La forêt brumeuse

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Quelques minutes après notre départ, nous ne vîmes déjà plus le village. La forêt était dense et la visibilité se faisait de plus en plus faible. Glen engagea la discussion :

- J'espère que tu t'es suffisamment reposée Iris, parce que la marche risque d'être un peu longue.

- Oui, je me suis endormis dès que je suis arrivée dans la chambre. J'étais épuisée, mais là avec le sommeil et le fait d'avoir mangé, je me sens beaucoup mieux.

- Parfait, j'espère que t'as apprécié ton court séjour chez nous

- Oui je vous remercie encore pour tout, sans vous j'aurais peut-être cédé au désespoir et je ne serais pas allée plus loin.

- Tant mieux, j'espère qu'un jour tu nous rendras la pareille si on arrive à s'aventurer au-delà des cascades et qu'on ait besoin de repos sur notre chemin.

- En effet, je ne manquerais pas de dire à ma reine combien vous m'avez aidé.

Glen souriait alors, puis, le silence régna de nouveau. La route fut longue et sinueuse, je me demandais comment il faisait pour ne pas se perdre dans cette forêt. Parfois nous devions monter par-dessus des racines imposantes ou contourner des buissons fournis d'épines. J'eus l'impression d'un mauvais pressentiment. Je sentais que quelque chose allait se produire et m'inquiétais en repensant à la conversation de Deomyr et de Glen la nuit précédente. Cependant, en ayant observé tout le paysage que j'avais traversé, je savais que sans Glen je me perdrais pour de bon. J'étais donc obligée de rester à ses côtés, mais évitais de trop me coller à lui. La distance que je maintenais manifestait ostensiblement une certaine méfiance, que Glen commençait à percevoir. Il devait alors redoubler de vigilance pour ne pas me perdre de vue sans pour autant trop se rapprocher par risque d'amplifier mon sentiment craintif. Après deux longues heures de marche, Je proposais de se reposer quelques minutes. Je compris que Glen se disait que si j'étais fatiguée j'aurais moins de force pour m'enfuir et refusa donc cette pause :

- Allons Iris, on est presque arrivés. On se reposera quand nous aurons quitté cette forêt il ne reste que quelques minutes de marche.

Je n'insistai pas davantage et acceptai de continuer notre chemin.

Glen disait vrai, dix minutes plus tard, la fin de cette forêt automnale se démarquait. Cependant un panorama inquiétant donnait lieu à la place. Les arbres épais et coloré laissaient place à des arbres plus distancés, plus fins et sans aucune vie. Les arbres n'avaient aucune feuille. Le sol lui aussi était d'un vide comparable, il s'agissait juste de terre sans aucune végétation. Plus anxieuse que jamais, je m'arrêtai et demandai :

- Tu es sûr que c'est par ici le chemin Glen ? Nous étions censés voir une falaise infranchissable ou bien des cascades abondantes. Je ne vois qu'un relief plat et vide devant nous.

- Oui Iris ne t'en fais pas, nous n'avions jamais dit que les hauteurs te ramenant à ton royaume étaient directement à la sortie de notre forêt. Mais ce n'est pas loin ceci-dit, c'est juste après ce chemin terreux.

- Mais... La rivière dans laquelle je me suis réveillée était dans la forêt, nous aurions pu y retourner et suivre le cours d'eau.

- C'est vrai, mais dois-je te rappeler que tu as marché presque une journée entière pour arriver de la rivière au village ? Alors qu'avec le chemin que nous prenons actuellement, nous en avons pour trois heures de marche seulement. Ne t'en fais pas, il ne reste plus que 30 minutes tout au plus.

- Mais nous devions nous reposer après la sortie. Rétorquais-je. Je m'assis à la seconde même où je prononçais cette phrase, d'un air mécontent.

- Aller Iris, on n'a pas de temps à perdre ! J'ai autre chose à faire de ma journée moi !

Glen m'attrapa par le bras pour me traîner de force.

- Non ! Mais qu'est-ce tu fais ?! Lâche-moi ! Lui implorais-je.

Je me débattais en tirant mon bras, en tentant de battre des ailes, toujours sans succès. Je n'avais pas la force de me libérer face à ce gnome qui faisait plus de deux fois mon gabarit. Je me résignais et suivis donc Glen avec une faible résistance en direction de cette forêt sinistre.

À peine franchit le seuil de ce sol macabre, la vision de l'atmosphère changea instantanément. Il faisait soudain très sombre, comme s'il faisait nuit. Le tout dans un paysage qui semblait déjà sinistre vu de loin, il y régnait une ambiance effrayante. À tel point que cela me paralysais le peu de force qu'il me restais et le suivais donc dorénavant sans aucune résistance.

Une désolation féeriqueWhere stories live. Discover now