Chapitre 24 : Le prix de l'humanité

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La bataille était finie. Les bêtes avaient été repoussées. Les plus fortes d'entre elles avaient péri et le survivants avaient détalé, sentant un instinct millénaire se réveiller au fond d'eux pour leur hurler de courir pour leur survie.

Un seul incident s'était produit, et il avait été rapidement maîtrisé. L'heure était venue de compter les morts.

Les chimères furent de nouveau conduites à l'abri des regards tandis que les premiers ouvriers s'attelaient déjà à construire une palissade. Tandis qu'une délégation était partie quérir les survivants de la cité voisine, le reste de la population s'attelait à soigner les blessés et recenser les survivants.

"Humainement c'est une catastrophe, stratégiquement, c'est notre plus belle victoire jusqu'ici, jamais nous n'avons atteint ce ratio entre le nombre d'ennemis abattus et nos pertes.

- Encore faudrait-il que nous soyons assez pour continuer à ce rythme. A qui profitera la victoire si nous sommes tous morts ?

- Et que faites-vous des espèces animales que nous avons préservées?

- Ce sont des espèces domestiquées depuis trop longtemps, incapable de survivre sans nous.

- Vous sous-estimez ces pauvres bêtes.

- Là n'est pas la question !"

...

A l'écart des autres navigateurs, Khalli n'entendait plus rien. Elle regardait ses mains, les yeux brouillés par les larmes. Elle avait eu le privilège de pouvoir voir les listes des pertes déjà confirmées. Haru, Bren, Aelis... Le monde autour d'elle s'était vidé, emportant dans un tourbillon de chaos ceux qui avaient tout fait en leur pouvoir pour sauver ceux qu'ils aimaient.

A l'écart des discours importants et des centres de décision, Khalli revoyait sa courte vie aux côtés de ses amis. Comment rattraper ce gâchis, cette vie perdue ? Comment donner un sens à leur sacrifice ? Comment leur rendre leur geste ? Comment les rendre heureux et fiers alors qu'ils ne sont plus là ? Nitram, Thibault et Anna lui apparurent alors.

Ce sont eux. Ceux qui me restent, je dois les aider, rester forte pour nous tous, c'est ce que les autres auraient voulu. 

S'enfermant dans ses pensées jusqu'à s'abstraire complètement du monde qui l'entourait, le jeune fille tenta de faire un point sur la situation:

Nous avons survécu. Nous avons une arme. Une arme monstrueuse, mais qui vient de prouver son efficacité. Malgré nos pertes, nous avons probablement gagné suffisamment de temps pour établir une défense qui tiendra. Nous avons sauvé la cité voisine. L'ennemi n'est plus une menace, au moins pour un temps. Pourrait-il y avoir une autre menace? Celle de l'ennemi est connue, hormis eux, il y a... nous. On peut être notre propre ennemi? Voyons, nos dirigeants ont du faire un choix inhumain, cela pour protéger le reste de l'humanité. Les monstres ne sont pas seulement ceux qui ont été transformés, mais aussi ceux qui ont décidé et opéré la transformation. Il va falloir qu'ils abdiquent, ou alors ils seront forcés. Même si c'est pour le service du peuple, personne ne peut diriger après avoir été forcé de prendre des décisions aussi monstrueuses. Le risque que l'on ne verra que trop tard c'est la guerre civile...

Loin de là, Thibault était assis sur une pierre. Scrutant l'horizon, une moue craintive barrait son visage. 

L'horizon... il m'a toujours fait rêvé. Il m'a toujours appelé, et j'ai toujours voulu répondre à son appel... Aujourd'hui, il m'effraie. Ce soleil couchant rouge... c'était le feu d'un foyer qui m'appelait au loin, sans cesse. Aujourd'hui ce n'est plus que le sang. Dégoulinant de la gueule cruelle de ce monde qui dévore ceux qui se trouvent sur son chemin. Destin cruel qui nous trompent, tu vole ce que tu as offert, et chaque don que tu prodigue n'est qu'un crochet que tu nous plante et sur lequel tu tireras sans hésiter pour nous faire basculer !  

Cytad'ailesWhere stories live. Discover now