Chapitre 61- Le calme avant la tempête

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— C'est exact ! avoue-t-elle. T'ai-je manqué ?

Kol restera silencieux. Il est évident qu'il n'apprécie pas qu'elle passe le plus clair de son temps en compagnie de Sophie et de Davina. Ils se fichent bien de ces sorcières comme du sort de la si célèbre Katherine Pierce.

Un sourire conquérant aux lèvres, Magellan l'abandonne dans cette atmosphère pesante.

À l'intérieur de ces mêmes murs, de nombreux grimoires recouvrent le parquet d'Elijah. Le teint de l'aîné des Mikaelson est blafard, sa chemise blanche froissée et sa cravate dénouée. Elle a beau être ce qu'elle est, Katherine n'en est pas moins reconnaissante des efforts du vampire Originel. Assise sur le bureau, tout près de lui, son regard bascule en direction de la fenêtre. Ce soir, la nuit est tombée si vite que, surprise, elle fronce les sourcils. Cependant, elle ne s'y attarde pas davantage. Son esprit songe au temps qu'il lui reste si l'aîné des Mikaelson ne trouve pas la solution pour la sauver. Mais au fond, quelque part en elle, elle ne se fait plus la moindre illusion.

Couchée au côté de son hybride, Caroline a le sourire aux lèvres. Tous les deux ont décidé qu'il était plus que temps pour eux de partir pour leur petit tour du monde. Désormais, tout est une question de jours. Alors qu'elle se penche pour l'embrasser des images du pieu en chêne blanc viennent envahir son esprit. Connaissant parfaitement ce que cette arme pourrait faire à celui qu'elle chérit, elle tressaille. Le visage de son meilleur apparait en guise de flash. L'inquiétude s'empare d'elle. Elle pensait en avoir terminé avec toutes ces visions. Visiblement, cela n'est pas le cas.

À l'autre bout de la ville, un homme brun observe son reflet dans le miroir. À l'aide d'un morceau de coton, il tamponne son arcade pour nettoyer le sang séché qui la recouvre. Un sourire traverse son visage lorsqu'il constate que la plaie est déjà en train de cicatriser. Après seulement quelques secondes, c'est comme si elle n'avait jamais existé.

Torse nu, il se dirige alors sur le balcon. Le vent anormalement froid caresse sa peau et offre un important contraste avec la température naturellement élevée de son corps. Ses mains sont posées sur la rambarde, son regard parfois déstabilisant balaye la nuit étrangement calme. Elle l'est d'ailleurs bien trop.

Quelque chose en lui le noue, il le sent... aux plus profonds de ses tripes. Quelque chose approche. De bien plus fort qu'il ne l'est. De bien plus fort qu'il ne le sera jamais.

Lorsque la main d'un vieil homme se pose sur la sienne, il sursaute.

— J'aimerais que tu quittes la ville, il lui demande sur un ton solennel.

Le plus jeune écoute attentivement la requête de l'autre. Cependant, écouter et abdiquer sont deux choses bien différentes.

— Et te laisser seul ici ! Tu plaisantes, j'espère !

— Chris, s'il te plait ! Fais ce que je demande !

Partir... il ne le veut pas, et cela même si cette ville n'a rien à lui offrir. Il en a déjà vu assez pour savoir que c'est bien le dernier endroit où il désirerait séjourner. La Nouvelle-Orléans est aux mains de monstres qui ont trop longtemps hanté ses nuits.

Alors pourquoi cette hésitation ?

Quelques minutes plus tard, un phare éclaire l'obscurité. Le bruit d'un moteur est au ralenti. Avant de rabattre la visière de son casque de moto, il ose lever les yeux une dernière fois en direction du balcon. Sam est toujours là, dans une position assez similaire à celle qu'il avait.

Après un mouvement de tête, Chris fait vrombir son monstre de métal tout en rejoignant la chaussée.

De retour à la demeure des Mikaelsons, Rebekah et Stefan, s'embrassent. Tous les deux cherchent à faire renaitre cette petite étincelle. La main du Salvatore glisse sous le tissu de la robe de Rebekah lorsque celle-ci se tend.

Un sentiment étrange traverse son cœur. Une sensation qui lui devient impossible à ignorer. Elle n'est plus concentrée sur ce qu'ils font.

Sans comprendre pourquoi, elle le repousse et court en direction des escaliers. Elle ne sait pas où elle se rend mais ses jambes, elles, semblent connaitre la réponse. Une fois arrivée au beau milieu de la cour, la blonde Originelle observe l'imposante et majestueuse grille en fer.

Magellan, qui vient d'entrer en profite pour la saluer.

— Mon Dieu, il fait un froid de canard aujourd'hui !

La sorcière n'aura pas de réponse.

N'écoutant que son instinct, Rebekah quitte le QG pour se retrouver au beau milieu de la chaussée. Son regard observe la nuit atrocement sombre. Ce soir, aucune étoile ne brille comme si le ciel tout entier s'était fait engloutir par les ténèbres.

Alertée par le ronronnement d'un moteur, ses iris se positionnent à l'horizontale. Au loin, elle perçoit sans mal le motard responsable de tout ce tapage.

Des fourmillements sont en train de naitre de son échine jusqu'à la pointe de ses orteils. Ses yeux s'écarquillent quand elle prend conscience qu'il ne ralentit pas. C'est d'ailleurs tout le contraire.

Arquant un sourcil, elle reste statique jusqu'à ce que, petit à petit, ce magnétisme qui n'a de cesse de la perturber se fasse à nouveau ressentir.

Rebekah en est sûr, il ne peut s'agir que de LUI.

Le monstre de métal lancé maintenant à toute bourre avale le bitume férocement.

— S'il te plait, arrête ça ! marmonne la blonde.

Pour son plus grand malheur, il ne semble pas vouloir se stopper ni dévier de sa trajectoire. Pour lui, elle n'est rien d'autre qu'une vermine.

Il lui serait tellement facile de s'écarter et pourtant Rebekah Mikaelson a pris la décision de ne pas le faire. À chaque rencontre, il l'a déjà bien trop malmené. Les intentions du jeune homme sont-elles réellement mauvaises ou cherche-t-il à l'effrayer afin de la tenir à distance ?

Rebekah l'ignore mais c'est le seul moyen qu'elle a trouvé pour répondre à cette interrogation. Au fond, elle ne risque rien que sa nature vampirique ne puisse être réparer. Si Chris la percute avec sa moto, elle s'en remettra.

Du moins, physiquement...

S'attendant à la collision, les paupières de la blonde se ferment. Le choc n'aura finalement jamais lieu. Chris a choisi de zigzaguer à la dernière seconde.

Il a hésité, elle le sait. Il s'est manqué de peu. De très peu. Il est passé si prêt qu'elle a senti toute la chaleur du pot d'échappement.

Elle a cherché à le tester. Elle vient de remporter la première manche. Pourtant, elle n'arrive pas à laisser libre cours à son soulagement. Le sac qu'il portait sur le dos l'inquiète. Serait-il en train de quitter la ville ?

Sans pouvoir s'en empêcher, elle l'observe s'éloignant de plus en plus jusqu'à disparaitre totalement.

Niché au creux de sa poitrine, son cœur se serre. Il est parti et elle, elle reste là dans la nuit noire sentant l'obscurité des ténèbres lécher sa peau.

Entre rêves et réalitéWhere stories live. Discover now