Le costume des sentiments

𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑐𝑜𝑒𝑢𝑟 𝑑𝑒𝑠 𝑔𝑟𝑎𝑛𝑑𝑠

Tout ce que je ressens pour toi me paraît être une illusion. Je ne suis qu'un gosse amoureux d'un homme réel.

Car on ne prend pas les enfants au sérieux — parce que je ne suis pas pris au sérieux et peut-être est-ce pour ça que j'accumule tant de connaissances : afin de sembler plus vraie que jamais je ne pourrais l'être.

Et lorsque j'aurai ton âge, me prendra-t-on au sérieux comme toi ? Vais-je cesser de parler vite afin que l'on m'entende ? Vais-je arrêter de rêver que ton corps se couche sur le mien durant la nuit, au point d'avoir l'impression de te sentir contre ma peau ? Qu'est-ce que l'amour quand nous sommes adultes ?

Parce que je t'aime comme un gosse : je ne veux que toi, tout le temps. Prêt à faire des caprices, prêt à être égoïste et à pleurer jusqu'au hurlement.

Vas-tu me mettre au coin ? Et quand lèveras-tu la punition ? L'amour d'un adulte dure-t-il éternellement ?

Mon corps va se métamorphoser avec les années. Mon esprit accumulera d'autres connaissances, mais mon cœur lui, ne changera jamais lorsqu'il s'agit de toi : il n'accueillera que de l'amour. De plus en plus, chaque jour où je resongerais à quel point je pouvais te regarder avec mes yeux d'enfant insouciant, rabaissé à un état d'être si infime qu'il m'est impossible de penser que je puisse une seconde t'intéresser.

Parfois, j'ai l'impression que je ne grandirais jamais : que mon âme s'est bloquée à cette année où tu as bouleversé ma vie.

Puis tu es parti, puis tu m'as coupé tout espoir d'un jour devenir l'adulte que je veux être — auprès de toi.

Et j'ai réalisé à cet instant où ta voix a traversé le téléphone afin de me disloquer que, la seule chose qui grandira en moi et ne vieillira jamais, est l'amour que je te porte.

Malgré les gifles, malgré les aux revoirs.
Malgré les refus d'amitié que je t'offre et les regards glaciaux que tu m'adresses : il y a beaucoup plus de ta vie en moi que de la mienne.