Last of the World | Tome 1

25 : Jules

— Et merde.

Noah s'approche des deux filles, s'accroupissant à côté d'elles. Il soulève Juliette avec une facilité déconcertante et quitte la pièce. Après quelques longues secondes, la télé s'éteint enfin.

Eden finit par se relever, essuyant une larme qui menace de couler. Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'elle a ?

Myles semble avoir remarqué lui aussi, il la retient par le bras alors qu'elle s'apprête à passer la porte et lui chuchote quelque chose à l'oreille. Elle hoche doucement la tête et les deux partent, me laissant seul avec Liv. Je ne suis pas très à l'aise avec elle, à vrai dire, je crois même ne lui avoir jamais directement adressé la parole.

Heureusement, elle ne reste pas longtemps elle non plus et file vers la cuisine.

Je suis encore étonné d'avoir vu Noah agir de la sorte. Je me demande pourquoi Juliette était dans cet état, qu'est-ce qui a bien pu la chambouler à ce point dans ce qu'on a vu ? Et Eden, pourquoi a-t-elle failli pleurer elle aussi ?

Las de tous ces questionnements, je remonte pour à nouveau rejoindre ce que j'appelle désormais « ma chambre ».

À table, le sujet du mystère de la télévision refait surface. Évidemment, tout le monde se demande ce qui a bien pu se passer.

— La question est ; comment ou qui a bien pu allumer la télévision alors que nous n'avons aucun moyen de le faire ? demande Noah.

— Et pourquoi ces informations passaient-elles maintenant ? On aurait dit un journal, peut-être que c'était avant que l'on se retrouve ici ? Peut-être que les choses ont dégénéré, que les malades se sont multipliés et que certains se sont transformés en ces monstres ? On ne connaît pas les effets de la maladie, peut-être qu'ils sont tous morts et qu'il n'est resté que quelques survivants, dont nous ? ajoute Myles.

— Et donc il y aurait peut-être d'autres survivants dehors. Mais la question n'est toujours pas résolue, le plus important pour le moment c'est de découvrir comment cette télévision s'est mise en marche, déclare Eden.

Juliette, d'habitude si bavarde, reste silencieuse en triturant la nourriture dans son assiette. Elle a l'air de s'être calmée, mais n'est toujours pas comme à son habitude, joyeuse et enjouée.

— Ce n'était aucun de nous, je ne vois vraiment pas ce qui a pu se passer, reprend Liv. Vous croyez que...

Elle s'interrompt.

— Que quoi ? interroge Noah.

— Que... Juliette... que Juliette a raison ?

La principale intéressée lâche sa fourchette qui retombe dans son assiette dans un tintement sonore. Elle relève des yeux apeurés vers Liv.

— N-non, vous ne pouvez pas dire ça ! s'exclame cette dernière.

— Pourquoi ? Tu nous avais bien dit que c'était bizarre, qu'on devait se méfier. D'abord cette boîte qui change de couleur comme par magie, ensuite Eden qui fait des rêves prémonitoires et maintenant la télé qui s'allume toute seule ! Ce n'est pas facile pour moi d'avouer que j'ai eu tort alors si tu pouvais y mettre un peu du tien Juliette ! reprend Liv.

— Juliette il vaut mieux que tu ailles te reposer. Tu as fini ? demande Eden, voyant que la discussion qui s'apprête à suivre pourrait encore une fois faire perdre le contrôle à la plus jeune.

Juliette acquiesce et se lève pour suivre Eden. Les deux montent à l'étage et c'est le silence jusqu'à ce qu'Eden redescende.

— Liv, je sais que tu veux bien faire en disant ces choses, mais je ne suis pas sûr que Juliette le prenne bien, explique Myles.

Liv se renfrogne en croisant ses bras contre sa poitrine.

— Jules, qu'est-ce que tu penses de tout ça ? demande la voix douce d'Eden.

Je relève les yeux, surpris. D'aussi loin que je me souvienne, on ne m'a jamais demandé mon avis, même en ce qui concerne ma propre vie...

Je me contente de hausser les épaules. Je ne sais pas quoi penser moi non plus, et penser me fait trop mal à la tête. Je préfère ne pas réfléchir à cette situation qui prend une tournure différente chaque jour.

— Nous venons vous chercher !

Nous sursautons à l'unisson.

— C'est une blague ? Qui a dit ça !? s'écrit Liv.

— Putain Noah c'est pas drôle ! s'exclame à son tour Eden.

— Quoi ?! Mais j'ai rien fait moi !

— C'était une voix d'homme, je suis pas folle ! C'est toi espèce d'imbécile !

— Je te dis que j'ai rien fait, je n'ai même pas ouvert la bouche !