Vel Vitrum

Chapitre 3

''Faites attention à vous.
J. I.''

Figée devant l'écriture soignée de la personne qui ne pouvait être nulle autre que Jakub, comme le confirmait les initiales, je mis quelques secondes à réaliser que le téléphone sonnait.

Je me dépêchais d'aller décrocher, désireuse d'occuper mon cerveau avec autre chose que les émotions contradictoires qui s'étaient mises à bouillonner en moi.

''Oui allô?''

''Kristie? C'est Asher. Je voulais m'assurer que tu allais bien, après hier soir. Est-ce que je t'ai réveillée?''

Des papillons voletèrent dans mon ventre, et un léger sourire apparus sur mon visage.

''Oh non,'' le rassurais-je. '' Je me suis levée un peu d'avance ce matin. Et je vais très bien, merci.''

''Pas trop de bleus de ta chute d'hier?'' demanda-t-il.

Je n'avais aucune idée de quoi il parlais et lui signalais. Il m'expliqua que vu l'endroit où il m'avait retrouvée, il avait assumé que je m'étais sortie des flammes avant de m'évanouir et de tomber au sol. Je fus stupéfaite, non pas par sa déduction totalement fausse, mais par ce que je venais de réaliser. Je me retournais vers le message de Jakub et le fixais, bouche bée, avant de bredouiller un petit quelque chose comme quoi qu'il avait raison, et que j'allais bien mais que je devais raccrocher. Au même moment, mon alarme sonna et j'entendis sa femme l'appeler a l'autre bout de la ligne. Il ricana, dis une blague qui faisait allusion a mon alarme et sa femme, et me dit au revoir, mais je ne l'écoutait déjà plus et raccrochais sans un mot.

Je me dirigeais vers ma chambre, perdue dans mes pensées.

Les seules personnes qui étaient présentent avec moi aux alentours de la maison étaient Asher et Jakub. Et Asher venait de me confirmer qu'il ne m'avait pas sauvée du buché, et j'avais pourtant étée portée à l'exterieur de la maison. Ce qui ne laissait qu'une seule possibilité, bien que très improbable. Mais le fait que Jakub était encore vivant aussi avait été très improbable quelques minutes auparavant. Je franchis le seuil de la porte de ma chambre lorsque l'alarme s'arrèta d'elle même. Je m'immobilisait et arrachais mon regard du sol.

Les rideaux étaient encore tirés, comme toujours, plongeant ma chambre dans une légère noirceur. Je ne les ouvraient jamais, sachant que je serais trop fatiguée le soir et trop pressée le matin pour m'en préoccuper. Mais je pus tout de même distinguer la silhouette masculine qui reposait sur mon lit, le dos accoté sur la tête de la structure, un bras passé derrière la sienne. Je reculais lentement dans le petit corridor, sans provoquer de réaction de la part de l'intrus, le coeur battant la chamade. Une fois hors de la chambre, je me jetais sur la porte du placard, mettant rapidement la main sur mon 9mm. Je me retournais vivement, fusil pointé vers ma chambre. L'homme marchait maintenant vers moi, mais s'arreta avant que la lumière ne puisse révèler son visage. Mais un détail révélateur ne m'échappa pas.

''Tu boite. C'est drôle, quelqu'un de ma connaissance à justement marché sur des pieux hier. Pour, assez étonnament je dois dire, me sortir d'un incendie. Et moi qui croyais que la seule personne qui était avec moi dans cette maison y avait laissé sa peau, avant que je ne trouve une note de lui ce matin même.'' Je laissait un sourire amère se former sur mon visage. ''On doit arrêter de se rencontrer de cette manière. Ce n'est pas nécessairement un passe temps sain que d'entrer par effraction chez les gens.''

Un rire bas et étrangement chaleureux se fit entendre.

'' Y foutre le feu non plus, ça n'est pas très 'sain', comme tu dis.''

Il s'avança et fixa la pointe de mon fusil, toujours tendu vers lui. Je sentais mes bras se fatiguer et su que je devrais le baisser bientôt si je ne voulais pas qu'ils commencent à trembler. Trembler lorsqu'on pointe un fusil vers quelqu'un n'est non seulement pas très menaçant, ce n'est d'autant pas une bonne idée. Il leva lentement la main, me demandant presque la permission du regard, et l'appuya doucement mais fermement sur les miennes pour que l'arme soit pointé vers le sol plutôt que vers lui.