Chapitre trente deux

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Chapitre trente deux : Astrid


D'après le sourire machiavélique que Sacha, ma future professeure, adressait à Orion, le moment était venue de s'éclipser discrètement. Me déplaçant de la façon que mon "père" m'avait enseigné, je longeais silencieusement le mur qui encadrait ma porte de sortie. Jetant un regard autour de moi, je remarquais que toutes les personnes, excepté Orion et Sacha, sortaient de la salle. Eux aussi avaient sentie le danger émanant de la dragonne en colère.

Me retrouvant enfin dans le couloir, je pus prendre conscience que, pour l'instant et pour la première fois, j'étais seule. Maintenant à l'abri des regards, toutes les informations et événements de ces derniers temps me revinrent en mémoire. Malgré moi, je sentis des larmes essayaient d'embuer mes yeux et je perçus un poids énorme s'abattre sur mes épaules. Consciente que les loups garous allaient bientôt sortir de la pièce, et ne voulant pas craquer devant eux, je me dirigeais au bout du couloir. Passant devant une porte marron et une porte blanche, j'empruntais l'accès gardé par un battant gris.

Je ne savais pas si c'était mon instinct de dragon ou juste la chance, mais quoi qu'il en était, je me retrouvais à présent dehors, pour mon plus grand bonheur.

Fermant les yeux pour essayer de canaliser le surplus d'émotions qui menaçait de me submerger, je sentis un grand courant d'air venir me chatouiller le visage. Après quelques secondes à retenir ma respiration, je poussais un long soupir d'aise.

Le temps paraissait clément et il régnait une atmosphère chaleureuse dans ce monde. Le temps idéal pour admirer les étoiles et la lune en somme. D'après mon horloge interne, qui était plutôt fiable, il devait être dans les vingt deux heure du soir, aussi, lorsque je soulevais mes paupières, je m'attendais à trouver un ciel nocturne et étoilé. Problème, j'avais pas pris en compte qu'on m'avait changé de planète et du coup, on était à peine en début de matinée ici. Et en plus, leur soleil était violet. Violet! Bon, au moins il y en avait qu'un, enfin je croyais. Mais mettons ce détail de côté pour l'instant, sinon ma tête risquait d'exploser.

Pris d'une irrépressible envie de pleurer sans aucune raison, je m'assis sur les marches qui séparaient la terrasse de la foret en me prenant la tête dans les mains. J'étais en train de respirer bruyamment tout en tentant de retenir mes larmes lorsqu'un bruit de porte se fit entendre derrière moi. Tournant vivement la tête en lançant le regard le plus mauvais dont je pouvais faire preuve, je vis Aeden le mercenaire s'approcher doucement de moi, comme un prédateur qui s'approchait de sa proie.

- Pourquoi tu es sortie ?

Je ne voulais pas lui avouer la véritable raison, je ne voulais pas qu'il me trouve faible, aussi, j'annonçais la première chose qui me vint à l'esprit. Une excuse stupide assurément.

- Je voulais admirer les étoiles.

Même si l'excuse était pourrie, ma voix elle, n'avait pas tremblée ni flanché, et c'était pour moi une petite victoire. Sauf que l'oeillade que me lança le mercenaire me prouva qu'il n'était pas dupe de mon petit manège.

- En plein matinée ?

En une seule question, en trois mots, Aeden réussi à exploser en mille morceaux le récipient dans lequel j'essayais tant bien que mal de retenir toutes les émotions que je ressentais depuis que j'étais arrivée sur cette planète de dingues.

- J'avais pas vu qu'on était le matin ok!

Une larme dévala ma joue, puis une autre, et encore une autre. Devant moi, le mercenaire me regardait, effaré, tout en lançant des oeillades paniqués autour de lui. De gros sanglots me secouaient les épaules et de l'eau salée maculait mon visage. Bizarre, habituellement, j'étais très peu émotive, qu'est ce qui m'arrivais encore ?

- Ça va ?

Toujours en train de pleurer, j'essayais tout de même de mettre de l'ordre dans mes idées pour répondre à Aeden. Peut être qu'énoncer ce que je ressentais à voix haute m'aiderai à me sentir mieux ? En plus, il fallait vraiment que je décharge ma frustration sur quelqu'un et comme cet abruti de loup était là, bah, tant pis pour lui. Relevant vivement ma tête vers lui, je me mis à lui crier dessus de façon haché et hystérique.

- Bien sur que non je vais pas bien! Tu vois pas que je suis en train de pleurer! Ma vie vient de partir en vrille, je sais même pas pourquoi je suis triste ni pourquoi je pleure et en plus, je suis en manque de chocolat!

Aeden eut l'air de vouloir me réconforter sauf que, tout à coup, et détournant son attention, mes ailes réapparurent dans mon dos. Mais j'en avais marre!

- Et pourquoi mes ailes se déploient ?

Je sanglotais encore, me tapant au passage la plus grosse honte de toute ma vie. Heureusement pour moi, je n'avais pas l'air de me décoller du sol. 

- Je pense qu'ils appariassent lorsque tu éprouves des émotions fortes.

Fixant d'un regard ahuri le petit loup, je sentis la colère monter doucement en moi, ce qui eut pour effet de tarir mes larmes.

- C'était une question rhétorique!

Mais il connaissait rien à la psychologie féminine ou quoi ? Quand une fille était énervée, il fallait juste se taire et hocher de temps en temps la tête et sous aucun prétexte, la contredire ou la faire rager d'avantage! 

- Ah

Cette simple interjection me fit repleurer de plus belle.

Après quelques minutes à me ridiculiser, je réussis enfin à canaliser ma respiration et à faire cesser mes larmes. Dans la foulée, Aeden avait pris place à mes côté sur les marches du perron et à présent, on fixait tous les deux la forêt situait devant nous d'un air gêné, un silence pesant planant entre nous. Décidant que c'était à moi de briser ce malaise, je lançais la conversation

- Pourquoi t'es là ? 

Mon ton était peut être un peu trop tranchant. 

- Je voulais m'assurer que tu allais bien. Ça doit être dur à encaisser. 

Aeden continuait d'éviter mon regard, aussi, je décidais de faire rentrer en scène mon légendaire sarcasme pour le pousser à me regarder, et aussi parce que j'étais de mauvaise humeur. 

- D'apprendre qu'on est une princesse pourchassé par un magicien sadique ? Naaan. 

J'allongeais exagérément mon dernier mot dans l'espoir qu'il saisisses l'ironie tout en effectuant un petit geste de négligence de la main droite. Bien qu'il eut l'air de comprendre que je me moquais de lui, le mercenaire continua. 

- Je voulais dire, d'apprendre que tes parents ne sont pas vraiment tes parents. 

Aeden daigna enfin m'accorder son regard gris, et ce dernier était remplie de curiosité. Ce type était vraiment bizarre. Poussant un soupir sonore, ce fut ce coup ci moi qui détournait la tête pour fixer la verdure. 



Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant