Mon accident

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C'était notre première nouvelle, soyez indulgents s'il vous plaît ! Merci ! 

Je bats des paupières et découvre un plafond blanc. D'un blanc pur, dénué de vie. Ce n'est pas un blanc comme les autres. Ce blanc est froid et dur. Je me relève avec une sensation étrange et malsaine. Cet endroit, je le reconnaitrais entre mille. Une chambre d'hôpital. Une chambre qui respire la mort et les larmes. Une chambre qui a connu le destin tragique de nombreuses personnes. Mon père rentre, un sourire triste pendant aux lèvres. Il m'enlace, mais, je sens que cette étreinte est bizarre. Elle n'est pas fluide, naturelle, il semble y avoir un blocage.

-Ma chérie, me souffle-t-il à l'oreille.

-Papa, je vais bien, mais que s'est-il passé ?

-On est allés en voyage pour ton marathon, n'est-ce pas ?

-Oui, je m'en rappelle ! C'est toute ma vie, la course !

-Je sais, ma chérie, je sais... Tu as gagné, comme toujours. On était sur le chemin du retour et une voiture est rentrée dans la nôtre.

-Je ne m'en rappelle pas du tout !

Mon père essuie une larme du revers de sa manche. Ça m'inquiète.

-Papa, que se passe-t-il ? Oh non, ne me dit pas que Maman est...

-Non, Alice, ne t'en fais pas. Maman va très bien, elle est aux toilettes. Mais... Excuse-moi, je ne sais pas comment te le dire.

Il sort un mouchoir de sa poche.

-Les médecins m'ont dit que... tu ne pourras plus te servir de tes jambes, plus jamais. Oh, ma chérie, je suis tellement désolé !

Il me serre dans ses bras, une vraie étreinte cette fois. Mais je m'en fiche. Je suis en état de choc. Les larmes ne me montent pas aux yeux, étrange. Je ne peux pas y croire, ce n'est qu'un rêve. Un mauvais rêve. Un cauchemar. Pourtant, je suis bel et bien éveillée. Je vis un cauchemar. Maintenant que j'ai plus ou moins assimilé la nouvelle, je réfléchis aux conséquences. Plus d'athlétisme. Plus de course. Plus de marche. Plus rien. Mon petit monde dans lequel je me réfugiais pour échapper au stress, à l'école, aux moqueries et autres s'effondre. Je refuse de pleurer.

-On pourra me mettre une prothèse, n'est-ce pas ?

-Écoute, on va t'amputer les jambes, c'est obligatoire, mais on n'a pas l'argent pour t'acheter deux prothèses, j'en suis désolé !

Il s'approche pour me réconforter mais je le repousse.

-Je veux y réfléchir seule. Que personne n'entre dans ma chambre avant demain matin.

Mon père baisse la tête et sort en silence. Je me roule en boule. Moi, la petite Alice, qu'est-ce que je vais devenir ? Tout mon avenir était basé sur l'athlétisme. Je fais chauffer mon cerveau ainsi jusqu'à trouver le sommeil.

Dans la nuit

-Pst ! Alice !

J'ouvre mes yeux encore endormis. Je crois halluciner en voyant la silhouette imposante de mon meilleur ami, Alexis. Il fait de l'athlétisme avec moi. Son sourire éclatant me remplit de joie. Il tient un fauteuil roulant à l'entrée de ma chambre.

-Alexis !

-Chut ! Pas si fort, on pourrait t'entendre !

-J'ai trop de questions ! Que fais-tu là ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi...

-Ton père m'a tout raconté, Alice. Suis-moi, vite !

-Au cas où tu l'aurais oublié, je ne peux plus bouger mes jambes.

Il approche le fauteuil roulant et me porte telle une princesse.

-Tu es bien mise ?

Malgré la pénombre, je vois qu'il me sourit. Un sourire sincère, amical, chaleureux.

-Oui, je réponds.

Il me pousse dans les couloirs inanimés. Il n'y a aucun bruit, aucune lumière. Cette escapade nocturne m'enthousiasme à un point inimaginable !

-Où est-ce qu'on va ?

-Surprise !

Il sort par la porte arrière de l'hôpital. Il me pousse à travers les rues mal éclairées de cette ville dont je ne connais rien. On passe devant des magasins fermés, des bars de nuit et un night shop. Il s'arrête dans une glissade devant un garage fermé. Il sort de sa poche un trousseau de clés et appuie sur un petit bouton rouge. La porte se lève dans un bruit métallique. On passe devant un miroir et je me vois enfin depuis le temps. Mon teint hâlé, mes boucles brunes, mon sourire sincère et mes yeux marron, rien ne pourrait faire penser que je suis déchirée à l'intérieur. Une lampe grésille, puis s'allume. Je découvre alors un garçon recouvert de suie ou autre, je ne suis pas experte, aux boucles brunes. Il me sourit.

-Alors c'est toi ?

-Comment ça ?

Il me fait légèrement peur, mais je fais confiance à Alexis.

-Alexis ne t'a pas encore dit qui je suis ? Eh bien, je m'appelle Toby et je suis un apprenti mécanicien déjà bien avancé sans vouloir me vanter. Bref, j'ai le matériel et les compétences pour te faire deux prothèses gratuitement. Enfin, pas totalement, mais c'est Alexis qui a payé pour toi.

À ce moment précis, je ne retiens plus mes larmes.

-Merci, mille mercis ! Oh, j'aurais tellement aimé pouvoir vous sauter au cou !

-Tu pourras bientôt le faire ! On te faisait juste la surprise, mais il va falloir rentrer. Dans une semaine, tes jambes seront amputées et Toby te mettra des prothèses.

La semaine suivante s'est écoulée à une vitesse surprenante. L'opération était tout sauf douloureuse, le réveil un peu moins. Toby m'a placé les deux prothèses, j'étais aux anges. Mes parents étaient tellement émus par le geste bienveillant des deux garçons qu'ils sont allés les remercier en personne.

20 ans plus tard...

C'est encore moi, Alice ! J'ai maintenant 34 ans et je suis championne paralympique d'athlétisme ! Je suis évidemment restée en contact avec Alexis et Toby. Mes parents ont appris que Toby était orphelin et, pour le remercier de la bonté du geste qu'il a fait pour moi, ils l'ont adopté. Toby est maintenant mon frère et je suis tellement heureuse qu'il le soit ! Je suis fière de lui, il a reçu le prix Nobel des Sciences l'année dernière. Moi, je suis maintenant mariée à Alexis et nous avons deux magnifiques enfants : Alia et Mathéo. Je vis la meilleure vie possible et je serai éternellement reconnaissante envers mon frère, Toby. Il a réalisé mon rêve. En réalité, je ne le considère pas comme mon frère, non, bien plus ! Je le considère comme mon héros, mon super-héros !

Il était cent fois...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant