2- Souvenir

154 1 0
                                    


Je suffoquais, j'étais sous l'eau. Je n'arrivais plus à remonter à la surface, mais une main se tend vers moi et me tire hors de l'eau. Je prends une bouffée d'air qui me brûle les poumons, qui en manquaient clairement. Les gouttes coulaient le long de mon visage, qui était bien trop petit pour mon âge, et c'est là que je m'en suis rendue compte.

Je devais avoir six ou sept ans. C'était au printemps et nous étions à la maison du lac au milieu des montagnes, il y avait mes parents... là, j'étais nostalgique, eux qui était toujours si enjoués et si attentionnés envers moi. Les longs cheveux blonds de ma mère qui avait une voix apaisante et mon père qui avait déjà des cheveux gris et qui n'hésiter pas à me soulever et me faire tournoyer dans tous les sens, accompagné des cris de ma mère car il n'était jamais très prudents surtout lorsqu'il me portais comme un sac à patate à un main et puis il y avait mon grand-frère, ce traitre qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à mon père dans sa jeunesse. Et Lui, celui de la veste en cuir.


En cette journée ensoleillée, j'étais au bord du lac les jambes dans l'eau, ma petite robe blanche en dentelle était assez courte pour ne pas toucher l'eau. J'étais haute comme trois pommes et mes cheveux blonds étaient aussi long que ma robe. J'étais hypnotisée par le reflet du soleil sur l'eau, ce halo si scintillant qui m'attirait, inconsciemment, j'avançais, doucement, m'enfonçant de plus en plus et puis je disparus de la surface. D'un coup, je n'avais plus pied et je coulais à pic, je ne me rendais pas compte de mon manque d'oxygène. Je ne bouge pas. Je ferme les yeux. Et puis c'est là que cette main m'avait sortie de ma torpeur. Une fois sur la rive, après avoir vidé toute l'eau en moi et repris suffisamment mon souffle, j'entendais le bourdonnement qui persistait depuis tout à l'heure dans mon oreille jusqu'à me rendre compte que c'était lui qui me criait dessus. 

-Merci, c'était le seul mot qui sortit de ma bouche et il se tut, sourit et m'ébouriffa les cheveux. Je le regardais, il devait avoir dix ans de plus que moi, à cette époque il semblait immense à mes yeux, son visage était à contre-jour et je ne me rappelais pu vraiment de ces traits à cet age là.

-Tu devrais faire plus attention princesse, je ne serais pas toujours là pour te sauver, avait-il dit d'un ton rieur.

-Pourquoi ? J'ai besoin de toi.
Mon ton était trop solennel pour une petite fille et ça le choqua, l'atmosphère vira tout d'un coup à un froid glacial.

On se retrouvait en plein milieu de cette grande salle quand tout s'était brisé et il n'était pas là, il était parti et j'étais seule face à tout ça. Dans ma sublime robe argentée, je devais être magnifique si on faisait abstraction de mon visage déformé par la rage, j'avais brisé mon verre de champagne et celui-ci s'écoulait d'une teinte rosée. Le souvenir d'antan s'était transformé en une terreur suffocante. J'avais tellement peur. Dans ce monde, la colère n'existait pu juste la peur.
Cette terreur qui me prenait à la gorge resta coller à mon sommeil, une fois réveillée tout disparaît et seul Son souvenir laisse une douceur acidulée en bouche.

Après plusieurs mouvements sous la couette et quelques injures, j'ouvris les yeux. La première chose qui me frappa fut le ciel dégagé et ensoleillé. Le ciel ? Et lorsque la douleur dans mon dos se fit sentir, je compris. J'étais dans le coffre. En essayant de me relever sans me prendre la porte je réussis enfin à me lever. La douleur bien présente, je m'étirais et craquais chacun de mes os me procura un certain plaisir. Les yeux encore embués et une étrange sensation en bouche, j'essayais de me rappeler la veille, tout en enroulant la couette autour de moi. Il me semble que je voulais juste regarder le ciel en mangeant mon bout de pain et finalement, je m'étais assoupie. Je le regrettais amèrement maintenant. La voiture était sur le bas coté d'une route de campagne déserte et le champ qui m'entourait s'étendait à perte de vue, mais était complètement mort en cette saison. En allant chercher mon sac à l'avant de la voiture, momifié dans ma couette, je pris un petit poudrier qui n'avait plus que son miroir en bon état, même si je pense qu'il aurait pu se briser à la vue de ma tête. Les cheveux blonds en bataille et des cernes profondes sous les yeux, je faisais assez mort-vivante, la seule chose qui allait été mes lèvres roses que j'avais hydraté une bonne vingtaine de fois hier. Après une rapide toilette en pleine nature, autant délicate que refroidissant, je me disais qu'il me fallait absolument trouver un endroit avec une salle de bain. Même si aujourd'hui, j'avais eu de la chance avec un temps favorable malgré la brise glaciale, celui-ci allait se dégrader plus on s'enfonçait dans l'hiver. Dans un vieux sweet à capuche bleu marine, j'avais essayé de dompter mes cheveux en une queue de cheval haute, mes muscles encore endoloris par cette nuit inconfortable se crispèrent un peu, de la buée sortait à chaque respiration et je me mis à ranger toutes mes affaires au plus vite. Une fois dans la voiture, je me suis rendu compte que mon visage avait viré pale et sûrement grâce (à cause?) au froid mes cernes avaient diminuée. Après mettre réchauffer un peu, je mets un CD que j'avais gravé avec certaines chansons, oui, je n'avais pas équipé ma voiture de la dernière technologie. La musique lançait, j'arrivais à la route principale, elle aussi déserte, je repris mon chemin et Time after time se mit à résonner, que j'aimais cette chanson, sa chanson.
Après une ou deux heures, je vis enfin le panneau d'une ville, une petite ville dont je n'avais jamais entendu parler. Il fallait que je m'arrête quelque part pour manger, mon ventre criait famine et il n'avait pas l'habitude d'être nourris si peu. La ville était assez banale plein de petit bâtiment de part et d'autre de la route, des commerces, des habitations et que sais-je encore, c'est là que j'aperçus un café, le café de Lilliane, pas très original. En sortant de la voiture, je m'étais mise à éternuer et mes mains se refroidissaient à vue d'œil, faisait-il plus froid ? Je m'emmitouflais dans mon écharpe et pris mon sac, les alentours étais parsemer de sapin et d'autres arbres (bien que défeuiller) et des bac à fleurs remplie de poinsettia en cette saison.

J'entre dans ce petit café qui était chauffer à température parfaite, un soupir de contentement et une jeune fille aux alentours de vingt-cinq ans, plus agée que moi, me salua avant de m'installer au comptoir. Un vieux comptoir de bois, en bouleau peut être, mais très lisse au toucher. Tout en regardant la carte, je reniflais, j'espérais ne pas être tombé malade, j'avais quand même dormi à la belle étoile le coffre bien ouvert en plein hiver, se serait un comble. Finalement, j'avais choisi les pancakes à la myrtille et un mocha. Je paye directement, je devais surveiller mes comptes, même si mon sac contenait une bonne partie de mes économies dont je ne pouvais vraiment pas me plaindre, je devais garder un œil dessus. Je ne pouvais pas me permettre de manger tous les jours dehors. Quand la grande tasse bleue arriva, j'étais amusé de voir un sucre d'orge dedans et la sensation de chaleur était d'un plaisir ! Le café était vraiment bon et me réchauffe parfaitement, je souris en regardant la chaleur s'échapper de la tasse. Puis quelqu'un ouvrit la porte, une petite cloche tinta, ce que je n'avais pas remarqué en rentrant, en tournant légèrement la tête je vis qu'elle était juste au-dessus de la porte et que ce quelqu'un était un jeune homme, au long cheveux noir était rentré, sans faire plus attention. 

Nouvelle RouteWhere stories live. Discover now