L'héritière de Seena [en pause]

Chapitre 1 - Réveil et premiers contacts

       

         Le jour se levait et les oiseaux commençaient à chanter. Dieu qu'elle aimait ce réveil. Le printemps était enfin là, avec sa douceur et ses matins pleins de chants dans l'air. Et quel plaisir de se réveiller au son des oiseaux quand on avait fait un rêve plus que bizarre. Souriant, elle cligna les yeux pour les habituer à la lumière qui passait par la fenêtre mais se figea quand elle put enfin observer le plafond. Il était incroyablement haut et magnifiquement ouvragé. Alors, les souvenirs de son rêve - ou du moins ce qu'elle avait pensé être un rêve - lui revinrent à l'esprit.

        Elle se souvenait d'avoir fait la fête avec ses camarades de promo. Ils avaient enfin finis leurs partiels et pourraient profiter d'un peu de vacances - pour certains - avant de se lancer dans le monde du travail. Un homme avait attiré son attention. Il était vraiment beau mais elle avait aussi ressenti qu'il était très dangereux. Il avait un visage fin, des yeux argentés qui transperçaient tout ce qu'ils regardaient, et de très long cheveux qui reflétaient la couleur de la Lune. Elle s'était efforcée à détourner le regard pour se concentrer sur la fête mais où qu'elle aille, elle voyait sa silhouette. Vers minuit, elle l'avait vu partir vers la mer. La seconde d'après (en tout cas, ce qui lui sembla être la seconde d'après) elle se trouvait au bord d'une falaise. Elle allait rebrousser chemin, ne comprenant pas comment elle était arrivée là, quand elle avait entendu la voix d'une femme. Elle n'avait pas tout compris de ce qu'elle disait. La voix avait parlé de destin, de dragon et elle avait dit "Gayoma". Muiri ignorait à quoi correspondait ce mot, mais dans tout le fouillis de paroles, c'était l'un des mots qui lui était resté en mémoire. Ensuite, une lumière était apparut devant elle. Chaude, accueillante, attirante. Très attirante. Trop attirante. Muiri l'avait suivi. Et elle était tombée de la falaise. Elle avait vu la mer se rapprocher à une vitesse folle puis il avait fait noir.

         Je ne pensais pas qu'on avait une chambre de luxe dans l'au-delà, pensa-t-elle avant de se pincer. Aïe ! Non, je ne suis pas morte.

        Un mouvement au bout de la pièce la fit se redresser (elle remarqua ainsi qu'on l'avait changée. Où diable étaient ses vêtements?). Une jeune femme qui tenait un plateau avec un bol la regardait, figée. Muiri la sentait prête à hurler. Au lieu de quoi, elle dégluti, posa précautionneusement son fardeau sur la table, face au lit, et dit d'une petite voix :

         - Je vais prévenir le roi que vous êtes réveillée. S'il vous plaît, ne bougez pas.

         Et elle quitta la pièce dignement malgré son envie, évidente de fuir.

         Le roi ? Dans quel pays avait-elle atterri ? En tout cas, elle comprenait mieux l'opulence de sa chambre. Pour qu'ils l'aient mis dans une telle pièce, c'est qu'ils n'avaient à son égard que des intentions pacifique. S'ils avaient voulu lui faire du mal, ils l'auraient jetée dans un cachot. Décidant qu'il serait toujours temps de se poser des questions quand elle verrait ses hôtes, elle observa sa chambre. Elle était à la fois simple et d'une grande richesse. La sol en pierre était couvert d'un magnifique et immense tapis bleue nuit. Quelques meubles finement ouvragés ornaient la pièce : une immense penderie près du mur à sa gauche avec une coiffeuse en bois sculptée, une table avec deux chaises entre le lit et une première porte, un secrétaire avec...des encriers ? ainsi qu'une autre porte, à sa droite. D'énormes tapisseries habillaient les murs. Elles représentaient des scènes surnaturelles. L'une d'elle attira son attention. Elle représentait une scène de victoire. Une femme, très jolie, chevauchait un dragon blanc et bleu. La scène était censé lui être parfaitement inconnue. Pourtant, elle faisait vibrer quelque chose en elle. Un écho.