18. Autodestruction

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Fabio Quartararo

Je me laisse tomber dans le canapé de Zarco en soufflant. Il me tend une bière et je secoue la tête. Je ne bois jamais. Surtout pas un week-end de course. Je sais qu'il s'inquiète pour Alex. Et pour moi qui passe de plus en plus de temps avec l'espagnol. Selon lui, le catalan a un comportement autodestructeur qui se répercute sur moi. J'ai beau lui maintenir que c'est faux, au fond je sais que je suis pas bien. Mentalement ça commence à être dur. J'essaye d'aider au mieux Alex mais c'est vraiment pas simple et chacun des gestes qu'il fait pour se faire du mal me blesse psychologiquement.

"Je sais que ça te fait chier quand je te le dis, mais va falloir arrêter tout ça. Tu te fais du mal, mec. Je veux bien que tu sois dingue de ce mec depuis des mois, déjà, mais il faut que tu ouvres les yeux : il n'est plus le même. Sa souffrance devient la tienne et j'aime pas ça.

- Jojo, s'te plaît, pas ce soir... J'ai juste besoin d'oublier que je viens de l'embrasser... Avant de fuir comme un lâche.

- Fab !"


Je hausse les épaules. C'est pas de ma faute. J'ai juste pas assumé. J'avais peur des répercutions et je ne voulais pas me retrouver à devoir m'exprimer.

"Tu vas me faire le plaisir de retourner le voir et de parler avec lui. Non mais sans déconner ! Tes parents t'ont mieux élevés que ça, quand même !"


Il tire sur mon bras et me pousse vers la porte. Quand il l'ouvre, c'est pour tomber nez à nez avec Alex. Johann ricane et me tire en arrière.

"Je vous laisse parler, vous en avez besoin. Fab' envoie juste un message quand vous aurez terminé. Pas de bêtise, surtout."


Je lui frappe le bras avant qu'il ne sorte. Quel con ! Il est pas croyable avec ses conneries.

"Je suis désolé d'être parti comme un lâche...

- C'est okay, ne t'inquiète pas. Je m'y attendais un peu. Et je savais où j'allais pouvoir te trouver ensuite, Fab. Mais on peut en parler ?"


Je hoche la tête et lui fait signe de s'asseoir. Il le fait et je m'installe en face de lui. Je joue nerveusement avec mes doigts et souffle un peu. Je suis incapable de savoir pourquoi je suis parti comme un idiot. Par peur ? Par stresse ? C'était idiot de ma part et je me déteste d'être parti. Alex m'observe en silence et je me sens stressé.

"Je comprends que tu puisses ne pas avoir envie de te lancer avec moi, tu sais ? Ca signifierais te mettre tout le monde à dos, devoir te battre contre tout le paddock parce qu'ils sont tous d'énormes trous du cul à me détester. Ca signifierais devoir supporter chacune de mes crises, chacun de mes moments de bas et ils sont nombreux. Je comprends et je n'ai pas envie de te l'imposer. Je suis instable, je le sais. Et j'ai peur de te faire du mal en m'en faisant, mais le problème, c'est qu'à l'heure actuelle, je n'arrive pas à voir d'autre solution. Je sais que c'est idiot mais... Je suis comme ça. J'ai merdé, je dois assumer.

- T'es pas obligé de rejeter ton frère. T'aurais pu le récupérer... Je comprends pas...

- Y a rien à comprendre, Fabio. J'ai besoin qu'il me déteste. J'ai besoin que tout le monde me déteste. 

- Moi je te déteste pas. Il en est hors de question."


Il baisse les yeux et je pose mes mains sur les siennes. Je ne le laisserais pas tomber. Il a beau s'auto-détruire, je refuse qu'il s'effondre sous mes yeux sans rien faire. Je me battrais pour qu'il soit fort. Je me battrais pour qu'il s'en sorte. Je serais là pour lui, même quand il voudra que tout le monde le déteste.

Stress Post-traumatique [ Marquez Brothers]Where stories live. Discover now