Floris jeta un regard inquiet à son filleul qui se contenta de lever les yeux au ciel. Comme si David avait l'intention d'imiter une personne aussi invraisemblable que lui ! 

— Pourquoi montons-nous au grenier ? s'étonna Floris alors qu'ils commençaient à gravir de nouvelles marches. 

— Parce que c'est là qu'est ma chambre, marmonna le jeune oméga. 

Floris paraissait encore plus perdu. 

— Pourquoi loger au grenier ? 

Cette fois, David ne répondit pas. Il n'avait pas envie d'exposer ses malheureux à une personne qui ne semblait avoir souffert que de parents trop protecteurs. C'était assurément un sort plus enviable que de ne pas avoir de parent du tout ! 

— Attends-moi ici, je vais me changer, déclara-t-il lorsqu'ils furent arrivés devant le minuscule réduit qui servait de chambre à David. 

Il ferma la porte et se pencha pour récupérer les cartons de ses emplettes. Le tissu du smoking était doux et soyeux et le jeune homme regrettait de ne pas disposer d'un miroir pour pouvoir admirer son apparence inhabituellement élégante. Enfin, il sortit ses magnifiques chaussures et les enfila en retenant son souffle. Elles brillaient à chacun de ses mouvements.  Puis David sortit de sa chambre, embarrassé par ses beaux vêtements. Floris siffla. 

— Et bien Cendrillon, tu es prêt à aller au bal dans ton carrosse citrouille pour rejoindre ton prince ? s’amusa-t-il. 

David soupira. 

— Je n’ai rien d’une princesse de conte de fée… 

Le mannequin s’approcha de lui pour arranger son nœud papillon noué à la va vite. 

— Tu te trompes poussinou. Tu sais, il n’y a pas que l’aspect physique dans la vie. Il suffit de se sentir bien dans sa peau et sûr de soi pour paraître magnifique aux yeux des autres. Regarde-moi ! Je suis un homme très désiré alors que je n’ai en soi rien d’extraordinaire. 

Il tourna sur lui-même en ouvrant les bras, comme pour permettre à son filleul de juger de la chose. 

David lui jeta un regard en biais. 

— Tu es bien plus beau que moi… 

— Mais non ! Nous avons des yeux proches et pratiquement les mêmes cheveux,  même si je les porte plus longs que toi. Au fond, nous nous ressemblons beaucoup. Je pourrais t’apprendre à devenir comme moi. Tu ferais un malheur ! 

Le petit oméga s’éloigna d’un pas. Il n’était pas certain du tout de vouloir se transformer en un être aussi extravagant. 

— Oui, bon, marmonna-t-il, chaque chose en son temps. 

La limousine de Floris était garée devant l'entrée. Nino les accueillit avec de grandes démonstrations d'affection. Le minuscule caniche était apparemment heureux de retrouver David. 

— Fouette cocher ! Le bal nous attend ! s'écria Floris, toujours autant excité. 

Gaspard, le chauffeur, se contenta d'hocher la tête et de faire tourner le moteur. Il devait avoir l'habitude des paroles sans queue ni tête de son employeur. 

David n'avait bien sûr encore jamais été invité dans la demeure des Leroy mais savait, comme tous les habitants de Versailles, où elle se trouvait. C'était un magnifique hôtel particulier datant du XVIIIe siècle. Son entrée était protégée par une grille aux pointes peintes à la feuille d'or. Toutes les fenêtres en étaient éclairées et la bâtisse semblait briller de mille feux. 

Floris était collé contre la fenêtre. 

— Et voilà poussinou, nous y sommes ! 

David fouilla de sa poche pour sortir son carton d'invitation et observa avec circonspection la porte d’entrée. Il n’était plus certain de son plan. Il n’était pas trop tard pour supplier Floris de le ramener à la maison. 

— Il faudra que je sois rentré impérativement pour minuit, soupira David qui hésitait toujours. Ma belle-mère sera à la maison vers cette heure-là et il faudra qu’elle m’y trouve. 

Floris hocha gravement la tête. 

— Ne t'en fais pas, poussin, je t'attends ici.

 — Tu ne vas pas passer la soirée planté là ? s'étonnait le jeune oméga. 

Le mannequin haussa les épaules. 

— Pourquoi pas ? Je pourrais espionner les allers et venues ! Ou bouquiner un peu. 

Il sortit un livre dont la couverture fit rougir David. 

— Bon bon bon, je vais y aller, marmonna ce dernier en ouvrant la portière. 

Il posa prudemment les pieds au sol pour ne pas marcher dans une flaque et abîmer ses belles chaussures. 

Floris passa son torse par l'ouverture et ouvrit la bouche. David préféra le devancer. 

— Si tu me parles de méthode de contraception ou autre sujet de ce genre, je pars en courant, le menaça-t-il. 

Son parrain fit la moue. 

— Ai-je au moins le droit de te demander si tu as bien un préservatif sur toi ? Je peux t’en fournir. Je prends systématiquement la taille maximale. Les alphas ont presque toujours de très grandes… 

— À plus tard, le coupa David en reculant précipitamment, rouge de confusion. 

Il claqua la porte de la voiture et se dirigea à grands pas vers la demeure de la meute Leroy en pestant mentalement contre les parrains trop envahissants. Comme s’il allait se lancer dans une partie de jambes en l’air ! Il n’avait même pas franchi l’étape du premier baiser ! Ou tout simplement celle de se tenir la main. Non, ses doigts avaient juste un jour frôlé ceux de Christophe Leroy et cela avait suffit pour mettre le petit oméga au bord de la crise cardiaque ! Il était loin d’être prêt, émotionnellement parlant, à aller plus loin.

Cendrillon (bxb) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant