Chapitre 2

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-Meuf, on arrive.
Breanna me pousse encore pour me réveiller, et je grogne en me rasseyant correctement dans mon siège. Il est presque dix-sept heures. Avec le voyage en ferry d'une heure et demie, on va probablement avoir la soirée pour s'installer et se reposer -à nouveau.
Aart descend mon sac des casiers pour moi et on se fait presque jeter hors du bus. Il paraissait que le bus avait pris du retard quelque part durant le trajet et qu'on était en retard pour prendre le bateau. Une histoire comme ça. En tout cas, les gens qui étaient déjà à bord nous avaient attendu longtemps.
Breanna, Aart et moi sommes restés ensemble et sommes allés nous installer vers le fond du bateau, qui était plus vite. Tout le monde s'était installé à l'avant, probablement pour profiter de la vue, mais comme je l'avais fait remarquer lorsque Breanna voulait aller là-bas, ça ne serait qu'une longue étendue d'eau, sauf exception.
Le ferry a démarré, et j'ai vissé mes écouteurs dans mes oreilles en espérant passer l'heure de voyage à dormir. La journée d'hier m'avait exténuée, et je voulais être en forme pour la semaine. Cinq minutes après le début du voyage, Breanna est partie aux toilettes, à cause du mal de mer, j'ai présumé. Aart ne bougeait pas, mais il était blanc. Il devait partir du principe que s'il ne faisait rien, ça partirait. Moi, je n'avais rien mangé et donc me fichais un peu d'être malade.
Au bout d'une demie-heure, j'ai commencé à m'inquiéter pour Breanna, et ai décidé d'aller voir ce qu'elle faisait. Toujours les écouteurs dans les oreilles, j'ai commencé à remonter les allées de sièges. J'étais presque aux toilettes lorsque je me suis pris un stylo dans la nuque.
-Hey ! ai-je fait en me retournant.
Tenant un second stylo et affichant un air amusé et triomphal, Graham a eu un bref sourire avant de se lever pour récupérer son crayon.
-Je t'ai appelé trois fois, tu m'as pas répondu ! s'est-il justifié.
-T'aurais pu te lever et me rejoindre, comme une personne civilisée, ai-je rétorqué.
-Je suis pas civilisé.
J'ai eu un léger signe d'approbation. Il n'avait pas tort.
-Sinon, qu'est-ce que tu fais là ? ai-je demandé ensuite.
En vérité, je ne savais pas vraiment comment me comporter avec lui. Nous n'étions plus ennemis, mais nous n'étions pas amis non plus. Le fait qu'on était tous les deux de l'île était sûrement censé nous rapprocher, mais ce n'était pas le cas.
-Gagné le concours. La même ?
J'ai hoché la tête. Il était assis tout seul dans la rangée, il n'y avait pas grand-monde dans ce coin-là du bateau. Et il fallait que j'aille vérifier ce que Breanna faisait.
-Bref, il faut que je bouge, ai-je dit. Si tu me cherches, je suis au fond du bateau.
-Ça marche.
Il s'est rassis pour ranger ses crayons, et j'ai trouvé Breanna dans les toilettes qui était seulement très, très malade. J'ai voulu l'aider mais ne savait pas quoi faire, à part simplement lui rappeler qu'il fallait qu'elle vienne me chercher si ça n'allait vraiment pas. Après quoi je suis retournée m'asseoir à ma place, sans revoir Graham. Il restait un quart d'heure avant notre arrivée, et Breanna est revenue peu après.
Même après être parvenus au semblant de port qui servait aux arrivées et aux départs à Lost Playland, nous sommes restés ensemble. Je comptais les laisser après avoir retrouvé Ethan. Nous nous étions dits que dès notre arrivés nous nous rendions à la place principale du parc (un peu comme Main Street à Disney World) et nous attendrons.
Comme Ethan venait depuis chez lui en Nouvelle-Orléans, il n'avait pas eu les dix heures de car comme moi et avait simplement eu à prendre le ferry du midi, profitant donc d'une après-midi supplémentaire dans le parc. Il n'avait donc pas vraiment la possibilité d'être en retard, sauf cas de force majeure.
Et il y avait effectivement cas de force majeure, puisque Ethan n'est pas venu. Au bout d'une heure d'attente, j'ai décidé de bouger et suis allée prendre ma chambre au Stranded, l'un des deux hôtels du parc (l'autre s'appelant the Lonely, si j'avais suivi). Tout dans ce parc tournait autour du principe qu'il était éloigné de tout, apparemment.
Ce qui expliquait à peu près pourquoi, une fois dans ma chambre, je n'avais pas de réseau, ni de portable, ni de wi-fi. J'ai appelé la réception, d'où une hôtesse m'a expliqué que c'était normal et même voulu, mais que je pouvais appeler n'importe où via le téléphone de la réception. Si mes frais n'étaient pas pris en charge, j'aurais payé deux dollars de supplément pour avoir su ça.
J'ai appelé Ethan sur son portable, mais il n'a pas répondu. Je n'ai pas réessayé, et me suis simplement allongée sur mon lit pour regarder la TV. Bien sûr, il n'y avait pas le câble, simplement la chaîne qui faisait l'apologie du parc. Après deux autres dollars de supplément, j'ai appris qu'il fallait aller emprunter des DVD dans la salle multimédia. Je n'avais pas envie de sortir, alors j'ai simplement connecté mon ordinateur à la télévision, pour regarder pour la vingtième fois depuis le début du mois l'Imaginarium du Docteur Parnassus.
Ensuite, j'ai dormi, et le lendemain, j'ai dormi aussi. Certains pleuraient, moi je dormais. Pourquoi pas, après tout.

Je me suis réveillée, et avant de faire quoi que ça soie, ai essuyé un filet de bave sur ma joue.
-Très sexy, ai-je pensé à voix haute.
Un coup d'œil à la fenêtre m'a appris qu'on était en soirée, et un coup d'œil à la date sur mon portable m'a appris que j'étais restée enfermée dans ma chambre d'hôtel pendant une soirée, une nuit et une journée.
Ces deux constations m'ont vite emmenée à la conclusion que je ferais mieux de bouger. J'ai pris une douche, me suis habillée et suis descendue au rez-de-chaussée pour aller dîner. Je ne savais pas s'il se passait quelque chose dans le parc en soirée, mais je verrais bien.
La réception était vide, y compris le bureau des hôtesses, malgré le panneau qui informait qu'il y avait une présence en permanence. Je suis allée vérifier dans chaque pièce du rez-de-chaussée, qui étaient toutes vides. C'était ce qu'on appelait de la publicité mensongère.
Je suis retournée au bureau de la réception et ai décroché le téléphone. Une tonalité en boucle m'a répondu, je ne me suis même pas embêtée à composer un numéro. J'ai attrapé le fil de connexion à la prise et tiré dessus. Il était coupé. J'ai tenté d'accéder à Internet via les ordinateurs à disposition dans la salle multimédia, sans succès.
Là, je me suis effondrée à genoux et ai éclaté de rire.
Je venais de me faire prendre pour la deuxième fois en un an, je ne savais pas si je devais en rire ou en pleurer. Donc j'ai fait les deux.

N/A : Voici un second chapitre.
Grosse ambiance.
\o/ non j'ai une question à vous poser : est-ce que je devrais rajouter quelque chose genre une chanson du chapitre ? Ou même parfois un film/scène de film du chapitre étant donné que Jana est une cinéphile (et pas extrêmement fan de musique) ? Ça pourrait être fun. Bisoux magiques !

P.S. : du coup je rajouterai peut-être une playlist pour Échoués si l'idée vous dit.

Piégés (FR)Where stories live. Discover now