Chapitre 3

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Après le départ de Carly, j'ai eu un mal fou à me rendormir. Ses paroles me trottent en tête. Avoir une place quelque part. Je me sens en marge de la société depuis tellement longtemps. J'ai tout fait pour ne pas me laisser bouffer par la rue, j'ai conservé une certaine hygiène corporelle, j'ai essayé de ne pas me marginaliser. Mais comment faire confiance aux autres quand la personne qui est sensée vous aimez de manière inconditionnelle vous abandonne. Lorsque ma mère est partie, me laissant en plan, j'ai perdu foi en l'être humain. Surtout que pendant presque trois ans, j'avais pris soin d'elle, de nous deux...

Épuisée et avec mes douleurs qui reviennent, je ferme les yeux et tente de rejoindre à nouveau le pays des rêves. Je vais tenter de positiver, je suis dans un bon lit, je me suis pas vidée de mon sang, j'ai mangé et j'ai même le droit d'aller prendre une bonne douche si je le veux. Et puis, il parait que la nuit porte conseil.

Je suis réveillée par des petits coups à la porte de la chambre. J'ouvre doucement les yeux, il fait déjà bien jour. Les rayons du soleil passent à travers les rideaux et m'aveuglent un peu. La porte s'ouvre lentement et une jeune femme que je n'ai pas encore vue entre. Elle ne se semble pas beaucoup plus vielle que moi. Elle porte le même blouson que Carly et Tasha. Et elle a un plateau dans les mains sur lequel se trouve du matériel de soin, mais aussi un café et un muffin.

??? : contente de te voir les yeux ouverts. Moi, c'est Valérie, mais tout le monde m'appelle Val. C'est moi qui t'ai fait les points.

Je commence à me relever et grimace à cause de mes cotes.

Val : Vas-y doucement, t'as deux côtes cassées. Tu dois avoir super mal. Je t'ai apporté le petit dej et il faut que je nettoie ta plaie et que je te refasse un pansement.

Je parviens à m'asseoir dans le lit. Elle pose le plateau sur les draps et s'installe près de moi. Elle met à fondre des cachets dans un verre et me le tend.

Val : boit ça, c'est un anti-douleur et un antibiotique pour éviter une infection.

Moi : merci, même si je ne comprends pas pourquoi vous êtes aussi gentille avec moi...

Elle commence à s'occuper de mon bras.

Val : tu sais dans le club, on est très soudé. En sauvant Carly, c'est un peu comme si tu nous avais toutes sauvées... Tasha et Carly nous ont dits qu'elles t'avaient proposé de te joindre à nous. Tu es bien sûr libre de ton choix et je ne veux pas t'influencer...

Je ne dis rien, mais je crois que mon regard en biais est suffisamment parlant. Valérie me regarde et m'adresse un petit sourire.

Val : ok... On aime bien avoir de nouvelles sœurs, j'avoue. Mais tu sais, elles ne le font pas par pitié ou charité. Elles le font parce qu'elles ont senti que t'avais ce qu'il fallait pour être l'une des nôtres.

Moi : ça fait longtemps que tu fais partie du club ?

Val : 3 ans. J'ai fugué de chez moi lorsque j'avais un peu plus de 17 ans. Mon beau-père était trop... Tactile avec moi. À la mort de ma mère, le juge m'a placé sous sa garde alors j'ai fui... J'ai rencontré Tasha quand j'ai voulu lui piquer son portefeuille. Ça faisait trois jours que traînait dans la rue seule. Je mourrais de faim, je sentais le poney. J'étais un état, je te dis pas. Elle venait de fonder le club avec Carly, elles m'ont pris sous leurs ailes. Elles m'ont appris la moto, je me suis retrouvée, j'ai remonté la pente auprès d'elles. J'ai suivi des formations de soin et de mécanique... Je pense que sans elles, je serais sûrement morte à l'heure qu'il ait. Ça fait longtemps que tu vis seule ?

Moi : un peu plus de 3 ans...

Val : oh putain, mais t'es toute jeune.

Moi : pas beaucoup plus que toi. J'ai 19 ans.

Trouver sa placeWhere stories live. Discover now