Discussion avec le Choixpeau

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Les quelques minutes à attendre le professeur Dumbledore semblèrent durer une éternité pour Stacy pour deux raisons précises: la première étant la nervosité; la deuxième, l'impatience. Pourtant, il ne s'écoula que deux minutes exactement avant que le professeur ouvre une des deux portes de la Grande Salle et en ressorte promptement.

— Si vous voulez bien me suivre, dit-il d'un ton doux, mais autoritaire.

La jeune fille s'exécuta, marchant derrière le professeur. Ils ne firent que quelques pas avant de s'arrêter, à peine entrés dans la salle, et de refermer la porte derrière eux.

Stacy avait beaucoup lu sur Poudlard, mais rien n'aurait aussi bien pu décrire la Grande Salle que de la voir elle-même, en personne. Des chandelles tenaient magiquement dans les airs, sous le plafond enchanté couvert de nuages en cette soirée du 1er septembre. De longues tables rectangulaires, au nombre de quatre, remplissaient la pièce. Encore plus à l'avant, sur une petite estrade, était située la table des professeurs.

Le silence tomba soudainement dans la salle lorsque la porte se referma derrière le professeur et la future sorcière. Tous les yeux étaient rivés sur la nouvelle venue. Même les première année, ayant déjà été classés dans leurs maisons respectives —la cérémonie de répartition étant finie—, semblaient moins intéressants que la jeune fille qui venait de franchir la porte, accompagnée du professeur de métamorphose.

— Je me demandais justement si vous aviez changé d'avis, dit le directeur. Je commençais à trouver votre absence étrange, Miss Bouchard. J'ai cru pendant un instant que vous ne viendriez pas.

Ne sachant que répondre, Stacy ne dit rien. Un court silence plongea la salle dans un malaise profond.

— Je suis très heureux que vous soyiez parmi nous, continua-t-il finalement. Puis-je me permettre de vous présenter?

Un haussement d'épaules accompagné d'un regard interrogateur fut la réponse de la jeune fille.

— Chers élèves, je vous présente Stacy Bouchard, une nouvelle élève de cinquième année, annonça-t-il. Elle nous arrive du monde Moldu. Elle a démontré des talents magiques exceptionnels l'an dernier, ayant sauvé une personne d'une mort certaine. Il est assez inhabituel de développer des talents magiques seulement à cet âge, mais...

— Pardonnez-moi, Armando, l'interrompit le professeur Dumbledore,  mais je crois qu'il faudrait répartir Miss Bouchard dans sa maison. Il commence à se faire tard, et les cours commençant tôt demain matin, il serait judicieux d'envoyer tout le monde au lit dans peu de temps.

— Bien sûr, Albus, vous avez parfaitement raison, approuva le directeur. Maintenant, Miss Bouchard, dit-il, si vous voulez bien vous asseoir sur ce tabouret et mettre le choixpeau sur votre tête, il vous répartira dans votre maison.

Craintive, Stacy s'avança entre les deux tables au centre la pièce, s'assit sur le tabouret et entreprit de mettre le chapeau sur sa tête. Le professeur Dumbledore l'interrompit cependant dans sa démarche.

— Il est possible que vous ayez déjà lu cela dans un de vos livres, mais je vais me permettre de le dire au cas où ce renseignement vous aurait échappé dans votre lecture. Poudlard a été fondé par quatre personnes: Salazar Serpentard, Godric Gryffondor, Rowena Serdaigle et Helga Poufsouffle. Ils choisissaient les élèves qu'ils admettaient à l'école, mais ils étaient très différents et un conflit a fini par les opposer les uns aux autres. Ils ont donc décidé d'utiliser le choixpeau —le chapeau que vous allez mettre sur votre tête dans quelques instants— pour faire la répartition des élèves dans leur maison. Il y a quatre maisons, nommées aux noms des quatre fondateurs de l'école: Serpentard, Gryffondor, Serdaigle et Poufsouffle. Chaque maison requiert des qualités différentes. Vous serez classée selon vos aptitudes, vos valeurs et vos ambitions. Maintenant, je crois que vous pouvez mettre ce chapeau sur votre tête afin de vous faire répartir dans la bonne maison. Peut importe quel nom ressort, que ce soit Serpentard, Gryffondor, Serdaigle ou Poufsouffle, sachez que votre maison héritera d'une sorcière de grand talent.

Stacy prit une grande inspiration, puis plaça le chapeau sur sa tête. Elle sursauta en entendant une voix en sortir.

— Très difficile, dit-il. Oh oui, très difficile. Une très grande intelligence et une soif de savoir, un désir de connaissances, digne de Serdaigle, ainsi qu'une incroyable vivacité d'esprit. Beaucoup de courage, digne de Gryffondor, et un certain désir de transgression du règlement.  De la ruse et une incroyable capacité à mentir, digne de Serpentard. Encore ici, une grande intelligence, hors du commun dans ce cas, et un désir de transgression du règlement. Poufsouffle convient aussi, considérant le sang. Une née-moldue, n'est-ce pas? C'est très difficile de te placer. Les quatre maisons t'iraient bien. Tu as beaucoup d'ambition aussi. Gryffondor n'est pas pour toi, oh non, malgré ton courage, Poufsouffle non plus; Serdaigle t'irait mieux, tu as beaucoup plus de qualités convenant à cette maison, et Serpentard aussi. Eh bien, à quelle maison devrais-je t'envoyer?

La jeune fille se sentait observée par tout le monde, même si le choixpeau parlait à voix si basse qu'il était impossible que les autres l'entendent, même le tabouret, s'il avait eu des oreilles. Elle attendait le verdict du chapeau avec fébrilité. Ce n'est que quelques instants plus tard qu'il s'agita à nouveau.

— Je vais t'envoyer à... SERPENTARD!

Des applaudissements retentirent dans le coin droit de la Grande Salle. Parmi les plus vieux, certains se levèrent pour applaudir plus fort. D'autres se sautèrent dans les bras, heureux d'avoir un nouveau membre dans leur maison. Et au fond de la salle, un garçon aux cheveux foncés bouclés et aux yeux bleus était perdu dans ses pensées, touchant sa nouvelle insigne de préfet du bout des doigts, observant sans vraiment observer la jeune fille qui marchait en direction de la table des Serpentard.

Très vite, le directeur rappela les élèves à l'ordre. Il était l'heure d'aller dormir, malgré le vacarme provoqué par l'arrivée de la nouvelle à la table des Serpentard. Les préfets de chaque maison demandèrent aux première année de les suivre, et Stacy les suivit pour éviter de se retrouver seule, perdue dans un des sept étages de l'école.

Ils marchèrent pendant plusieurs minutes dans les corridors de l'école. Ils avaient utilisé quelques escaliers —peut importe que ce soit pour monter ou pour descendre; elle n'avait pas remarqué—. Elle découvrit avec étonnement que la salle commune était au sous-sol lorsqu'ils arrivèrent devant un mur dénué de peintures, un des seuls endroits de ce genre dans l'école puisque qu'il y avait des centaines de peintures sur les murs partout où on allait. Une porte dissimulée apparut lorsque le préfet (celui qui était assis au bout de la table des Serpentard dans la Grande Salle) prononça le mot de passe et tout le monde entra dans la salle commune.

Des fauteuils ouvragés étaient disposés près de la cheminée et des lampes de couleur verte étaient suspendues au plafond le long de la pièce de forme rectangulaire. Il y avait au fond de la pièce deux ouvertures dans le mur, ouvertures menant aux dortoirs respectifs de chacun.

— Les dortoirs des garçons sont à droite, ceux des filles à gauche, dit le préfet. Les garçons, faites attention de ne pas vous tromper, sinon vous serez repoussés dans la salle commune sans pitié. C'est un vieux règlement de l'école qui permet une certaine protection aux filles.

Tout le monde se pressa aux dortoirs, sauf Stacy et le préfet qui avait guidé les première année jusqu'à la salle commune. Presque au même moment, ils levèrent les yeux vers l'autre, se détaillant des orteils jusqu'à la racine des cheveux, et leurs regards se croisèrent. Ils ne se quittèrent des yeux que plusieurs secondes plus tard.

— Tu ferais mieux d'aller te coucher, dit-il d'un ton plutôt sec, après un long moment de silence. On a cours de potion demain matin.

— Bonne nuit, répondit-elle.

La jeune fille partit par une des deux ouvertures, mais revint dans la salle commune très peu de temps plus tard, honteuse d'avoir vu des garçons en caleçon. Elle vit une expression de jugement dans le visage du préfet et détourna les yeux, gênée, puis partit par l'autre ouverture, celle menant au dortoir des filles, cette fois-ci.

Dear Beloved - {Tom Jedusor}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant