Chapitre 1

15 0 0
                                    

Je marchais le long de la mer. Je sentais cette eau froide caresser mes pieds, et la brise matinale frapper mon visage. Je m'arrêtais un instant et fermait les yeux quelques secondes. Mes boucles rousses suivaient le mouvement du vent, caressait mon dos quand il n'y en avait plus, puis se réenvolaient à la venue d'un nouveau souffle. Je rouvris les yeux puis repris ma marche tranquille, en laissant mes pensées vagabonder comme bon leur semblaient.

J'aimais bien me promener sur cette plage, tôt le matin. Le bruit des vagues qui s'échouent, du sable qui se frottent sous mes pieds, des goélands qui raillent. Du bruit mêlé au silence de la plage sans personne.

Mais ce matin, il y avait quelque chose de différent. J'avais le sentiment que cette journée serait différente, que ce ne serait pas une journée banale. Et j'avais raison. A mon grand étonnement, au loin, j'apercevais un homme. Il semblait ne pas bouger. Je me rapprochais. Doucement. Je commençais à l'examiner de haut en bas : vêtements mouillés -sûrement par la mer- cheveux bruns ébouriffés. Et ce corps, immobile, m'intriguais toujours. Cet homme était-il vivant ? Je n'osais pas le toucher. Et pourtant, je devais vérifier. Alors j'approchais mon oreille près de sa bouche en espérant entendre un souffle. Et ce fut le cas. Je sentis un souffle, très léger certes, mais je le sentis. Je reculais. Il était vivant. Je restais à l'observer quand il ouvrit les yeux. Il me regarda.

- Bonjour, dit-il.

- ...

- Madame ? Vous allez bien ?

Ma vue commençait à se troubler. Que se passait-il ? Puis plus rien. Juste du noir, partout. Quand je rouvris les yeux, l'homme était toujours là, assis à côté de moi. Il me fixait avec un regard inquiet.

- Vous m'avez fait peur. Vous vous êtes évanouie. J'ai prévenu les urgences. Elles sont en route.

Les urgences. Pas les urgences. Je me levai et partais en courant. Je jetais quelques coups d'œil derrière moi. Je voulais m'assurer que l'homme n'essayait pas de me rattraper. Je continuais ma course jusqu'à arriver chez moi. Je déverrouillais la porte d'entrée, rentrais dans la maison et refermais la porte derrière moi. Mon œil se posa sur le four qui indiquait dix-sept heures. Il était tard. Et pourtant, j'avais l'impression que tous ces événements s'étaient déroulés en une heure à peine. Je mis l'eau de la bouilloire à chauffer et me fis un thé. Je bus une gorgée. Cette eau chaude qui descendait dans mon corps me faisait du bien. Elle me réconfortait. Aujourd'hui, la journée avait été dure. Elle avait remonté de vieux souvenirs. Le genre de souvenirs qui fait pleurer, qu'on préfère oublier. Ou pas. Moi en tout cas, je préférais oublier. Mais c'était plus fort que moi. Depuis que l'homme avait prononcé ce mot : "urgence", je repensais à cette fille... Margaux :

"C'était un jeudi, je m'étais rendue à l'hôpital pour une simple visite et je l'avais croisée, elle. Plus précisément, j'avais croisé son regard. Un regard perçant, inoubliable, reconnaissable entre mille. Il était magnifique. Le jour suivant j'étais revenue, j'avais demandé le numéro de sa chambre, la chambre 12. Je ne connaissais pas cette femme et pourtant, j'avais l'impression. Je voulais lui parler, me lier d'amitié avec elle. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je sentais que je devais le faire. J'en ressentais le besoin. Alors je me rendis dans sa chambre. Elle me vit et me regarda. Elle semblait me reconnaître elle aussi. Je le devinais à sa manière de me regarder. On discuta quelques heures puis je partis. Le lendemain je revenais. Puis pendant six mois cette visite devint une routine. Tous les jours, à la même heure, je me rendais à l'hôpital pour la voir, discuter, passer un moment entre amies. Car oui, on était devenues amies. Mais ce jeudi, cela faisait six mois jour pour jour que l'on s'était rencontrée. Je rentrais dans la chambre et je la vit. Elle ne respirait plus. A ce moment-là, je n'y croyais pas, ce n'était pas possible. Des infirmières arrivèrent en courant dans la chambre. Elles me demandèrent de sortir. C'était fini. Ce fut la dernière fois que je la voyais. Au début, de pures inconnues, puis un lien s'est créé. Margaux était une personne géniale."

Après avoir ressassé ce souvenir, je décidais enfin de m'asseoir sur un fauteuil. Mon préféré, le rouge. Je finis mon thé, puis, petit à petit, je partis dans les bras de Morphée.

--------------------------

J'espère que le premier chapitre de cette courte nouvelle vous a plu. N'hésitez pas à donner votre avis. Si vous avez des remarques, des questions, que vous remarquez des fautes d'orthographe, vous pouvez les poser. J'y répondrais avec plaisir.

Bye :)

Mon prénom est parti avec toiWhere stories live. Discover now