Fuego

Chapitre 3 : l'identité du corps

La figure qui ressemblait vaguement à un corps sous la couverture blanche fût emporté à l'hôpital. Ils allaient essayer de l'identifier.

Nyjad écrit des centaines de messages sur le groupe des QLF.

"Il y a des bouchons, on essaie de venir au plus vite mais c'est impossible là ! Est ce que Fabien va bien ? Répondez-moi !"

Victor, qui a le sang froid, attrapa son téléphone pendant que tous les autres étaient happés par la maison en feu. Il regarda Fabien, son ami de toujours qui se trouvait bien là, vivant. Il répond à Nyjad la seconde d'après.

"Fabien va bien mais un corps carbonisé a été retrouvé chez lui. Ils vont l'identifier."

3 QLF manquaient à cet instant là. Mais au final quelques temps plus tard ils étaient tous là. Les 9 étaient au même endroit.

L'odeur devenait insupportable pour chacun d'entre eux. Mais surtout pour Fabien.

Ses mains tremblaient. Le feu a mangé, et ce n'était pas lui a avoir été dévoré.

***

Cela fait une bonne semaine. Fabien vivait chez Victor le temps de savoir ce qu'il allait maintenant faire. Et sans vous mentir, il n'en savait toujours rien.

Une semaine s'était écoulé après l'incendie, et il n'était toujours pas retourné au boulot. Le commissariat lui manquait, mais il avait besoin de prendre un peu de distance. Il passait ses journées à jouer avec les enfants de Victor. Ses mômes, il les trouvait trop drôles.

Une semaine et aucun QLF n'a réécrit dans le groupe. Cet incident les avait plus éloigné que jamais ils ne l'avaient été.

Une semaine. L'identification du corps avait été faite. Ils ont appelé Fabien aujourd'hui pour qu'il vienne. Ils allaient lui annoncer qui était cette personne.

Fabien prit son courage à deux mains, et brisa le silence des QLF.

"Je vais à l'hôpital pour qu'il m'annonce qui était le corps, ils l'ont déjà annoncé à sa famille à ce qu'il parait. Ça vous dit qu'on se retrouve en fin d'après midi au k ?"

Ghislain répondit à la seconde d'après, comme s'il attendait que quelqu'un écrive dans le groupe une bonne fois pour toute et que les QLF retrouvent enfin leurs habitudes.

"Oui, je serais là."

Vincent, un autre membre, répondit aussi très rapidement "ça marche".

Un lourd poids tomba. Mais ce n'était toujours pas fini.

***

Le médecin arriva, ils entrèrent dans un bureau. Tout était propre, et bien rangé. Ça contrastait énormément avec les scènes de feu qu'aperçoit Fabien encore de sa maison, cette force intouchable se propager sur les rideaux, sur les murs, partout. Sans qu'on ne puisse rien arrêter.

Cinq secondes. C'est le temps qu'à prit la maison pour être immaculé de feu. Fabien assez réceptif à réussit à s'en sortir avant que le feu ne lui coupe le chemin. L'idée qu'il était possible qu'il soit coincé à l'intérieur le hantait. Et s'il ne s'en était pas sorti ? Et s'il n'aurait fait qu'un avec le feu ?

- Alors je sais que ce n'est pas du tout joyeux ce que je vais vous annoncer.

- Allez droit au but.

Fabien était ferme. Il ne voulait pas être ici. Il n'avait pas envie d'être aimable ou respectueux. Il regrettait sa cigarette de l'autre jour, celle qui a faillit lui ôter sa vie mais a ôté celle de quelqu'un d'autre. Il ne toucha d'ailleurs même plus à son paquet après l'incident.

- D'après mes recherches vous connaissez cette personne. expliqua le médecin

Les mains de Fabien étaient moites et s'accrochaient à son siège. Il était prêt à savoir.

- Esma. dit brusquement le médecin.

- Quoi ?

- C'est Esma A..

Fabien n'écoutait plus. Ses mains serraient de plus en plus ses accoudoirs. Son coeur palpita. La première pensée qui lui traversa l'esprit était "je l'ai tué". Il se le répéta en boucle. En boucle et encore.

Le médecin parlait. Il n'entendait plus que sa voix dans la tête.

"C'est de ma faute"

Il se leva, fît un signe au docteur qui ne comprenait pas la situation, et se dirigea vers la sortie.

Il ne voulait pas en entendre plus. Il se répéta en boucle qu'il avait tué Esma le soir du nouvel an. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à savoir pourquoi elle était là. Peut-être pour lui faire une surprise ? C'était le nouvel an après tout, et les QLF savaient qu'il allait le fêter seul.

Les QLF étaient tous là ce soir du nouvel an. Oui, ils étaient tous là. Mais pour l'un d'entre eux il ne resta plus qu'un corps.

Au départ la voix dans sa tête s'arrêta. Puis il s'arrêta complètement. Il inspira très fort et chuchota.

- Mais comment je vais annoncer ça aux QLF ?

Il revoyait les scènes dans l'incendie. Il ressentait encore la chaleur du feu qui lui caressait la peau. "Mais qu'est ce que j'ai fais ?". Il posa ses mains sur son visage et hurla en plein milieu du parking de l'hôpital à s'en arracher les cordes vocales.

Après quelques instant, il monta dans sa voiture. Son coeur était serré, il avait l'estomac noué, la respiration saccadée. Il ne pouvait pas conduire. Il resta là à fixer un point vide, les poings serré sur ses genoux. Il essaya de retenir ses larmes, mais il n'y arriva pas.