Le Cœur d'une Guerrière (Livre traduit en français ; auteur @LeeTaemin316 )

Partie 2

     Alors que les vagues continuaient de ramener calmement les mystères de la mer vers le rivage, les cadavres gisant sur la plage n'étaient rien de plus qu'un petit résumé de la catastrophe survenue il y a quelques heures. Pendant que Lord Arthur errait parmi les cadavres à la recherche d'un survivant, l'odeur de la mort commençait lentement à se rependre. Les sombres lueurs de la nuit recouvraient les cadavres tandis que les murmures moroses des hommes du Lord Arthur se rependaient dans les airs.

     Lord Arthur regarda sans espoir les cadavres gisant sur le sable puis jeta un œil sur ses jeunes soldats. Ils étaient fatigués d'attendre et étaient à deux doigts de s'évanouir à force de sentir l'odeur de la mort. Ils devaient partir maintenant, mais la petite voix intérieure d'Arthur le poussait à aller voir l'homme qui était enveloppé dans des filets à côté des barils. Lord Arthur se dirigea calmement vers cet homme, il mit un genou à terre et l'éclaira de sa troche. Les hommes du Lord grognaient afin d'exprimer leur mécontentement face à l'intérêt d'Arthur pour cet homme. Mais Lord Arthur ignorait la contestation de ses hommes et il décidait d'examiner l'homme prit au piège dans les filets au lieu de partir maintenant.

     Malgré le visage déchiqueté et noyé par le sang, les lèvres de l'homme étaient craquelées. Il avait une respiration sifflante. Enthousiaste d'avoir trouvé un survivant Lord Arthur leva la main pour demander de l'aide mais l'homme étendu sur le sol attrapa la jambe du Lord. Dans un dernier effort il se hissa vers Arthur. Avant que l'homme ne passe de vie à trépas, Lord Arthur l'attrapa par les aisselles. Il prit le menton de l'homme et le tourna brusquement vers lui. L'homme avait un regard vide et faible. Il eut un rire méprisant envers le Lord et il parla d'une voix excessivement sifflante. À chaque mot qu'il prononçait un peu de sang sortait de sa bouche;

- Comprends-tu qu'il est trop tard pour moi ?

- Tu as encore quelques minutes de vie, vieillard, tu ferais mieux de commencer à parler avant de goûter à la lame froide de mon épée.

- Crois-moi, ça aurait été une mort bien plus paisible pour moi, mais ça ne sera pas aujourd'hui.

- Qui es-tu ? Que fais-tu sur ces terres ?

     L'homme se mit à trembler violemment, tomba sur ses avant-bras et cracha le sang qui s'était accumulé dans sa bouche. Il s'essuya la bouche avec sa manche et regarda le visage sévère du Lord Arthur qui s'était penché au sol avec lui. Il pensa qu'une personne ne devait pas voir un tel visage avant de mourir, mais il n'avait pas d'autre choix. Il mit sa main dans sa poche intérieure, calmement sans avoir l'air menaçant et sortit un petit cahier, le tendit à Lord Arthur et il dit :

- C'est une énorme armée. Vous ne pouvez pas faire face tout seul. Le créateur des mers m'en soit témoin, j'ai rempli ma part de la mission.

- Quelle armée ? De quoi parles-tu vieillard ?

- Il est trop tard pour moi. Sauve-le. Dis-lui de terminer la mission à tout prix.

- Qui ?!

     Avant que l'homme ne tombe complément au sol, il pointa le cahier du doigt puis plaça sa main sur le cœur du Lord Arthur. Les yeux de l'homme glissaient vers le haut signe que son âme fut libérée de son enveloppe charnelle. Sans perdre une minute Lord Arthur mit le cahier dans la poche secrète de sa ceinture et se releva. Il siffla bruyamment attirant l'attention de tous ses hommes et se tourna soudainement vers la mer. Il avait l'impression que quelqu'un les observait dans l'obscurité de la nuit. Tandis que son cœur battait la chamade, ses hommes le regardaient d'air curieux. Après s'être assuré que sa voix ne tremblerait pas, Lord Arthur parla sans quitter la mer des yeux :

- Vérifiez-les tous, s'ils respirent encore, emmenez-les immédiatement au château. Fouillez-les tous. Je veux que vous m'apportiez tout ce qui vous paraît suspect. Soyez rapide, nous n'avons pas de temps à perdre !

     Sur ordre de leur seigneur les hommes se ruaient sur les cadavres et commençaient à fouiller tous les corps allongés sur la plage. Quant à Lord Arthur, il se dirigea rapidement vers sa monture. Il devait retourner, immédiatement au château et faire un rapport au roi et à la reine. Il monta à cheval, jeta un dernier coup d'œil à ses hommes et se mit au galop en direction du château.

     Le roi Henry et la reine Anna, assis sur leur trône, discutaient nerveusement des problèmes de céréales avec les seigneurs. Pendant ce temps, Lord Arthur écoutait calmement, debout au fond de la grande salle. C'était une discussion tellement ennuyeuse que Lord Arthur craignait de s'endormir debout. Heureusement, son sauveur vint juste à temps. L'un des apprentis du médecin en chef Ackerley fait soudainement irruption dans la grande salle et attira l'attention de tout le monde. L'apprenti entra si imprudemment qu'il s'excusa à plusieurs reprises. Gêné, il tendit une lettre à Lord Arthur. Le Lord fronça les sourcils et dit :

- Tu ne pouvais pas attendre un peu pour me donner ça ?

- Je suis vraiment désolé mon seigneur mais on m'a demandé de vous remettre ceci.

     Lord Arthur regarda le roi et la reine pour demander la permission de prendre la lettre. La reine donna son accord en hochant légèrement la tête. Le roi Henry croisa les jambes et fit signe à tout le monde de sortir de la grande salle. Alors que les seigneurs quittaient rapidement la salle, Lord Arthur s'approchait du trône et brisait soigneusement le sceau. Il commençait à lire ce texte sans se douter qu'il en resterait bouche bée :

- Mon roi, ma reine, la lettre vient de Lord Ralcha. D'après ce qu'il a écrit, il a soudainement perdu la trace des déserteurs dans la forêt alors qu'il les suivait. Après des heures de poursuite, Lord Ralcha a subi plus de pertes que les soldats en fuite. Lord Ralcha a également trouvé un tissu vert dans la dernière partie de la forêt. Le tissu était couvert de sang et il y avait des traces de lutte sur un arbre et des traces de sang sur un autre.

- À ce moment-là, avant de prendre la fuite il devait y avoir autre chose qui les intéressait.

- Mon roi, Lord Ralcha a également mentionné des branches cassées et des traces de pas d'une personne qui ne portait pas d'amure. Donc qui n'est pas un soldat.

     Pensif, le roi Henry se frotta le menton. La famine conduisait-elle les villageois à chasser dans la forêt du nord en dépit de l'interdiction d'y pénétrer ? Du coin de l'œil il jeta un regard à sa reine et se rendit compte qu'elle était, elle aussi, plongée dans ses pensées. Lord Arthur continua de lire la lettre et fronça les sourcils. Au moment où il allait dire quelque chose, la reine Anna le devança :

- Je ne suis pas contente de cette situation Lord Arthur. Premièrement, un navire échoue sur nos terres et un homme parle d'une Grande armée et d'une mission ridicule. Deux jours plus tard, dans une auberge trois de nos soldats ont été humiliés par le peuple et maintenant ça ! À en juger par ce que Lord Ralcha a écrit, il y a actuellement une énorme menace dans nos terres du nord. L'une des routes commerciales les plus importantes passes par ces terres et il y a des bandits qui se cachent là-bas. Cela empire encore plus notre situation. Le peuple ne doit pas savoir que nous faisons face à la famine. S'il arrive quelque chose aux caravanes qui passent par la route du nord, nous ne pourrons pas nous en remettre.

- Je peux envoyer une unité militaire explorer la forêt, ma reine.

- Une seule équipe ne suffira pas. Ne vois-tu pas que même Lord Ralcha n'a rien pu faire et il a perdu des soldats. Alors, nous ne pouvons pas prendre le risque d'envoyer nos apprentis soldats à une mort certaine.

     Le roi prit lentement la main de sa reine et la porta à ses lèvres. Il voulait dire que tout se passerait bien, mais ce ne serait rien d'autre qu'un gros mensonge. Il regarda tristement Lord Arthur. Le Lord leur fit une révérence, tourna les talons et se dirigea vers la sortie. Les choses commençaient à prendre une mauvaise tournure. La reine avait raison, actuellement, les terres du nord étaient l'artère principale qui alimente le pays. S'il ne pouvait pas aller là-bas avec une unité militaire alors il irait comme une personne ordinaire. Avant de sortir de la grande salle, Lord Arthur regarda le roi et la reine par-dessus son épaule. La reine sanglotait tandis que le roi était agenouillé devant elle. En allant dans sa chambre, Lors Arthur disparut dans les couloirs sombres du château. Sur son trajet il pensa que les dirigeants ne devaient pas être aussi faibles.