'Inu no TaishoWhere stories live. Discover now