Chapitre 12

12.9K 1.1K 155
                                    

Un bruit sourd retentissait depuis un moment et David grogna. Il était si épuisé que la simple idée d'ouvrir un œil lui paraissait relever de l'exploit. Il s'était endormi en pleurant et ses paupières restaient lourdes de chagrin. 

Boum ! Boum ! 

On continuait à tambouriner contre la porte et David finit bien par être obligé de se redresser en balbutiant. 

— O… oui ? 

La porte de sa minuscule chambre s'ouvrit en grinçant sur Mme Dubois. 

— Il est neuf heures passées. Pourquoi mon café n'était-il pas prêt ? 

Le petit oméga se leva d'un bond, l'esprit encore embrumé par le sommeil. 

— Je… je suis désolé, bredouilla-t-il. 

Mme Dubois le fixait de son regard mauvais. 

— Tu as des petits yeux, mon garçon. Nettoyer cette maison était donc si épuisant ? 

David sursauta et se mordit la lèvre. 

— Hum… oui… 

Sa belle-mère jeta un regard tout autour d'eux en pinçant les lèvres. Le jeune oméga savait qu'elle cherchait à repérer la moindre trace de poussière pour pouvoir lui faire des reproches. Mais l'équipe de Floris avait réalisé un travail impeccable et la dette de David envers son parrain n'avait fait que s'alourdir. Lorsqu'il était rentré à la maison la veille, tout juste avant minuit, la moindre surface de la maison brillait de propreté. 

Mme Dubois fit quelques pas dans la chambre, inspectant les étagères. David se mordit la langue. La veille, il avait juste pris la peine de cacher hâtivement son costume et ses belles chaussures sous son lit sans grand soin. De là où il était, il pouvait voir l'une des boîtes dépasser et il espérait que sa belle-mère ne la remarquerait pas.

Son cœur battait. Pourrait-elle se douter de quelque chose ? 

Le parquet craquait sous le pas lourd de Mme Dubois. Enfin, elle se retourna. 

— File préparer le petit-déjeuner, ordonna-t-elle avant de claquer la porte. 

David poussa un soupir de soulagement et s'empressa d'obéir. 

Lucille ne daigna descendre qu'à onze heures et quart, revêtue d'une longue robe de chambre rose en soie et de pantoufles à pompons. Elle semblait fraîche et reposée. 

— Oh, Maman, la fête était splendide, chantonna-t-elle en tournant sur elle-même. Et Christophe Leroy m'a accordé une danse ! 

Mme Dubois poussa une exclamation ravie tandis que David sentait son cœur se ratatiner. Pas Lucille. Tout le monde sauf elle. Il ne supporterait pas de la voir dans les bras de Christophe. 

— Ce jeune homme a-t-il semblé sous ton charme ? demanda avidement Mme Dubois. 

Lucille fit la moue. 

— Je l'ignore. Il m'a paru… avoir la tête ailleurs, je dirais. Mais je ne suis pas la seule à avoir eu ce sentiment. 

— A-t-il regardé une autre fille plus que toi ? s'inquiéta sa mère. 

La jeune fille secoua la tête de son air hautain. 

— Non. Il a dansé avec plusieurs d'entre nous, mais seulement une fois pour chaque partenaire. 

Mme Dubois se gratta le menton. 

— Hum… J'ignore ce qu'il faut en penser ni quelle stratégie adopter… Toi, là, que fais-tu encore à traîner ? Apporte-moi le journal ! 

Les deux dernières phrases étaient adressées à David qui sursauta et s'empressa de filer dans l'entrée. Il plongea la main dans la fente de la boîte aux lettres et en ressortit deux lettres qui ressemblaient à des factures et un journal roulé. Il le secoua sans y penser et se figea. Le portrait en noir et blanc de Christophe Leroy s'étalait sur la première page. La photographie datait apparemment de la veille car l'alpha était vêtu de la même façon que lors du bal. Il avait les yeux vifs et un petit sourire en coin qui faillit faire défaillir David. 

— Et bien, cela vient ? aboya Mme Dubois depuis la salle à manger. 

Le jeune oméga reprit difficilement ses esprits. S'il n'avait écouté que son cœur, il se serait laissé tomber sur le carrelage et aurait dévoré avidement toutes les lignes du journal qui concernaient son bien aimé. Il n'avait pris le temps que de lire le gros titre : "L'héritier Leroy annonce les règles de la seconde manche". 

Son cœur palpitait toujours autant lorsqu'il remit le journal à sa belle-mère. Lucille poussa un cri. 

— Oh Maman, regarde, on parle de Christophe ! Lis l'article ! Lis-le ! 

Mme Dubois ouvrit le journal. David voulait lui aussi entendre le contenu de l'article alors il fit semblant de s'affairer à nettoyer la table pour pouvoir rester un moment. Lucille s'était laissée tomber dans un fauteuil, comme si ses jambes ne pouvaient plus la soutenir. 

Le premier bal des Leroy semble avoir été l'un des événements les plus tendances de cet hiver, commença Mme Dubois. Un second bal, plus somptueux encore, sera organisé d'ici deux semaines dans la galerie des glaces du château de Versailles. 

— La galerie des glaces, soupira Lucille, des étoiles plein les yeux. Quel endroit merveilleux pour un bal ! 

Mme Dubois leva le doigt. 

— Attends, ma chérie, nous arrivons au plus intéressant. Seuls les membres les plus éminents de la société y seront conviés. Bah, je trouverais le moyen de nous y faire inviter. Ne t'inquiète pas, ma chérie. Et quelques jeunes filles se verront gratifier d'un honneur supplémentaire. Christophe Leroy a en effet fait ce matin une grande déclaration à la presse. 

Lucille se redressa sur son fauteuil et David lui-même eut bien du mal à continuer à faire semblant de ne pas écouter. 

Dix personnes recevront de la main du futur chef de meute lui-même un billet très spécial leur donnant un accès direct et privilégié au bal. Les rumeurs affirment que c'est parmi l'une de ces heureuses élues que le jeune Leroy désignera sa fiancée à la fin de ce bal exceptionnel. Cela signifie-t-il que le très désirable Christophe a dors et déjà trouvé celle qui régnera à ses côtés ? L'affaire reste à suivre ! 

Lucille s'était mise à pousser des cris hystériques. 

— Il me faut l'un de ces billets, Maman. Il m'en faut un absolument ! 

Mme Dubois posa le journal sur la table, songeuse. 

— Je sais, ma chérie, je sais. 

David ne put s'empêcher de pousser un grognement qui ne passa malheureusement pas inaperçu. 

— Quoi ? s'indigna Lucille. Qu'est-ce que tu as, l'oméga ? Tu crois peut-être que je ne suis pas suffisamment jolie pour attirer l'attention d'un beau mâle ? 

Elle bomba le torse et rejette fièrement sa chevelure blonde en arrière. 

David était trop bouleversé pour faire preuve de prudence. 

— Je crois surtout que Christophe Leroy serait capable de lire dans ton cœur et voir quelle personne grotesque tu es réellement. 

Lucille ouvrit grand la bouche, furieuse, et David s'empressa de filer. Il allait regretter ses paroles, il le savait bien. Mme Dubois le punirait certainement et sa belle-sœur trouverait un moyen de se venger. Mais il s'en fichait éperdument à l'instant actuel. 

Christophe avait-il vraiment déjà sélectionné sa future partenaire ? De qui pouvait-il s'agir. Et si - et le jeune oméga ne pouvait s'empêcher de l'espérer de tout son cœur - et si cela pouvait avoir un lien avec le baiser qu'ils avaient échangé ? 

Oui, mais Christophe n'avait de toute façon aucune idée de sa réelle identité. Et c'était d'une femme dont il voulait.

--------------

Et voilà, nous sommes déjà à la moitié de l’histoire ! J’espère que ça vous plaît toujours ^^.

Cendrillon (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant