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Tenant toujours ses  mains, Liam le fit s'asseoir à même le sol, et ils se retrouvèrent tous  deux face à face, assis sur un parquet plus poussiéreux que n'importe  quel squelette de classe de SVT. Liam souleva les mains moites  comprimées dans les siennes et les plaça sur son torse. Les paumes de Zayn reposaient désormais sur le poitrail du châtain qui n'avait pas osé  lâcher ses mains.

- Zee, appela Liam, utilisant un vieux surnom pour tenter de capter son attention. Tu vas suivre ma respiration, d'accord?

Le brun acquiesça,  tâchant de se concentrer sur son vis-à-vis et le cycle de son souffle. Liam accrocha son regard dans celui de Zayn dont les yeux s'échappaient,  incapables de se fixer où que ce soit dans cette situation d'angoisse. Le buste de Liam s'élargit alors, puis resta en position pendant  quelques secondes avant de s'abaisser doucement alors qu'il expirait  exagérément bruyamment. La technique se répéta une dizaine de fois et,  bien que cela ne suffit pas à tranquilliser le plus vieux, Liam sentit  qu'à partir de ce moment, l'état de Zayn ne pouvait que s'arranger.

Liam n'avait cependant  toujours aucune idée de quoi dire, mais il n'oubliait pas la situation. Son cerveau fonctionnait à toute vitesse pour trouver les bons mots. Soudain, le regard de Zayn croisa le sien, et il sut exactement ce qu'il  devait narrer.

- Tu te rappelles du  jour où on s'est rencontrés? amorça-t-il. C'était en primaire, l'année  du CM1, et je pense que j'oublierai jamais ce jour. Il faisait assez  beau pour qu'on soit dehors alors les professeurs nous ont laissé goûter  dans la cour. J'étais assis dans un coin sous le préau, comme toujours,  lorsque tu m'as approché. Au début, j'osais pas bouger, de peur que tu sois venu pour me taper.

Les épaules de Zayn  commençaient à se relâcher, et il ne frissonnait plus. Que ce soit grâce  à l'exercice de respiration ou à l'histoire, cela enjoignit Liam à  continuer.

- Cette année-là n'était  pas la pire que j'ai eue à vivre en terme de harcèlement, mais c'était  pas facile pour autant. Tous les soirs, le groupe de Herbert venait me  prendre mon goûter, et je me défendais jamais. En début d'année, j'avais  essayé de lutter ; mais je m'étais retrouvé à quatre contre un, et ils  m'ont tapé dessus. J'avais des bleus partout et en plus de la honte et  la douleur, j'ai du mentir à ma mère au sujet de mon goûter, lui dire  que j'avais beaucoup aimé, alors que je n'en avais pas eu une miette. Après cet incident, j'essayais d'éviter les problèmes, mais cette bande  de cons continuait de m'embêter. Alors, quand je t'ai vu arriver pour la  première fois, j'ai cru que tu étais une de leurs recrues. Je sais pas  si tu t'en souviens, mais tu t'es assis à côté de moi, tu m'as tendu la  main et tu m'as souri. T'as donné ton nom et demandé le mien, et  j'étais...

- Je... intervint Zayn d'une voix quelque peu étranglée. Je m'en souviens.

Liam sourit, soulagé que Zayn arrive peu à peu à reprendre contrôle de lui-même. Il poursuivit donc son récit :

- J'étais persuadé que  tu passerais du garçon souriant et gentil à un imbécile qui joindrait  les connards qui me martyrisaient. Mais non, tu m'as juste proposé de  manger avec toi. Alors je t'ai rejoint et c'est devenu une habitude. Pendant plus d'un an et demi, on prenait notre goûter ensemble, et  parfois je rejoignais ta table à la cantine. T'as jamais parlé à Herbert  ou aucun de ses idiots de copains, et même si je crois pas que t'aurais  pu te battre contre eux, tu les as empêché de revenir m'embêter. Ils  avaient capté que j'avais un ami, un vrai, et ils m'ont à peu près  laissé tranquille le reste de l'année.

- A peu près? tiqua Zayn  qui ne connaissait pas cette partie de l'histoire. Son attention était  totalement tournée vers le châtain et sa panique semblait avoir été  dissoute sous la distraction que Liam fournissait.

- Ouais, vu qu'on n'était  pas dans la même classe, ils m'ont approché encore quelque fois pendant  que t'étais pas là. Du genre, me balancer des insultes, me faire tomber  devant toute la classe ou des choses du genre.

- Les enfoirés, grinça Zayn entre ses dents.

- Mais c'est pas grave, c'est du passé maintenant. Et puis, t'étais là pour moi, c'est ce qui compte, non?

- J'imagine.

- Enfin bref. Tout ce  que je sais, c'est que la première image que j'ai eue de toi, c'était un  sourire et une gentillesse naturelle. Puis on est devenus amis, j'ai  rencontré Louis, puis ta famille, et j'ai compris d'où tu tenais ta bienveillance.

Zayn sourit doucement,  nettement plus apaisé qu'avant le début du discours de Liam. Celui-ci  avait réussi à dissiper son anxiété, chose qu'il n'avait jamais eu à  expérimenter avant cela. Liam lui rendit son sourire puis se leva,  enjoignant le brun à faire de même. Tenant toujours les mains de Zayn  dans les siennes, il l'approcha de lui afin de l'étreindre. Le plus  vieux se laissa faire, désireux de profiter du confort que lui apportait  le châtain.

Zayn n'aurait su dire combien de temps ils avaient passé enlacés avant qu'il ne prenne une grande respiration et rompe nerveusement le silence :

- Liam?

- Hmm?

- J'ai quitté Gigi.

- Tu as quoi? demanda Liam, les yeux écarquillés, s'écartant de Zayn pour le dévisager.

- J'ai quitté Gigi, répéta-t-il. Hier soir.

- Mais pourquoi? Le ton interloqué de Liam fit pouffer le plus vieux.

- Je me posais des  questions sur ce que je ressentais pour elle depuis quelques temps. Hier, j'ai réalisé qu'au final, je la considérais comme une amie.

- C'était pas un peu soudain? Je veux dire, vous aviez l'air bien pendant le reste des vacances, et là...

- En vérité ça allait  pas tant que ça, on a failli se séparer il y a quelques mois. On a persévéré mais je crois qu'on a tous les deux  compris que c'était peine perdue. Et j'ai appris récemment que la  personne qui m'intéresse vraiment était libre, alors...

Liam se raidit et recula  presque imperceptiblement. Il ne s'était pas attendu à ce que Zayn aie  déjà quelqu'un en tête, pas même une journée après sa rupture. Il se  racla la gorge et tenta de paraître heureux pour lui :

- C'est, hum, cool, prononça Liam avec un faux sourire qui n'aurait trompé personne.

NIGHT CHANGES [ziam]Where stories live. Discover now