Chapitre 13

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— Non chéri, tout va bien ne t'inquiète pas. Oui, elles dorment encore. Vers seize heures ? On a besoin d'un peu de temps...Merci. Moi aussi je t'aime, à plus tard.

Une fois son mari rassuré puis invité à rester encore quelques heures avec leur fille, loin de la maison, Martha mit son téléphone en mode avion et vint nous rejoindre dans le salon où nous avions tenté de dormir un peu, une fois rentrées du poste de police. J'y étais parvenue difficilement. Durant de longues minutes, les images de Phyllis Pervenche Pennybags en train de sauter du haut d'un toit et se fracassant le crâne sur le bitume avaient défilé devant mes yeux, puis celle d'un bébé qu'on abandonnait au bord d'une route de campagne et la vision cauchemardesque de Pennybags, transformé en un mort-vivant assoiffé de sang, qui arpentait les rangées d'un champ de maïs à la recherche du bébé... J'avais fini par succomber à la fatigue et j'étais tombée dans un sommeil lourd, profond...Accompagnée par le mort-vivant qui avait fini par trouver le bébé et qui l'avait déposé sur une espèce de rocher au beau milieu d'une forêt. Le mort-vivant reculait lentement, ne perdant pas de vue le bébé qui pleurait et remuait ses petits membres potelés. D'autres créatures s'avançaient et formaient un cercle autour du rocher. Elles avaient l'apparence humaine, du moins la morphologie, mais leurs visages...Ils avaient des têtes de loup énormes avec des yeux jaunes pleins de fureur et des crocs si saillants qu'ils n'auraient fait qu'une bouchée du bébé... Et puis le téléphone de Martha avait sonné et m'avait tirée de ce mauvais songe, pour me ramener vers une réalité non moins lugubre.

— Quelle heure est-il ? demandais-je avec une voix engourdie par le sommeil.

— Il est un peu plus de treize heures trente, chérie. Je suis désolée, je pensais avoir mis mon téléphone sur silencieux...C'est Tom...Il voulait savoir si tout allait bien à la maison. Il ne rentrera pas avant deux bonnes heures alors...Eleanor qui était couchée sur la méridienne à l'autre bout de la pièce se redressa d'un bon et déploya ses longues jambes en gémissant. Elles étaient probablement endolories par le manque de repos et par le stress que nous avions ressenti ces dernières heures.

— J'ai dormi longtemps ? s'inquiéta ma nouvelle sœur.

— Environ une heure et demie. Je suis désolé, je pensais avoir coupé le son de mon téléphone et mon mari a appelé pour prendre des nouvelles...

— Ce n'est rien. Merci pour votre hospitalité.

— Je t'en prie ma grande. Est-ce que vous voulez quelque chose à boire ou à manger ?

— En fait, je crois qu'une tasse de café nous ferait le plus grand bien maman...

— D'accord, j'en ai pour une minute. Et Martha prit la direction de la cuisine pour nous préparer un élixir de réveil. J'en avais cruellement besoin !

— Comment tu te sens ?

— Je ne sais pas...Mon père vient de mourir ainsi que deux autres personnes...Dans notre maison familiale ! Ma mère s'est suicidée, car elle ne supportait pas de t'avoir abandonnée...à cause de mon père qui était donc un salaud ! Il faut que je te regarde dans les yeux alors que je n'assume pas tout ça et alors que je ressens une drôle de culpabilité par rapport à toi et alors que je n'ai rien à me reprocher...Enfin tu vois, c'est pas l'idéal pour aller bien !

— Qui t'oblige à me regarder dans les yeux ?

L'air était asphyxié, l'ambiance électrique. Mais Martha revint avec un plateau qui comptait deux tasses de café fumant, ainsi qu'une carafe de jus d'orange et des madeleines brillantes, au doux parfum de beurre. De quoi détendre l'atmosphère et nous redonner des forces.

Une Soirée Lourde de ConséquencesOnde histórias criam vida. Descubra agora