Mais actuellement, la chose qui me fait peur, c'est d'avoir une envie incontrôlable de combler ce vide qui s'est créé en moi lorsque j'ai quitté Inès et de chercher de l'affection ailleurs à tout prix. Même si ça ne fait qu'un jour, je me sens extrêmement seule et je n'aime pas ça.

  Si j'ose me jeter dans les bras de quelqu'un d'autre, je sais qu'il y aura des répercussions et j'en ai peur. J'arrivai enfin à sortir de cette hypnose et à reprendre le dessus sur la situation. J'interrompis le silence et chassai la tension qui commençait à s'installer :

Moi- Du coup... on commence par quoi ?

Ses yeux regardaient à présent mes lèvres qui venaient d'articuler cette question. Il avait l'air d'être pris au dépourvu, comme s'il était déconcentré par quelque chose. Il faut croire que je venais de le sortir de pensées que je ne préférerais pas connaître. Il ne m'avait écouté qu'à moitié, puis il bégaya :

Mathieu- Euh...bah, je vais te montrer ton bureau, suis moi.

On retraversa le couloir par lequel j'étais arrivée pour se diriger vers l'entrée de l'agence. Pendant ce court lapse de temps Mathieu avait réussi à me poser un tas de questions : mon âge, mes études, si j'étais de Montpellier et il a même osé me demander si j'étais en couple. J'ai simplement répondu que non, je n'avais pas vraiment envie de lui déballer ma vie.
Au moins il était curieux, il s'intéressait à moi et je dois bien avouer que ça fait toujours plaisir. Dans l'agence, on se retrouva à l'endroit où je l'avais interpellé pour la première fois. Évidemment, mon bureau est juste en face du sien. Et il ne put se retenir de faire une remarque :

Mathieu- En tout cas, tu auras une magnifique vue.

Pour conclure sa phrase il me fit un clin d'œil discret que je n'ai pourtant pas loupé. Sa façon d'agir était tellement audacieuse que ça puait le flirt, néanmoins, au fond ça ne me déplaisait pas pour autant. Mais malgré cela, face à ses techniques de drague téméraires, je n'ai pas pu me retenir de pouffer de rire. Au début j'ai cru qui le prendrait mal, puis je vis un sourire se dessiner rapidement sur son visage.

Mathieu- Bon..je vais te montrer le site de l'agence viens !

Il était gêné et je reconnais que c'était mignon. Je venais de décrédibiliser ce Don Juan en le transformant en un petit garçon tout timide. Il s'installa à son bureau, quant à moi, je me tenais debout et légèrement penchée à côté de lui. Il commença à m'expliquer le fonctionnement de la page d'accueil, le classement des annonces sur le site et les manières de faire différentes recherches.

  Malgré son professionnalisme, à chaque fois qu'il me regardait, je voyais que notre proximité ne le dérangeait pas, au contraire. À un moment, il se tourna à nouveau vers moi :

Mathieu- T'en n'a pas marre d'être debout ? Assis toi !

Il m'attrapa gentiment par les épaules pour m'assoir sur sa chaise et il se mit dans la même position que moi auparavant pour continuer ses explications. Je sentais son souffle chaud dans mon cou même s'il n'était pas collé à moi.

  C'est comme si mon esprit voulait absolument ressentir cette sensation en la décuplant et en se concentrant sur sa respiration ainsi que ses mots. Je tentais de cacher cela tant bien que mal. Il doit sûrement se douter qu'il me fait un peu d'effet. Je retire ce que j'ai dit, je ne le déteste pas.

~

Ma journée d'apprentissage est terminée. Je me suis baladée dans le centre-ville pour repérer quelques endroits. J'ai déjà aperçu une salle de sport, qui va rapidement devenir ma meilleure amis puis je me suis posée à la terrasse d'un café pour commander une boisson. Sur mon téléphone je regardais les nouvelles storys d'Inès. Il me manque. Si j'étais descendue de ce train, je serais avec lui en ce moment.

  Je sais que certains d'entre vous penseront que c'est irrespectueux ce jeu avec Mathieu. Mais j'avais besoin, ne serait-ce que pendant un petit moment, d'arrêter de penser à Inès. J'ai eu le sentiment aujourd'hui, que je pouvais plaire. Ce n'est pas pour autant que je m'amuserais avec cela. J'ai dit à Inès de refaire sa vie, je devrais le faire également, en prenant le temps qu'il faut. Soudain le son des voix de deux jeunes filles me firent lever la tête de mon téléphone :

Fille 1- Bonjour, désolé de te déranger mais tu es Léa ?
Moi- En personne !
Fille 2- Oh mon dieu c'est vraiment toi ! Même si tu n'es plus sur les réseaux on t'adore ! T'es un exemple pour nous.
Fille 1- Oui vraiment ! Tu vas bien ? Qu'est-ce que tu fais à Montpellier ?
Fille 2- Et Inox il va bien ? Parce qu'on a vu son live et on s'inquiète pour lui...

Je ne peux pas leur dire pourquoi je suis ici, encore moins comment va Inox et pourquoi il est dans cet état.

Moi- Merci ça fait plaisir ! Oui je vais très bien !
Fille 1- On peut faire une photo ?
Moi- Bien sûr !

Elles étaient vraiment adorables, après avoir fait plusieurs photos, elles sont parties en me saluant. Heureusement elles n'ont pas insisté pour avoir une réponse à toutes leurs questions. Je ne voulais pas paraître froide. Après leur départ, leur inquiétude se répète dans ma tête « Et Inox il va bien ? ».

  Je pense savoir comment va Inès. Mais mes intuitions ne sont pas suffisantes, j'ai besoin d'avoir de ses nouvelles. Je l'aime, je m'inquiète de tout le mal que j'ai pu causé. Je ne peux pas lui demander directement, ça serait limite effronté. Je vais faire ce que je voulais déjà faire hier : envoyer un message à Miguel.

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It's you, it's always you // Inoxtag 🤍Where stories live. Discover now