Chapitre 7

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David se réveilla le samedi matin dans un grand état d’excitation. La fête avait lieu ce soir même ! Dans quelques heures, il serait chez Christophe, revêtu de son magnifique costume et de ses belles chaussures brillantes  ! 

Le jeune oméga descendit dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner. Le week-end, Mme Dubois et Lucille aimaient paresser au lit et il avait tout son temps pour préparer les tranches de pain grillé et faire passer le café. Il ne buvait pas de cette boisson dont le goût lui déplaisait, mais aimait à plonger la cuillère dans la petite poudre noire odorante pour en remplir le filtre. 

Les rayons du soleil hivernal pénétraient par la fenêtre. La matinée était belle, pleine de promesses d’une merveilleuse journée. 

David se surprit à chantonner en balayant les miettes de pain sur le plan de travail. Il y avait bien longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi formidablement heureux. Il avait même envie d’effectuer quelques pas de danse sur le carrelage étincelant de la cuisine. 

— Qu’est-ce qui te rend donc si guilleret ? demanda une voix aigre dans son dos. 

Le jeune homme se retourna précipitamment pour faire face à sa belle-mère. 

— R… rien, bredouilla-t-il timidement. 

Il observa avec inquiétude Mme Dubois se servir elle-même une tasse de café. Sa belle-mère n’entrait habituellement presque jamais dans la cuisine. Sa présence ici ne lui disait rien qui vaille. 

— La maison est dans un état de saleté répugnant, déclara Mme Dubois et posant un œil sévère sur le sol de la cuisine que David avait pourtant astiqué avec soin trois jours plus tôt. 

— Je… je ferai plus d'effort, promit le jeune oméga. 

Sa belle-mère le scruta une dernière fois avant de faire volte-face pour s'installer dans le salon. 

David poussa un soupir de soulagement. Son portable avait vibré à plusieurs reprises et il finit par le sortir de sa poche. C’était Alice qui commençait à s’impatienter. 

Bon, on y va à cette friperie ?? 

Je t’attends. 

David, réponds-moi tout de suite ! 

Le petit oméga tapa quelques mots pour la calmer. 

Pas la peine. J’ai déjà de quoi m’habiller. On se retrouvera directement chez les Leroy. 

Un nouveau message apparut presque aussitôt. 

Qu’est-ce que tu mijotes, David Dubois ? J’espère que tu n’as pas l’intention de sécher la fête ? 

David leva les yeux au ciel, même si son amie ne pouvait pas le voir. 

Mais non ! 

À dix-huit heures, Lucille vint se pavaner dans le salon pour se faire admirer dans sa jolie petite robe d’un gris perle. Ses fins cheveux blonds étaient noués dans un chignon impeccable. David sentit son coeur se serrer en voyant à quel point elle était belle. Comment pouvait-il seulement espérer attirer l’attention de Christophe Leroy alors que la fête serait remplie de ravissantes jeunes filles ? 

Mme Dubois vint embrasser Lucille. 

— Tu es magnifique, ma chérie. Le jeune Leroy ne pourra que tomber sous ton charme. N’oublie pas qu’il est un excellent parti. 

— Je sais, répondit Lucille avec un sourire conquérant. Je ferai tout pour obtenir le cœur de l’héritier Leroy. 

"Elle, et toutes les autres, ne veulent de Christophe qu’en raison de sa richesse et de sa position sociale", songea David, morose. "Suis-je donc le seul à l’aimer pour lui-même et non pour ce qu’il représente ?". 

Après un dîner léger, Mme Dubois se retira également dans sa chambre pour se préparer. Elle se rendait tous les samedis soirs dans un club de bridge fréquenté par plusieurs dames de la meute Leroy et ne ratait ces soirées pour rien au monde. 

Le carillon de l’entrée retentit. Lucille poussa un cri et bouscula David qui s’apprêtait à ouvrir. 

— C’est pour moi, imbécile. 

La porte laissa place à une flopée de filles qui appartenaient à la bande d’amies de Lucille. Elles étaient revêtues de robes multicolores et parlaient toutes en même temps, très excitées, et ne cessaient de glousser. Aucune d’entre elles n’accorda plus d’attention à David que s'il avait été un porte-manteau un peu encombrant. Lucille paradait au milieu du salon, parfaitement à son aise. 

Le petit oméga les observait, découragé. Toutes ces jeunes filles étaient plus mignonnes les unes que les autres. Jamais il ne pourrait rivaliser avec elles, quelle que soit l’élégance de son costume. À bien y réfléchir, Christophe Leroy le remarquerait peut-être même plus s’il y allait vêtu de son vieux jeans et de ses basquettes trouées. 

Lucille toisa soudain David. 

— Qu'est ce que tu as à nous espionner comme ça, imbécile ? Tu n'as rien de plus utile à faire ? 

Le jeune oméga balbutia une vague réponse et battit précipitamment en retraite pour se réfugier dans la cuisine et faire la vaisselle. Il aurait lui aussi aimé pouvoir passer des heures à se préparer. Il avait tant hâte d'enfiler à nouveau ses belles chaussures ! Mais sa belle famille ne devait surtout pas le surprendre dans son costume de bal. 

Les minutes passaient et David finissait par ne plus rien avoir à laver. Lucille et ses amies se trémoussaient toujours dans le salon. L'oméga avait prévu de partir juste après elles. Alice et lui s’étaient donnés rendez-vous directement à la fête. Une fois là-bas, il lui faudrait prendre bien garde à ne pas se faire apercevoir par Lucille. La demeure des Leroy était cependant gigantesque et il devrait pouvoir en être capable. Le petit oméga était doué pour passer inaperçu. 

Mme Leroy descendit l'escalier revêtue de sa robe de sortie. Elle prit le temps de féliciter chacune des amies de sa fille pour leur belle apparence. Puis, dans un concert de rires et de piaillements, le groupe de filles sortit enfin de la maison pour gagner la fête. 

David reposa son torchon à vaisselle. Et voilà ! Sa belle-mère n'allait pas tarder à partir à son tour et il serait enfin libre ! 

Il entendit des bruits secs de talons et Mme Dubois passa la tête par la porte pour toiser David. 

— Range le salon, le ordonna-t-elle. Et passe l’aspirateur dans tout le premier étage. La cuisine aurait également besoin d’un bon décrassage. 

Le petit oméga se dandina. 

— Je…, bredouilla David en s’efforçant d’être convainquant en prononçant le mensonge qu’il avait concocté, je… j’ai prévu d’aller passer quelques heures chez mon amie Alice. Nous avons un exposé à préparer à deux. Pourrais-je m’en occuper demain ? 

Les yeux de sa belle-mère se plissèrent et un sourire méchant étira ses lèvres. 

— Non. Tu resteras ici. Ces derniers jours, tu as fait preuve d’une négligence impardonnable et de nombreuses tâches ménagères sont en retard. Je te conseille d’effectuer ta part du travail si tu espères pouvoir continuer à habiter dans cette maison. 

Le petit oméga sentit son cœur tomber dans son estomac. 

— Je travaillerai deux fois plus dimanche, promit-il, désespéré. 

Le sourire cruel de Mme Dubois s'accentua. 

— Certainement pas. Je ne tolérerai pas une telle paresse. La maison devra être impeccable de la cave au grenier. Si je trouve à mon retour dans un quelconque recoin la moindre trace de poussière ou de désordre, je te jetterai à la rue, mon garçon. 

Cendrillon (bxb) [terminée]Where stories live. Discover now