XIX/ AEDEN

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Dehors, la tempête ne semblait pas vouloir se calmer. La terre et le ciel avaient l'air de se fendiller en deux.

Ma meute était sur les nerfs, la météo les rendaient nerveux, et je les comprenais.

D'après mon raisonnement, tout cela était à cause de l'arrivée d'Astrid sur notre planète. Elle était humaine et n'avait rien à faire chez nous. Bien sûr, elle m'avait sauvée la mise, mais si elle mettait en danger notre monde, je comptais bien la tuer. Ou juste la renvoyer dans son monde.

Pour l'instant, un seul élément de mauvaise augure était apparut, le mal pouvait donc surement être encore réparé.

Alors que les loups présents dans le salon conjecturaient sur la raison des intempéries, Auxanne se mit à regarder par la fenêtre. Seul lui semblait avoir remarqué du bruit dehors mais, en y regardant de plus près, je pus distinguer une silhouette au travers du torrent de pluie.

Cette dernière marchait vers nous d'un pas déterminé et, il semblerait, un peu furieux. Le fait que je ne l'ai pas remarqué plus tôt prouvait à quel point l'attaque m'avait affaibli. En temps normal, je l'aurais senti ou même entendu avant même qu'elle n'entre dans mon champ de vision.

Après que tous l'ait remarqué, le silence se fit dans la salle, attendant que notre tueuse franchisse le pas de notre manoir, vu qu'elle semblait se diriger dans notre direction.

Quelques minutes s'écroulèrent ainsi, dans un silence pesant, lorsqu'enfin, Astrid ouvrit notre porte d'entrée de manière théâtrale, la faisant rebondir contre le mur et la claquant aussi fort qu'elle paraissait en être capable.

- Eh les saletés de loup garous psychotiques! Vous êtes où bande d'enflures ?!

Oh moins ça avait le mérite d'être clair. Elle nous en voulait pour sa petite escapade dans les bois.

- On est dans le salon. Tourne tout de suite à droite.

À peine Auxanne avait lancé sa phrase qu'une furie recouverte de sang déboula dans le salon rouge, la faisant s'accorder à merveille avec les murs. Toutes les personnes présentes avaient un petit sourire collé au coin des lèvres, même Honey la Furieuse - même si venant d'elle, ce sourire était probablement dû au malheur de la petite aux yeux bleus.

Astrid avait l'air en rage, ses cheveux bruns dégoulinaient de sang et étaient collés à son visage. Sa robe de papier était aussi rouge que détrempée et tout le reste de son corps était rose, en passant de sa tête à ses bras et en terminant par ses pieds nus. Mais le pire restait encore son expression. Ses sourcils étaient froncés, ses lèvres étirées en une ligne droite et serrée. Ses yeux bleus semblaient lancer des éclairs et des rides apparaissaient sur son front. Tout son corps paraissait crispé sous l'effort qu'elle avait l'air de faire pour se retenir de se jeter sur nous.

- Tiens, tu es revenue petite humaine.

Auxanne se foutait de sa gueule et elle sembla s'enrager plus encore.

Après coup, elle fixa ses yeux saphir sur l'alpha, tournant sa tête d'un coup vers lui. Ses yeux semblèrent transpercer le loup, car ce dernier perdit de son sourire et recula d'un pas, près du rebord de la fenêtre.

Face à la réaction de mon frère, tous les loups tournèrent leur visage vers Astrid, mais cette dernière ne sembla même pas les remarquer, son attention focalisée sur le « responsable » de ses malheurs.

- Tu m'as terrorisé pendant toute une soirée, fait opérée illégalement ton loup garou, forcé - bon indirectement je te l'accorde - à tuer un vampire, fait plongé dans un monde surnaturel, kidnappé en m'expatriant durant mon inconscient et sans mon accord sur une autre planète! J'ai failli finir tuée ou attachée dans une cave à cause de l'autre rouquine sociopathe!

En prononçant ces paroles, elle pointa Honey du doigt.

- J'ai été jeté en pâture à Flocon le loup avant de me faire larguer dans ce monde qui m'est totalement inconnue, pieds nus, en petite culotte et robe de nuit en papiers et en plus, ton loup m'a balancé d'une fenêtre du deuxième étage!

Elle s'interrompit dans sa tirade pour me lancer une oeillade assassine.

- Ensuite, je me suis fais prendre en chasse par un dragon, ai failli me faire bouffer par une maman cerbère et une fourmi de la taille d'un bus avant qu'une pluie de sang me tombe sur la gueule et tout ça en moins de vingt quatre heure! Alors pour vous la faire courte, j'ai maintenant une folle envie de vous enfoncer à vous tous mon poing dans la gueule si profondément que pour vous brosser les dents, vous devrez vous torcher le cul!

Tout le long de sa tirade, sa voix avait augmenté de volume crescendo et ses mains avaient fait des gestes bizarres et amples.

Toutes les personnes présentes gardaient le silence, peut être pour s'empêcher de rire ou bien pour éviter de la contrarié encore plus. Dans tous les cas, notre petite tueuse de service avait réussi à faire fermer son clapet à quinze loups garous plutôt agités, exploit que beaucoup d'êtres surnaturels auraient payé pour voir.

Quelques minutes s'égrenèrent ainsi, dans un silence total. La pluie s'était enfin calmée et le calme régnait désormais sur nos terres.

Seul Auxanne eut la témérité de braver le regard glacial d'Astrid, la fixant dans les yeux intensément avant de déclarer d'une voix quelque peu... moqueuse ?

- Tu sais petite tueuse, c'est toi qui a voulu t'enfuir de la maison sans même essayer d'avoir une discussion avec nous.

Alors qu'Astrid commençait à s'avancer dans l'espoir évident de passer sa colère sur mon frère, l'une des fenêtre du salon explosa.

Des morceaux de verre entrèrent dans la salle et le vent s'y engouffra. Le projectile qui avait brisé le carreau - une flèche - s'élança à une vitesse surprenante vers sa cible - nommée Astrid la tueuse!

Les Ombres des Mondes : la reine dragonne et le mercenaire noirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant