22. Bouge ton cul, on pars dans 10 minutes chrono.

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Alex Marquez


La porte de ma chambre s'ouvre et mon frère entre, refusant l'aide de notre mère. Elle me lance un bref regard et referme derrière son fils préféré. Il s'approche de moi, un sac de voyage à moitié plein sur les jambes.

"Quoi ?

- Eh ! Oh ! Commence pas, hein !?

- Je veux être seul.

- Pour mieux te couper ?"


Il fait un signe du menton vers la lame à mes côtés. Je rougis et la range dans mon tiroir.

"Bouge ton cul, on pars dans 10 minutes chrono.

- Je crois p...

- C'était pas une question Marquez ! Tu te bouges ! Allez !"


Il tire sur la couverture de mon lit et je râle, mes jambes se trouvant découvertes. Son regard longe les quelques cicatrices sur mes cuisses et je vois son regard se voiler de tristesse. Je suis un abruti fini... 

"Allez, Al' ! Dépêches...

- Je t'ai dit que je venais pas, putain de merde !

- Allez, p'tit frère...

- J'ai dit non !"


Il insiste plusieurs fois en peu de temps et je tente de l'ignorer. Quand il se rend compte que je ne lui répondrais pas, il me balance le sac dessus.

"Bouge toi, putain ! J'en ai marre de voir la loque humaine que tu es devenu, merde ! Tu crois que Fabio va rester longtemps avec le tas de merde que tu es en train de devenir ?"


Je le fusille du regard et m'apprête à lui lâcher une remarque bien sèche, mais ses yeux brillants me prouvent qu'il est à bout de nerf. Il ne réussit même plus à me motiver, ni à me supporter. Il va rendre les armes. Et bizarrement, ça ne me réjouis pas. Le voir aussi mal à cause de moi me fait encore plus de mal que ça n'est déjà le cas.

"Tu te rends compte que tu es en train de détruire ton mec ou pas ? Que tu es en train de détruire notre famille ? Bouge toi, Al' ! Par pitié, lèves ton cul, habille toi, prends des fringues et on part ! Si tu le fais pas pour toi ni pour moi : fais le pour Fabio."


Je souffle pour la forme et me lève, enfilant un bas de jogging et envoyant quelques fringues au fond du sac qui traîne sur mon lit. Je suis en train de faire craquer tout le monde avec mes conneries et je le sais très bien. Quand le sac est près, mon frère sort de ma chambre et je le suis. Quand j'arrive devant notre père, celui-ci a un bandeau entre les mains. Je souffle mais me laisse faire, sans broncher. Quand Marc et Julia Marquez ont une idée derrière la tête, faut même pas espérer la leur faire oublier : c'est peine perdue. Les yeux bandés, je sens qu'on me déleste du sac de voyage. Mon père pose une main sur mon bras et me guide avec sa main et sa voix pour que je ne trébuche pas ou que je ne me fasse pas mal. On monte en voiture et je soupire. Je sais pas ce qui a encore traversé leurs esprits, mais ça pue la connerie. On m'aide à m'attacher et la portière à mes côtés claque. Je stresse mais je tente de garder mon calme. Tout va bien se passer.

"Al ? Ca va ?

- Je me sens pas bien, Marcito."


Il demande un truc à notre père qui répond. Quand une main se pose sur la mienne, je me crispe un peu.

"Eh... Doucement, Alexito. C'est moi."


La voix de mon aîné me rassure et je tente de me détendre. Sa main remonte sur mon poignet et il commence à faire le signe de l'infini, comme quand on était petit. Je respire longuement et je me calme peu à peu. Je suis aux côtés de Marc et mon père s'apprête à nous conduire quelque part. Il n'y a aucune raison que quoique ce soit se passe mal.

Stress Post-traumatique [ Marquez Brothers]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant