Le masque (LRDF)

- Qui porte le Masque en garde la trace.

"Demain, tu vas repartir."

Chaque nuit sans exception, un dragon apparaissait dans les rêves de Folia. Il lui donnait des ordres mais au matin, Folia ne se souvenait presque pas de lui. Néanmoins son subconscient lui faisait faire ce que ce dragon lui demandait de faire.

« Tu regagneras le continent. Tu iras dans le Royaume de Glace et tu l'incendieras. Tu utiliseras l'huile dans les Canaras pour faire prendre le feu. Comme étincelle, ce sera ton feu. C'est une noble cause. Tu en es convaincue. Tu porteras Le masque. »

Folia se réveilla avec de fermes convictions. Elle quitta l'île après avoir remercié Eirin et lui avoir promit de revenir bientôt. En vérité, Eirin ne restait pas tout le temps sur Innocence. Parfois, un charognard venait lui rendre visite en rêve. Non mais vraiment ! Un charognard !! Mais pourtant, il exécutait toujours les ordres de la minuscule créature. Il avait la conviction que c'était juste. C'est pour cette raison qu'il avait mis le feu à la Jungle des Ailes de Pluie.
Aujourd'hui, il devait utiliser l'une des ressources d'Innocence, l'huile d'un arbre nommé Caracas. Cette huile était extrêmement inflammable. Même sous l'eau. En fait, si on y mettait le feu et qu'on la jetait dans l'eau, elle se transformait en acide qui rongeait tout. Eirin ignorait comment il savait ça. Il n'en parlait pas à Folia. Pourquoi ? Ca lui semblait inutile. Comme si elle savait déjà tout ça... Eirin prit son envol et se dirigea en tournoyant vers le continent. Le trajet allait être long. Folia n'était pas au courant que l'Aile de Nuit pas si Aile de Nuit quittait son logis. Mais elle l'avait prévenu qu'elle serait loin pour quelques jours, ce qui laissait à Eirin le temps de remplir sa tâche.

Folia n'avait jamais parlé de ses rêves à Eirin. Pourquoi ? Ça lui semblait inutile, comme s'il savait déjà tout ça. Elle avait déjà détruit un Royaume, quand elle avait mis le feu au Royaume de Ciel. Et le feu s'était propagé. Folia avait un secret. Lors des premières visites du dragon, il lui avait indiqué l'emplacement d'une grotte, minuscule, mais dans laquelle se cachait un masque. Non, Le Masque. Pour être plus précise, c'était un la moitié d'un masque, de couleur verte, très réaliste et dans un matériau étrange, solide mais non pas froid ou chaud, non dur ou mou. Lorsque Folia le plaçait sur son museau, il s'ancrait dans sa peau devenait partie intégrante d'elle. Elle avait une nouvelle face, une nouvelle apparence. Il s'agissait sans aucun doute d'une relique Animus. Son corps s'allongeait, ses pattes se raccourcissaient et ses ailes disparaissaient. Elle devenait comme un long serpent avec des pattes et des moustaches, des écailles vertes et cracheur d'un feu dévastateur. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle devait porter ce Masque - peut être pour rester anonyme - mais elle le mettait toujours pour ses missions. Quand elle le portait, elle pouvait quand même voler, bien qu'elle n'ait pas d'ailes, et elle allait plus vite que quiconque. Ainsi le froid se durcit à mesure qu'elle avançait, plein nord, et bientôt des borées puissants la firent chanceler. Elle portait une outre dans laquelle reposait l'huile destructrice de Caracas. Pas de remords, pas de regrets. Cause juste. Folia s'autorisa un instant, après quoi elle rouvrit les yeux et poussa un terrible hurlement, fondant sur les dragons terrorisés. L'huile se répandit sur la glace. Le feu monta dans les entrailles de la dragonne. En quelques instants, le brasier prit des proportions démesurées. Une odeur acre de chair et d'écailles brûlées monta lentement. La fumée envahit les cieux. Les hurlements s'éteignirent peu à peu, tout comme la vie ici. Folia se détourna.

Eirin ne partit pas de suite. Innocence était grande et il n'en connaissait pas toutes les ressources. Mais Folia encore moins. Il se rendit donc au coeur de la jungle dense et c'est la qu'il le trouva, cette relique si précieuse, qui hantait ses rêves, qui animait ses yeux. C'était un demi-masque, bleu sombre, très réaliste, avec des veinures blanches. Lorsqu'Eirin l'enfilait, alors il n'était plus le même. Il grandissait, devenait sombre et menaçant, les éclairs explosaient autour de lui. Ses serres foudroyaient, le tonnerre grondait, la pluie battait, ses ailes provoquaient des tempêtes. Les extrémités de son corps se transformaient en nuages noirs, son buste était illuminé de bleu. Il ne savait pas pourquoi il devait le porter mais chaque fois qu'il partait, c'était ainsi. Grace à cette forme, il volait plus vite que le vent, filait plus vite que le soleil et en une journée et une nuit, il atteignit le Royaume de Mer. Pas de remords, pas de regrets. Une cause juste. C'est là qu'il l'aperçut, et même si il ne s'était jamais rappelé qu'une forme vague dans ses rêves, il sut que c'était lui, debout au dessus d'une falaise, qui le fixait.