20.

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Je suis peut être bien paranoïaque. Probablement. Puisque cela fait bien trois jours que "l'incident" est arrivé, que je ne dors presque plus. C'est horrible, mais j'ai l'impression que je ne suis pas seule, le soir, dans ma chambre. Alors je reste éveillée, comme une insomniaque une grande partie de la nuit. La lumière reste allumée, et je me tue à regarder des série, à lire des bouquins barbant que je trouve dans la maison la journée. La nuit, je ne sors jamais de ma chambre. Cette maison me file la chair de poule.
Rien qu'a voir les tapisseries, qui ornent les murs du couloir qui mène à ma chambre me donne envie de vomir.
Elles me font penser au fresque mythologique, des enfants y pleurent, d'autres sourient d'un air malsain, le tout mélangé à un rouge qui ressemblent à la couleur du sang. Horrible.

Mais le pire, c'est Harry, cet être si étrange et curieux : dès que je sors de mon refuge -ma chambre- il se trouve là, assis sur le fauteuil en face du couloir, comme s'il ne bougeait et ne vivait pas, et il me fait ce petit sourire en coin qui me donne envie de le frapper.

Mais aujourd'hui, je vais sortir. Je vais visiter la forêt, près de la maison. Elle n'est pas très accueillante, mais le soleil rayonnant donne l'envie de s'y risquer.

Lorsque j'ouvre la porte de ma chambre, je le trouve à la même place que je l'ai trouvé il y a quelques heures.

"Ou vas-tu ?" dit il, en regardant mes baskets.
"Je sors"
Je n'avais pas envie de lui dire où j'allais, de toute manière il le remarquera dès que j'aurais pris le chemin boueux qui mène à la forêt.

"La ville est à six kilomètres"
Un petit sourire se forma sur son visage, d'un air satisfait.

"Je ne vais pas à la ville." Je pourcourais la cuisine, pour attraper une bouteille d'eau dans un placard. Harry regardait tous mes faits et gestes, l'air ailleurs. Il songeait peut être à quelque chose d'affrayant. Il avait les sourcils froncés, lui donnant un air d'enfant inquiet.

"Oh" fut la seule chose qui sortit de sa bouche.

Mais lorsque je sortis de la maison, j'entendis sa voix rauque m'appelait.

"Quoi ?" dis je en me retournant.

"Je t'accompagne"
Non non et non. J'ai juste envie d'être seule. Pas question qu'il vienne.

"Pas question." Ces mots sonnèrent plus tranchant que je ne le voulais, et une lueur, que je pensais être de la tristesse passa dans ses yeux.

Je ne pensais qu'il puisse être triste, pour quoi que ce soit. Il a un air si sur de lui, pleins d'assurance, sans complexes ni ressentis.
Mais cette lueur passa très vite dans son regard, pour être remplacé par un visage neutre, et à cet instant, je me demandais si je l'avais vraiment aperçu ou non.

daughter of demonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant