Chapitre 17 : Carnage

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Cela faisait plusieurs heures que le groupe montait la garde. Les équipes chargées de poser les pieu pour dresser la palissade avaient commencé leur œuvre, et l'on entendait désormais les bûcherons et menuisiers s'affairer au creux du cratère. Pour assurer plus de sécurité aux équipes de travail, les groupes de gardes devaient désormais s'avancer vers les flanc du cratère pour repérer et freiner la menace. Les artilleurs quant à eux, totalement inutiles en cas d'escarmouche en forêt, gardaient la palissade en train d'être posée.

Haru sentait que sa respiration échappait à son contrôle tandis que le groupe s'enfonçait dans la jungle verdoyante qui bordait les flanc du volcan endormi. Derrière eux se trouvait le bruit rassurant des coups de hache dans le bois et de maillet sur les pieux. Mais devant eux, le silence absolu. L'inconnu. La mort. Haru se mit un instant à la place de Nitram, sans doute en train de participer à la fabrication de nouveaux pieux, ou à la pose de la palissade. Si eux, les gardes, venaient à faillir, ils condamnaient tous les autres. Bien que eux soient en première ligne, PERSONNE n'était en sécurité.

Un bruit retentit à proximité. Pas un craquement de branche habituel provoqué par le pas un peu hésitant d'un garde de l'escouade voisine. Pas non plus une bourrasque de vent dans les feuilles. Encore moins un bruit de hache ou de maillet. C'était à mi-chemin entre le sifflement d'un serpent et le grognement d'un loup. Suivi d'autres sons plus aigus.

Comme paralysé, le groupe cessa tout mouvement. Haru se demanda de quel genre de bête ce son pouvait provenir. Une douleur brusque le saisit à la poitrine. Un dard venait de lui transpercer le torse.

Un cri glaçant jaillit non loin de là. Bren avançait, dans son armure étincelante. Il se sentait curieusement rassuré par son équipement, sachant très bien que les armures n'avaient pas vraiment protégé ses prédécesseurs avant que la cité ne quitte le sol. Et pourtant, bien que l'habit ne fasse pas le moine. Bren sentait avec le poids de l'armure sur ses épaules, celui de sa responsabilité et du rôle qu'il endossait enfin avec elle. Et cela le rendait plus fort. Le groupe se figea en entendant le cris, avant que celui-ci ne soit suivi pas d'autres cris et bruits de combat venant de la droite du groupe.

"Il faut y aller! S'exclama Bren, sans plus aucune mesure de discrétion

-Nous devons garder ce poste! Répliqua l'officier en charge, sinon les monstres auront cet accès pour parvenir au camp!

-Si nous ne portons pas aide à l'escouade d'à côté, ils auront un autre passage rétorqua Bren en s'élançant. "

Une partie des gardes, approuvant sa logique, et souhaitant que l'on ait fait autant pour eux si leur escouade avait été attaquée, s'élança à sa suite sous le regard de l'officier qui ne sut que répondre.

Arrivant sur place, Bren découvrit les corps de nombreux gardes. Cependant, on entendait encore des bruits de combats derrière des fourrés. Bren reprit sa course, laissant les gardes médusés qui l'avaient suivi chercher les blessés parmi les corps de leurs compagnons.

Le jeune chevalier arriva en vue d'une chose hideuse qui semblait avoir pris le dessus sur un chevalier. Ce dernier parvenait tant bien que mal à repousser les assauts de la créature avec son bouclier, mais l'on sentait qu'il ne résisterait plus longtemps. Prenant son courage à deux mains, Bren s'élança vers la bête de dos en rugissant afin de détourner son attention de son frère d'armes. D'un coup de queue la bête riposta.

Le coup était rapide, puissant et précis, il visait le cou. Mais Bren avait pris soin de se forger des réflexes suivants les mêmes critères, et il dévia le coup du plat de son épée. Elle scintillait, et à sa plus grande fierté, son bras ne vacilla pas sous le choc. L'instant d'après, un coup de patte lacéra son armure en l'envoyant cogner un arbre. Le choc le sonna quelque peu, mais le combattant sut se relever à temps. La bête était désormais entre deux chevaliers, tournant sur elle-même. Les combattants se jaugèrent un instant avant que la créature ne s'attaque de nouveau au chevalier que Bren était venu aider. Coup de queue. Coup de griffe. Bren tenta la même approche, mais cette fois-ci, il parvint à déjouer l'attaque puissante portée de la patte par le monstre. Un bon de côté lui valu de se trouver à porté de la bête sans se retrouver projeté.

Le coup d'estoc qui suivit fut, pensa Bren, le plus beau qu'il n'eût jamais porté. Le coup blessa la bête qui sembla découvrir la douleur pour la première fois. Et ce que Bren apprécia le plus, fut de voir passer subrepticement dans ce regard prédateur, la lueur de la peur de mourir. Hélas, la bête contre attaqua et le bras armé de Bren tomba au sol. La douleur insoutenable lui valu de s'évanouir face au monstre fumant et sanglant.


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