– Eh, oh, vous pourriez faire attention, s'il vous plaît. Vous n'êtes pas seule sur terre.

J'atteins mon train, enfin, j'espère, et grimpe dedans. Bien sûr, je ne suis pas montée au bon repère, il faut donc que je retraverse le train en sens inverse.

Bonjour la galère  !

Che casino  ! (1) 

J'atteins enfin mon siège et je m'effondre, épuisée. Sauf que, une fois assise, j'ai le sentiment d'avoir oublié quelque chose, quelque chose d'important. Le chat est là, ma valise aussi mais...

– Ma veste  !

Je regarde par la fenêtre, tentant d'apercevoir mon banc, en vain. Je descends par la porte la plus près et la cherche à travers la foule un peu moins dense. Elle est bien posée sur le banc, à m'attendre. Heureusement, personne ne l'a encore embarquée  ! Je file donc la récupérer avant que le train ne démarre sans moi, et reviens m'effondrer dans mon siège, à bout de souffle. C'était moins une  ! Cependant, Fripon me fait bien comprendre que cette erreur va me coûter sa toute relative sympathie. Il me crache dessus et me montre son arrière-train.

Je sais que j'ai une bonne étoile au-dessus de la tête, sinon je crois que depuis longtemps j'aurais fini en prison, à l'hôpital ou Dieu sait où, ligotée et bâillonnée, pour m'empêcher de faire une bêtise supplémentaire et aggraver mon cas.

La spécialiste des gaffes, c'est moi  !

C'est sur ces réflexions que je relève la tête de mes sacs et que je croise le regard du mec de tout à l'heure, celui sur lequel j'ai renversé le café.

Oh, oh  !

Cela dit, il n'a plus sa chemise de tout à l'heure ; celle-ci est parfaitement blanche. Il a dû aller se changer après avoir filé sans écouter mes sincères excuses. Malgré mon énervement, je suis troublée de l'avoir si près de moi. Une petite table nous sépare mais c'est comme si je me tenais à côté de lui, que je pouvais poser ma main sur son torse et sentir se dessiner chaque muscle ferme. Des pensées pour le moins défendues assaillent mon esprit. J'ai envie de m'approcher de lui et de poser mes lèvres sur ce corps divin. Non  ! Il faut que je range ma langue, un peu de tenue  !

Lui, en revanche, n'a pas l'air ravi de me voir parce que ses lèvres forment une ligne mince et serrée alors qu'elles paraissent bien charnues. Je baisse la tête pour ne pas croiser ce regard courroucé mais, grossière erreur, parce que je retombe sur son torse parfait  !

Les tablettes de chocolat, ça se voit même sous cette chemise blanche... Si je pouvais la lui enlever, je suis sûre que je verrais le grand V qui descend jusque sous sa ceinture de pantalon, et donc dans le boxer qu'il doit porter. Et cette barbe... Un vrai fantasme. Je veux la toucher, la sentir contre ma joue, entre mes cuisses. La chaleur monte en moi malgré mon envie de déguerpir. Il réveille en moi des sentiments troublants que je pensais éteints jusqu'à maintenant. Si seulement on se trouvait dans un lit...

– Respire, Mila.

Le mec me regarde bizarrement. Je détourne vite le regard avant que mes joues ne deviennent encore plus rouge écarlate devant lui, ce n'est pas le moment de me ridiculiser une fois de plus. J'attrape mon téléphone dans mon sac et envoie un message à ma meilleure amie, qui m'attend de l'autre côté de l'océan Atlantique. Les meilleures amies sont toujours de bon conseil en matière de mec  ! Surtout après mon récent échec.


[Je n'ai pas raté mon train mais c'était moins une  !]


Miss Catastrophe vs Mister Control [Publié Aux Éditions Addictives]Where stories live. Discover now