Chapitre 2

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La statue et son nouveau compagnon nageaient en symbiose totale. Elle guidait Polis qui se laissait musicalement tourbillonner parfois à côté d'elle, parfois au-dessus, parfois en-dessous.

Au rythme des environnements assombris qui défilaient, ils virent se délier progressivement l'orangé de l'automne puis le jaune des ailes des papillons dans le ventre. La statue marqua une pause et Polis comprit qu'ils étaient arrivés. Son émerveillement absolu ne le prit pas aux tripes, son calme ne le traduisait pas.

L'endroit paraissait plus grand encore que l'étendue de l'océan. Le citron et l'ambré détonnaient. Les balistes se donnaient à cœur joie d'aller titiller les grandes feuilles accrochées aux parois. Les champs devant eux était si solaire qu'on aurait dit qu'ils donnaient naissance à leurs propres rayons, de la même manière que le nouvel acolyte de Polis, dans une moindre mesure. Un tout, toujours un tout.

Une gigantesque baleine frôla Polis qui ne l'avait même pas entendu arriver. L'animal était le plus gracieux de tous, de tout ce qu'il avait pu voir jusqu'ici. Il était assez proche pour entendre son chant. Il se retrouva nez à nez avec son œil et vécu le plus beau moment de sa vie.

Le fond était jonché d'amphores marrons brisées. Reposaient là les restes domestiques, là où le garçon n'aurait pas été étonné de voir du blé. Les anges écarlates aimaient s'y glisser à tel point que le sol était quasi vivant. La beauté seule répondait, cette escapade avait bien pu durer des années entières ou bien quelques secondes à peine.

Le passage de somptueuses raies mantas géantes faisaient s'envoler l'eau. Les amphores, en morceaux mais parfaitement lisibles, se soulevaient en leur sillage, accordées à leur lenteur. Pendant que son écho regardait devant lui, lui scrutait les bouts qui flottaient un temps avant de retomber. Il y voyait toujours figurer ces êtres d'or, communiant et cette fois portant leurs amphores, en y enfermant à l'intérieur une sorte de lampion allumé. Rien de plus que ça.

La statue pointa du doigt un calmar qui passait par là et fit signe à polis de s'y accrocher. Ils se laissèrent porter par l'animal, jusque là où le double, l'animal, ou les deux, voudront bien l'amener.

Deux aliens dans un océan de couleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant