𝑝𝑎𝑟𝑓𝑢𝑚 𝑝𝑎𝑛𝑖𝑞𝑢𝑒

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Encore une soirée de merde.
Minuit est déjà passé et je ne suis toujours pas bourré. Pourtant, ce n'est pas faute de jongler entre plusieurs boissons que je m'enfile à vitesse grand V.

On croirait que tout le quartier s'est réuni dans cette petite maison. En outre, à qui appartient-elle ? L'ami d'une amie connaît le frère du propriétaire. J'imagine que c'est comme ça que je me suis retrouvé dans ce merdier. Nous sommes tous serrés telles des sardines, fais chier ! Moi qui ai sorti ma nouvelle paire de baskets blanches pour l'occasion, et maintenant elles sont bonnes pour le lavage.

Mon université entière est là, je reconnais chaque visage généralement si sage que je croise dans les couloirs pendant la semaine. Mais ce soir, ils ressemblent à de la débauche, loin des méthodes académiques auxquelles je suis habitué. Ici, les peaux sont plus nombreuses que les vêtements. J'ai l'impression de les surprendre dans leur intimité.

Je crois que je devrais me barrer. Il le faudrait, avant que quelqu'un décide de me briser. Ce n'est pas comme ça que finit le loser de l'école qui va à une fête ? Je suis le cliché idéal du laissé-pour-compte, avec une bonne dose de caractère.

Ouais, je dois sortir d'ici avant que je ne sois atteint d'un cancer du poumon en respirant toutes sortes de fumée. Naturellement, aucune fenêtre n'a été ouverte. Je me précipite jusqu'à la porte d'entrée, ce Saint Graal qui me permettra d'inhaler de l'oxygène.

Un corps me percute et m'arrête dans ma lancée.

Mon verre que je n'ai pas vidé, ma chemise à carreaux. Vous voyez le rapprochement ?

Génial, il ne manquait plus que ça pour clôturer cette soirée à chier ! D'innombrables jurons veulent s'échapper de mes lèvres, mais sans même prendre connaissance du maladroit, j'en reconnais son parfum.

Une odeur que je continue à traquer dans les halls de mon université, jusqu'à même m'inscrire dans les mêmes cours que lui. J'ai un faible pour un garçon qui aime tout ce qui me fait défaut : la féminité. Il est comme une célébrité dont je suis fan ; je suis conscient de son existence pendant que je suis seulement un fantôme à ses yeux.

« Merde ! Je suis désolé ! Je n'ai pas voulu te bousculer.
— C'est bon, je réponds sèchement. »

J'ai les mains moites, il tente de rattraper sa catastrophe en balayant ma chemise trempée de sa main. Qu'est-ce qu'il croit ? Qu'il va réussir à aspirer l'eau ? Bordel, j'ai les nerfs qui vont imploser.

Il est tellement gentil, ça m'énerve.
Il vient de prendre connaissance de mon existence, ça m'effraie.
Il enivre mon aura de son parfum, ça m'attendrit.

J'ai la fâcheuse tendance à être le grognon de service, c'est peut-être la raison de ma solitude. Il a l'air mal à l'aise, il doit se dire que si mes joues sont rouges, c'est parce qu'elles sont fouettées par la colère.

Non, tu m'intimides.
Et tu me dois une chemise.

« Tu n'es donc jamais vulgaire ? s'étonne-t-il.
— Vous êtes prié de fermer votre grand clapet sous peine de vous prendre mon poing dans votre jolie gueule. »

Mais qu'est-ce que je raconte ?

Parfum panique, c'est ainsi que je vais le renommer.

Ses lèvres portent un sourire charmant. Le voir si proche me désarme, je veux presque verser une larme, le toucher, juste pour être sûr qu'il est réel.

« J'ai une jolie gueule ? me demande-t-il.
— Tu as surtout un grand clapet. »

Parfum menteur échange un sourire avec Parfum panique,
la soirée est finalement renversante,
tout comme mon verre.

Le costume des sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant