2 | Jugement trop hâtif

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Quelques jours plus tard, je récolte des haricots verts dans mon potager en chantonnant, Loaf – étendu au soleil à quelques mètres de moi – dormant profondément. Il fait toujours ça lorsque je chante, à croire que ça le berce. Perdue dans mes pensées, je sursaute quand mes deux amis s'assoient sur la barrière en bois entourant mon jardin, plaisantant selon leur habitude.

— J'imagine que tu ne t'es nullement portée volontaire afin d'accompagner le prince Angü à la chasse demain ! m'interpelle Jonas.

Non mais quelle question, sérieusement !

— Mon cher Jonas, ta capacité de déduction logique m'épatera toujours ! répliqué-je, le toisant avec arrogance en me redressant.

Échangeant un regard complice avant de rire, le mien sonne faux puisque l'idée même de cette pratique me rend malade.

— Vous y allez, je présume ? supposé-je, les dévisageant soigneusement.

Les deux jeunes hommes se détournent, gênés, m'arrachant un soupir blasé.

— Hé ! Que je ne partage pas cette conviction ne veut aucunement dire que je vous juge, vous le savez très bien.

Je me lève pour les rejoindre, forçant un sourire.

— Soyez respectueux...

— Ne maltraitez pas votre proie, me coupe Jonas, se retenant difficilement de lever les yeux au ciel.

— Achevez-la rapidement et proprement, poursuit Olios.

Depuis le temps, ils connaissent ma litanie sur le bout des doigts. Mon estomac se nouant à l'évocation de toute cette violence, Loaf dépose son museau dans ma paume, comme pour me réconforter.

Comment fais-tu pour toujours savoir comment je vais ?

Je glisse lentement mes doigts dans son épaisse fourrure grise, me sentant aussitôt apaisée.

Merci, mon très cher ami.

— Nous connaissons la leçon, Elora, rappelle Olios, m'observant avec circonspection.

Je le sais... et... tant mieux.

Ne pouvant m'empêcher de me crisper, je retiens mal un soupir en pensant aux animaux de la forêt qui vont encore tomber sous le coup des armes de mes semblables. De mes amis.

— Je sais que vous êtes des hommes de confiance, exhalé-je, m'obligeant à faire bonne figure.

Jamais vous ne ferez souffrir une bête inutilement, je vous aime tellement pour ça.

Jonas prend une longue inspiration, m'adressant une moue affectueuse.

— Allez, viens nous faire un câlin.

Me réfugiant aussitôt entre leurs bras, je m'y blottis quelques instants.

Je vous adore. Et ne vous en voudrait jamais d'être différents de moi.

Finalement, je me recule afin d'aller ramasser mon panier.

— Tu as fini ? On va s'entraîner au terrain ? propose Olios.

Je hoche vigoureusement la tête pour répondre par l'affirmative.

— Laissez-moi déposer ça dans la cuisine, j'arrive.

Lorsque la forêt chanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant