NIGHT CHANGES [ziam]

5

  Réfrénant un soupir d'appréhension, Liam passa devant pour montrer la voie. Il n'avait aucune idée d'où lui venait cette nouvelle bravoure mais il était bien décidé à en profiter avant qu'elle ne s'évapore. Louis et Niall le suivirent bien vite, laissant Zayn avec Harry, lequel avait sûrement l'intention de questionner le brun... qui avait sûrement l'intention de ne pas répondre.

  - Dis, Payno, commença Louis en se rapprochant de Liam. Est-ce que tu penses que-

  - Bouge, Tommo. C'est pas parce que j'ai décidé de continuer l'exploration que je vous ai pardonné.

  Niall retint un ricanement impressionné, parce qu'à sa connaissance Liam n'avait jamais été aussi hostile avec Louis qu'à ce moment-là. En effet, lorsqu'il était entré dans la bande, les deux étaient déjà amis de longue date. Le blond ne les avait jamais connu à se prendre la tête douze fois par heure sans réelle raison. Zayn, en revanche, avait connu cette période. Il en était même la cause, puisqu'il les avait présentés l'un à l'autre. Le brun s'approcha alors pour défendre son meilleur ami. Sa dispute avec Gigi lui avait valu d'avoir les nerfs à fleur de peau, et il n'était pas d'humeur à rire face à l'agacement inhabituel de Liam.

  - Eh, commença-t-il en posant une main sur l'épaule de Liam pour qu'il se retourne. Redescends un peu, Liam, t'as aucun droit de parler à Louis comme ça.

  - C'est rien, Zayn, t'en mêle pas.

  - Si c'est quelque chose Lou, et je m'en mêle parce que Liam est injuste là.

  - Je te demande pardon? gronda Liam. Écoute Louis et t'en mêle pas, ça vaut mieux.

  - C'est pas le moment de me faire chier, Liam, crois-moi.

  - Tu vois, je viens de passer l'une des pires matinées de ma vie. Je me suis tapé la honte devant vous tous, notamment la personne dont l'opinion compte le plus pour moi, je suis passé par une dizaine d'émotions différentes en à peine une heure, j'ai senti mon cœur s'arrêter de battre au moins six fois parce que j'ai cru qu'on allait crever ici, j'ai pété un câble et fondu en larmes devant les autres, et j'essaie de l'oublier mais mon pied me fait super mal parce que j'ai tellement mal géré toute cette merde que j'ai tapé dans une marche en pierre brute. Alors, celui à pas faire chier maintenant, c'est moi, ok?

  Durant sa tirade, Liam s'était rapproché de Zayn au maximum, sûrement pour donner plus de poids à ses paroles. Ses yeux étaient au niveau de ceux de Zayn, qui soutenait son regard avec la même hargne que ceux de son vis-à-vis. Ils ne se touchaient pas, mais étaient assez proches pour se faire un câlin si l'envie leur prenait. Louis aurait certainement préféré regarder ses amis s'enlacer plutôt que voir la scène qui se déroula comme au ralenti devant ses yeux : Zayn qui grinçait un "va te faire foutre" entre ses dents, le regard de Liam qui s'assombrissait, ses mains qui poussaient violemment la poitrine du brun, Zayn qui paraissait prêt à en découdre et Niall et Harry qui tentaient de les retenir tous les deux. Cette journée était vraiment une catastrophe.

  Après s'être assurés qu'ils ne se sauteraient pas dessus de quelque façon que ce soit, Harry et Niall relâchèrent Zayn et Liam.

  - Zayn, passe devant avec Niall pendant que je reste derrière avec Liam. Je veux plus vous voir à côté l'un de l'autre mais il est pas question qu'on se sépare.

  Tous acquiescèrent plus ou moins à la décision d'Harry et se mirent en route, plus silencieux que jamais. Après quelques minutes d'exploration tendues par l'appréhension pour certains et par l'inconfort pour d'autres, Niall dût retenir un cri en ouvrant une porte. Les autres accoururent et leurs yeux s'écarquillèrent, le sang se glaça dans leurs veines et ils se raidirent. Plus qu'une pièce en bazar, face à eux était une chambre sens dessus-dessous. Mais le pire dans tout ça, c'est qu'elle avait assurément servi quelques jours auparavant.

  - Oh pu... commença Louis, réellement effrayé pour la première fois de la journée.

  Et il y avait de quoi : bien que les meubles et la décoration semblaient s'accorder à l'époque de la maison, la chambre n'était pas totalement restée au vingtième siècle. Les couvertures du lit simple qui prenait une bonne partie de la pièce étaient rabattues, et l'oreiller jauni par le temps ou le manque de lavages, Niall n'en était pas certain, était tordu de la même façon que l'était le sien après chaque réveil. La moquette qui avait autrefois dût être dans un joli ton rose était délavée par endroits plus que par d'autres, formant de grandes taches circulaires ça et là. La vieille armoire certainement construite directement à partir d'un arbre ne se fermait plus, et on pouvait y apercevoir, pendant, un vêtement que les garçons n'osaient identifier, de peur qu'il soit très récent. Peut être était-ce les traces de pas que Louis pensait identifier comme celles de baskets sur la moquette, ou bien la bouteille d'eau au pied du lit qui ne devait pas avoir plus de quelques semaines ; ou peut-être était ce le sac plastique duquel émanait des odeurs de sandwichs rassis. Toujours était-il que Louis avait peur, d'une angoisse primitive qu'il était bien incapable de réprimer. De la plus instinctive des façons, il s'élança dans le couloir pour s'éloigner de la mystérieuse chambre appartenant à deux époques. Et il fuit.

   Arrivé au bout du couloir, les seules issues étaient l'escalier dans son dos où les portes face à lui. N'écoutant que son besoin de s'échapper, Louis ouvrit la porte la plus proche et continua sa route encore plus loin dans cette maison inconnue. Pas une seconde il n'avait pensé, ni réfléchi. Il avait une certitude : danger, et une solution : fuite.

  Tout n'était qu'instinct et mouvement. Il se retrouva face à une volée d'une demi-douzaine de marches qu'il franchit sans hésitation, puis une nouvelle porte qu'il ouvrit avec plus de difficulté, car elle coinçait conséquemment. Enfin, dans cette pièce ronde, il s'arrêta. Tout s'était passé en une poignée de secondes et il n'avait aucune idée de l'endroit où il se trouvait. Pire, il n'avait aucune idée de l'endroit où se trouvaient ses amis.