Chapitre 39: Le début de la fin

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Après quelques minutes, nous arrivons. Je gare lentement la voiture près de l'appartement de mon oncle.

- Est-ce encore seulement l'Étamien qui va t'accompagner chez ton oncle? lance Fabien en toisant Alex du regard. Ou nous aurons enfin le droit de participer un peu aussi?

Je soupire. Je n'arrive pas à y croire: Fabien revient sur le sujet! Exaspérée, je tourne sur moi-même pour lui répliquer:

- Premièrement, il ne s'appelle pas "l'Étamien", mais bien Alex. Deuxièmement, je ne vois pas pourquoi tout le monde devrait venir avec moi dans ce minuscule appartement: ça ne servirait à rien. Et puis, finalement, Alex est probablement celui qui est le plus étroitement impliqué dans toute cette histoire avec mon oncle.

- Si tu le dis, marmonne Fabien.

Je vois néanmoins que le fait qu'Alex et moi soyons les seuls à aller chez Daniel déplaît à tout les autres. Je suis partagée entre l'agacement et l'embarras: c'est un peu ridicule de se chamailler pour savoir qui participera à la mission, mai d'un autre côté, c'est eux qui ont tous fait le choix d'abandonner leur cité pour me suivre dans mon aventure. Je devrais leur en être reconnaissante et les laisser m'accompagner dans ce genre de mission, et non les abandonner dehors alors que j'accomplis les tâches importantes, comme s'ils étaient mes chiens de garde.

Je soupire. Je ne sais pas. Je ne sais plus. Être leader de groupe, ce n'est définitivement pas mon truc.

- Allez, venez, marmonné-je finalement. Tout le monde m'accompagne.

Nous sortons tous du véhicule sans un mot. Je crois qu'ils ont senti mon exaspération et qu'ils ont compris que le mieux, présentement, c'était de ne rien ajouter.

Tout le monde m'emboîte le pas alors que j'avance vers la porte de l'appartement de Daniel. Je fais attention pour que mes vieux baskets ne dérapent pas sur les escaliers recouverts de glace (ce serait totalement mon genre de me briser un bras par pure maladresse). Lorsque j'arrive à la porte, j'aperçois la vitre éclatée qui semble rester là pour me rappeler que la balle qui l'a brisée hier avait pour but de me blesser ou pire, de me tuer, moi.

Je n'ai même pas à cogner. Un visage familier apparaît au travers de la vitre brisée. Un homme dans la cinquante au visage fatigué, la barbe mal rasée, aux traits tendus et affublé d'un vieux t-shirt gris. 

- Daniel, soupiré-je avec soulagement. Je suis vraiment heureuse de te voir ici, nous...

- Entrez, me coupe-t-il sèchement. Maintenant.

Je demeure surprise quelques instants par le ton froid que mon oncle a emprunté. Que se passe-t-il?

Daniel nous ouvre la porte brusquement et s'éloigne sans croiser mon regard ou me parler. Je tourne la tête et fais signe à mes amis que j'ignore ce qui se passe. Néanmoins, nous pénétrons tous dans le petit appartement de mon oncle, en tentant tant bien que mal de ne pas marcher sur les montagnes d'objets non-identifiés sur le sol. Une odeur de renfermé et de nourriture abandonnée sur le comptoir m'agresse les narines. J'aperçois Tess grimacer et Jacob se tortiller maladroitement pour se libérer d'un morceau de tissu dans lequel il a enfoncé son pied.

Nous retirons nos lunettes et refermons la porte dans notre dos.

Mon oncle se trouve dans sa piètre cuisine, qui est seulement équipée de tiroirs et de comptoirs devaient être blancs à l'origine, mais qui ont jauni avec le temps. D'un geste rapide du bras, Daniel dégage le minuscule comptoir de toutes les vaisselles sales et les restes de nourritures qui s'y trouvaient. Un grand fracas d'assiettes et de verres éclatant sur le sol retentit. Puis, mon oncle sort frénétiquement de sa poche quelques papiers et d'autres petits objets que je suis incapable de reconnaître. Mes compagnons et moi demeurons tous devant la porte à fixer mon oncle faire ce drôle de manège.

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