Stress Post-traumatique [ Marquez Brothers]

23. Vomis !

Marc Marquez

Notre grand-mère. La seule personne sur cette Terre qui terrorise suffisament Alex pour qu'il parle, mange et s'hydrate normalement. Même mon père n'y arrivait plus. Même Quarta ne pouvait rien faire. Elle me tend une tasse de thé et j'en bois une gorgée après l'avoir remercié.

"Dis moi ce qu'il se passe, Marcito...

- On a eu...

- Je sais, cabròn ! Je ne suis pas stupide !

- Il a voulu faire croire qu'il était responsable."

Elle jure en catalan et je souris doucement. J'adore ma grand-mère.

"Et maintenant ?

- Maintenant on essaye de le relever. Ses amis essayent. Son mec essaye. Moi aussi j'essaye. Je fais tout ce que je peux mais c'est pas facile. Tu te doute bien que sinon, on l'aurait pas traîné de force jusqu'à chez toi.

- Ton père m'a dit ce que tu avais fait. Le rejeter. Lui faire vivre l'enfer. Et j'ai eu un des amis de ton frère au téléphone. Luca. Très gentil. Très bavard, mais très gentil. Surtout quand il m'a annoncé que tu avais organisé le passage à tabac de ton petit frère."

Elle commence à me houspiller et je fronce les sourcils en voyant Alex s'enfermer dans la salle de bain. Sale petit con de merde !

"Excuses moi, Mamita. Je sais que tu détestes qu'on t'écoute pas, mais ton p'tit fils chéri va faire une connerie je le sens.

- Je te laisse gérer, je vais chercher du bois pour la cheminée. Fais doucement où je te botte le cul à coups de cannes, petit con !"

Elle se relève et va dans le jardin. Je vais jusqu'à la salle de bain et ouvre la porte. Alex relève la tête vers moi et je serre les poings à la vue de la plaquette de médicament qu'il a entre les mains.

"Vomis !"

Il secoue la tête et je m'approche de lui. Je chope son bras et le met en position : à genou devant la baignoire, la tête penchée au dessus.

"Vomis ou je te force à le faire, crétin !"

Quand il secoue à nouveau la tête, c'est moi qui commence à le secouer, agacé de son comportement de merde.

"Si tu vomis pas maintenant, je te jure que j'appelle Fabio et qu'il va s'occuper de te faire vomir en quelques secondes. Je suis sûr qu'il en est capable."

Mon frère ferme les yeux et je caresse ses cheveux. Je sais qu'il déteste vomir. Tout le monde déteste, mais lui c'est encore autre chose. Émétophobe, je sais qu'il va se sentir vraiment très mal après avoir vomi. Mais c'est de sa faute à ce gros crétin. Je détourne le regard quand il commence à se faire vomir et je frotte son dos, attendant qu'il est terminé. Quand c'est fait, il se laisse tomber sur les fesses, les larmes aux yeux, proche de la crise de panique.

"Alex..."

Il sanglote et j'adorerais me mettre à sa hauteur mais je ne peux pas. Je caresse ses cheveux alors qu'il se met à pleurer à chaudes larmes. Il craque pour de bons. Pour la première fois depuis des semaines : il s'autorise à pleurer devant quelqu'un et c'est déjà un grand pas. Je lui fais des papouilles et il se calme, posant sa tête contre mes genoux. Il est détruit. Complètement anéanti. Parce que j'ai été un trou du cul pour un mec qui n'en vallait même pas la peine.