V ~ Second time

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Gabe était parti peu de temps après, visiblement mal à l'aise que j'assiste à leurs échanges concernant leurs affaires de chasseurs. Avant qu'il ne s'en aille, je l'ai d'ailleurs entendu dire à Nolan :

« Fais gaffe mec, je ne la sens pas cette fille. Elle est peut-être une créature surnaturelle elle aussi, tu devrais vérifier. »

Je l'avais mentalement insulté de toutes les manières possibles et imaginables.

Lorsque Nolan revint, le sourire aux lèvres, une étrange sensation me traversa tout le corps, comme si j'étais secouée par une vague de chaleur. Cependant, c'était loin d'être désagréable, au contraire, mais je ne comprenais pas d'où cela provenait. La seule chose que je savais, c'était que ses beaux yeux bleus n'y étaient pas pour rien. Je prétextai devoir rentrer à l'usine afin de vérifier si personne n'avait trouvé ma planque pour m'échapper d'ici, mon malaise ne faisant que s'intensifier. Mais, alors que j'étais prête à partir, Nolan m'attrapa par le bras et me lança un regard suppliant.

« Attends Annabelle, je... »

Il cligna plusieurs fois des yeux, incapable de finir sa phrase.

« Tu... ? »

Ses iris azur plongés dans les miens, j'étais comme scotchée sur place. Tout à coup, je sentis ses lèvres venir s'écraser sur les miennes, me faisant reculer d'un pas tant la surprise m'avait submergée. Je me détendus petit à petit, lui rendant son baiser bien malgré moi, comme si je ne contrôlais plus mon corps. Des milliers de papillons s'envolaient dans tout mon corps, j'avais l'impression de pouvoir m'envoler. Puis, je me rendis compte de ce que je faisais et je m'écartai vivement de lui. L'image de Brett s'imposait dans mon esprit comme une interdiction. C'était une trahison à son égard, je ne pouvais pas faire ça.

« Je... Nolan, je ne peux pas. Je suis désolée, je... C'est trop tôt pour moi, je n'y arrive pas. »

Saisissant mon sac à dos, je sortis précipitamment de sa maison. Mon souffle était court, je sprintai vers l'usine. J'avais l'impression de sentir la bouche de Nolan sur la mienne, comme si je ne pouvais pas m'en détacher. C'était indescriptible, merveilleux, mais je n'avais pas le droit. Des chasseurs avaient tués Brett, je ne pouvais pas embrasser l'un d'entre eux et encore moins... Non, c'était impensable. Je montai au deuxième étage de l'usine, haletante par ma course. Je jetai mon sac près du matelas usé qui me servait de lit avant de m'écrouler sur ce dernier. Ce fût seulement à ce moment-là que je compris que quelque chose clochait.

Mes mains. Elles tremblaient. Et il n'y avait qu'une seule chose qui pouvait produire ce genre d'effet autre que la colère chez moi. Je me redressai, aux aguets. Une autre respiration que la mienne se fit entendre, me glaçant le sang. En levant les yeux vers un coin sombre et indistinct de la pièce, je crûs que j'allais m'évanouir. L'Anukité était là, sa tête tournée vers moi. J'étais secouée de violents tremblements, incapable de bouger. L'hideuse créature s'avança vers moi, un pas après l'autre, semblant se délecter de ma terreur. Je tendis les bras vers lui mais ma voix refusait de résonner, comme si il contrôlait mes cordes vocales. Si je ne hurlais pas maintenant, il me tuerait sans la moindre hésitation. Puis, d'un seul coup, mes muscles se contractèrent et je criai. Ce devait être le hurlement de Banshee le plus puissant de toute ma vie, car l'Anukité fût propulsé si fort vers l'arrière que la masse de chair qui lui servait de corps traversa le mur du deuxième étage et il s'écrasa au sol à l'extérieur, presque aussitôt écrasé par les décombres du bâtiment.

Cependant, ma terreur n'avait pas cessée. Je respirais difficilement, la panique continuant de m'infliger son poison aussi bien mentalement que physiquement. Je faisais une crise de panique. Je me roulai en boule sur mon matelas, essayant vainement de régulariser ma respiration, mais c'était peine perdue. Je n'arrivais plus à respirer, c'était horrible. Mais, encore une fois, je fus sortie de ma transe par une main sur ma joue. Les yeux écarquillés, je levai les bras vers la personne afin de la propulser en arrière, mais une paire d'yeux bleus familiers me coupèrent dans mon élan d'un simple regard.

« N-Nolan... » haletai-je.

« C'est moi Annabelle, il est partit, c'est fini maintenant. » Constatant que je ne me calmais par pour autant, il ajouta : « Regarde-moi, respire. »

Je m'exécutai, le fixant droit dans les yeux alors que j'inspirais et expirais. Le calme s'insinuait difficilement en moi mais je commençais enfin à m'apaiser. Nolan me prit la main afin de m'aider à me relever, nous sortîmes difficilement de l'usine, mes sacs en main. Je n'étais plus en sécurité là-bas. J'allais dormir chez lui quelques temps, même si pour cela il faudrait que je dorme sur le canapé. En passant devant le cimetière, une voix masculine que je reconnaîtrais entre mille me revint en mémoire :

« Souviens-toi Annabelle : je t'aime. Ne t'empêche jamais de vivre, je veux que tu puisses aller hurler sur les toits de la ville sans avoir honte de ce que tu es. Je sais qu'il se prépare quelque chose de mauvais dans cette ville, et si il m'arrivait quelque chose... Je veux que tu respires et que tu te dises que je t'aime et que je t'aimerais toujours. Mais ne t'empêche pas d'aimer à cause de moi. Trouve celui qui s'occupera de toi comme d'une princesse, et à ce moment-là lâche-toi. Aime le à en crever, comme moi je t'aime. D'accord ? »

« D'accord. »

Je me tournai brusquement vers Nolan, qui me regarda avec un air surpris. Brett avait raison. Je ne devais pas m'empêcher d'aimer, même si il s'agissait d'un chasseur. Nolan était un garçon bien malgré ce que l'on pouvait croire.

« Nolan ? »

« Oui ? »

« Je suis désolée pour tout à l'heure. »

Il baissa les yeux.

« Oh, ce n'est rien tu sais. »

Je secouai la tête.

« Non ce n'est pas rien. Je... »

Mes mots moururent dans ma gorge, je le fixais sans dire un mot. Les gestes valaient plus que de belles paroles. Je m'approchai donc de lui et posai doucement mes lèvres sur les siennes. C'était bien plus doux que le précédent, timide et sucré. Il me rendit mon baiser en passant sa main dans mes cheveux blonds. Mon cœur pulsait fort dans ma poitrine, comme si il allait en sortir. Nous étions en plein milieu de la route mais je n'en avais rien à faire. Je me moquais de tout à cet instant. Même que des centaines de chasseurs nous tombent dessus. Nous n'étions plus un mensonge.

Nolan m'aimait. Et il ne faisait aucun doute que je l'aimais aussi.

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The Banshee And The Hunter - Nolan Holloway [T.3 FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant