chapitre 8

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-« Comment peut-il ? », hurla mon père. « Je vais aller le voir ton Caleb ! On ne lui demande pas de s’en occuper juste de le reconnaître ! Et toi ? Pourquoi l’as-tu gardé tu as tes études, nan ? Tu n’as pas autre chose à faire  que te mettre enceinte ? Quand tu es responsable d’un enfant ce n’est pas rien Eden ! Crois moi j’ai l’expérience. Je ne te comprends pas, tu te conduis comme une idiote ! »

J’avais gardé mon calme, mes yeux étaient restés secs.

« -Papa, c’est mon choix. Je vais me débrouiller pour gérer mes études et lui, » je touchai mon ventre.  « Je suis responsable et majeure. Si j’ai décidé de garder le bébé, il y a plusieurs raisons. D’abord, je ne me résolvais pas à le tuer, et depuis que Mary a disparu quelque chose s’est cassé entre nous. J’ai besoin de quelqu’un à qui m’attacher, quelqu’un qui aura besoin de moi. Parce que Mary me manque et que vous n’avez jamais pu le comprendre. Vous croyiez que je m’en étais remise. Désolée de vous informer mais toujours pas. »

Je m’étais dirigée vers la porte, le cœur lourd, la gorge serrée. Mais c’était fait, j’avais réussi à exprimer ce qui me hantait depuis six ans. Ma main ripa sur la poignée rouillée de la porte, je me demandais si ils allaient me retenir, j’espérais sottement comme une petite fille.

-« Attends Eden, ma chérie !, » me retint ma mère.

Nous avions continué le repas dans une ambiance légèrement moins pesante, mais mon père avait juré de refaire le portrait de Caleb si jamais il le rencontrait.

C’est pour cette raison que je redoutais le moment où Caleb allait arriver dans cette chambre d’hôpital.  Mais bien que très en retard, il fût un moment où il arriva. Il portait son sweat bleu marine sans capuche et semblait sortir de la douche car ses cheveux étaient en bataille. Il était tellement beau. Mon père l’observa quelques instants et s’avança vers lui.

-« Qu’est-ce que tu veux à ma fille ? Pourquoi tu reviens après autant de temps ? Tu as même pas les couilles de reconnaître ton propre enfant ! »

Caleb tenta de s’approcher de moi et du bébé mais mon père lui barra la route.

-Ne la touche pas ! Ni Théo tu m’entends ? Tu lui as déjà fait assez mal comme ça !

Il avait un air menaçant que je n’avais jamais vu sur lui, et son corps était tendu, il était prêt à se battre. Cela m’émut, car je savais que chez mon père, c’était un témoignage d’affection envers moi et Théo.

-«  Laisse-le passer papa, »dis-je doucement mais fermement.

Maladroitement, mon père libéra le passage et faillit trébucher sur Courtney juste à côté.

« -Toutes mes excuses, jeune fille », s’excusa-t-il platement.

-«  Il est… magnifique, Eden, « murmura Caleb. « Comment il s’appelle ? »

« - Théo. »

-« Théo, » dit-il en souriant et en lui caressant la tête affectueusement. « Le test de paternité se fait quand ? »

« -Demain, il faut que j’aille le chercher dans une pharmacie, mais tu devras m’accompagner.

 - Merci d’accepter ce test, » dit-il comme si j’avais le choix.

« - Oui, ne t’inquiète pas. Ca ne fait rien. »

Trois jours avaient passé, trois jours que je passais à me ronger les ongles et à m’arracher les cheveux, tellement j’étais nerveuse. La lettre devait arriver dans la journée pour savoir enfin si Caleb était bien le père de mon enfant. Pourtant cette peur était insensée parce que je n’avais couché avec personne sauf lui cette année. Je tapotai  mes doigts contre la table où je prenais mon café. Je n’avais pas dormi la nuit, Théo s’était réveillé au moins sept fois cette nuit. Je dessinais et redessinais des cercles avec mon doigt sur la toile cirée quand le facteur arriva près de l’immeuble. Je me précipitai vers les escaliers, manquant de glisser à plusieurs reprises sur une des marches. J’attrapai prestement la lettre que le facteur tenait dans sa main, lui glissant un rapide bonjour endormi. La lettre était bien là, entre mes mains. Mais je n’avais plus envie de l’ouvrir. Mon pied martela le carrelage usé du rez de chaussée et je montai lentement les marches  jusqu’à mon appartement.  Je m’installai dans le canapé.

« Caleb Howell est exclu en tant que père biologique de Théo Wheeler. Basé sur les tests génétiques ci-dessous, l’indice de paternité combiné (chances génétiques en faveur de la paternité) est de5,000.

La probabilité de paternité est de0, 01%. »

Je regardai le tableau en dessous. Il n’y avait aucune chance que Caleb soit le père de mon enfant. Aucune.

 #louise

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