Il était cent fois...

Le fond

On est tous déjà tombé malade. Ou bien encore tombé amoureux. Peut-être même tombé dans la drogue. Mais moi, je suis tombée au fond. Au fond du gouffre. Le gouffre qu'est la vie. En réalité, je ne suis pas tombée au fond du gouffre, on m'a poussée au fond du gouffre. J'étais au pied du mur et j'apercevais les gens qui m'ont poussé tout en haut, en train de me narguer. Ironiquement, ils me tendaient la main. Mais, évidemment, le mur était trop haut pour que je les atteigne. Et ils le savaient parfaitement. Je parle toujours en métaphore, vous vous en doutez qu'on ne m'a pas réellement poussée. Tout le monde me prenait pour une folle. Jusqu'à ce que je rencontre Louise, la plus belle rencontre de ma vie, je n'en doute pas une seconde. Pour vous aider à comprendre comment je vais mieux maintenant, il suffit d'écouter les paroles de Louise. Enfin, plutôt cette conversation qu'on a eue toutes les deux.

-Louise, je ne sais plus quoi faire ! Je suis tombée au fond du gouffre qu'est la vie...

-Tout d'abord, il faut que tu changes ta vision de la vie. Imagine que la vie n'est pas un gouffre, mais une chaîne de montagne. Il y a des hauts et des bas, certaines montagnes sont plus hautes que les autres. Il faut juste que tu trouves le courage, l'énergie et la force de les gravir. Si certaines personnes t'ont fait tomber, il y a toujours moyen de remonter. Et puis, si tu as touché le fond, tu ne peux que remonter !

-Merci pour ces belles paroles, mais les personnes seront toujours là pour me rabaisser, à croire que c'est leur seule occupation.

-C'est ta montagne, ils n'ont qu'à aller sur celle d'en face !

-Ou alors je peux simplement les contourner.

-Si tu les contournes, ils te rattraperont par derrière et tu ne pourras plus les contourner cette fois.

-Et si je les poussais à mon tour, histoire de leur rendre la pareille ?

-Ouf ! Très mauvaise idée ! Une fois que tu auras brisé leur ego, ils reviendront dix fois plus énervés ! L'ego de ces gens-là, c'est comme une mauvaise herbe, ça pousse vite et c'est mauvais !

Ce jour-là, c'était la première fois depuis des années que j'ai ri. Maintenant, les rires, les doigts pointés dans mon dos, les critiques, les moqueries, tout ça ne m'atteint plus ! Si vous venez sur ma montagne, il vous faut un passeport, sinon, je vous renvoie fissa chez vous !